The City of Your Final Destination

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

THE CITY OF YOUR FINAL DESTINATIONde James Ivory
Omar est un professeur dans une université prestigieuse, mais son poste ne tient qu'à un fil,ou plutôt à un livre. Une autobiographie de Jules Gound, mort il y a quelques temps, qui n'a écrit qu'un livre « la gondola ». seulement il vient de recevoir un refus de la famille de cet auteur. Tous vivent au fin fond de l'Uruguay, dans un immense domaine appelait Ocho rios. Poussé par sa compagne, qui voudrait bien faire parti du voyage, il décide d'aller convaincre ces gens.
Ce film est le dernier réalisé par James Ivory, à ce jour. Mais il ne s'est pas retiré de l'industrie du cinéma, je précise au cas où vous auriez vécu au fin fond de l’Alaska en début d'année, ou que vous auriez déjà oublié son scénario oscarisé, Call me by your name. les interviews qu'il a donné à cette occasion éclairent ce film d'une lueur nostalgique qui sied parfaitement à l'histoire. Pour ce premier et donc seul film qu'il réalisera après la mort de son partenaire qui était aussi son producteur Ismail Marchant, James Ivory décide d'adapter le roman éponyme de Peter Cameron; best seller traduit en douze langues, dont en français ou se titre si mystérieux et poétique est traduit par La Bas. comment vous exprimer mon désarroi?


Ce film, ne plaira pas à tout le monde, comme à peu près pour tous les films. Mais plus encore, il ne nous parlera pas de la même manière en fonction de ce que vous attendez de la vie, et de votre philosophie. Mais avant de appesantir un peu plus sur cet aspect subjectif, passons à ce qui est plus cartésien dans ce film.

D'abord la réalisation, tout nous parle d'art dans ce film. La composition de l'image est recherchée, étudiée. Les cadres sont pensés avec tellement de talents que certains peuvent les trouver lisses, alors que moi ils me renvoient vers des peintres. Ce sentiment étant renforcé par la passion de Caroline: reproduire des tableaux célèbres. Par exemple les couleurs, la fenêtre, l'éclairage voire parfois la manière dont Omar s'installe, nous ramènent directement au tableau de Norman Rockwell qui s'appellent WillieGillis in collège. L'ultime scène se passe à l'opéra , et les couleurs, les niveaux, tout semble sorti du tableau d'Edward Hopper SheridanTheatre. Et il y a plein de choses qui ramènent à son œuvre. Les verts des décors, leur camaïeu sont ceux que l'on peut voir dans pennsyvalnia coal town, les mêmes couleurs, les mêmes tons... ma culture ayant des failles larges comme le grand canyon, je suis certaine que d'autres en verront plus. Ce film a une beauté incroyable, qui revêt les aspects de simplicité. L'ambiance est rythmée par de la musique classique , pour être précise la musique choisie nimbe l'histoire, elle l'enlace et la porte à un autre niveau. Les dialogues sont délicats, et soit vous vont directement au cœur (ce qui est mon cas), soit ne vous parleront pas. De la même manière, j'ai lu que certains trouvaient ce film long, je n'ai pas vu passer les une heure cinquante qu'il couvre. J'ai eu le sentiment d’être grisée, emportée par sa temporalité, rien n'avait vraiment de prise sur moi.


Parlons un peu des acteurs, ils sont six principaux, et je parlerai de chacun. Charlotte Gainsbourg est Arden, la maman de la fille de Jules, sa maîtresse. Elle est parfaitement à son aise dedans, elle est à la fois le moineau tombé du nid, et la mère aimante, sans jamais paraître faible. 
Laura Linney est Caroline, mais elle est aussi l'incarnation du Glamour, de la femme du peintre. D'ailleurs ses habits, son port d'elle même, donne l'impression qu'elle sort d'un des tableaux. Puis son jeu est tellement parfait entre orgueil et blessure. Elle incarne celle qui n'est plus sous le charme de Ocho rios.Omar Metwally est omar... ça ne s'invente pas. Il est le biographe, mais aussi l'homme qui ne se reconnaît pas. L'acteur arrive à interpréter ce personnage en laissant transparaître son amour pour l'humanité, et une sorte de candeur. Alexandra Maria Lara est Deirdre. La compagne de Omar qui finira bien sure par le rejoindre en Uruguay. Elle est l'incarnation de la personne qui ne comprendra pas Ocho rios. Mais le scénario lui laisse quand même toute son humanité, sa réussite car l'essentiel est ailleurs. L'actrice est sublime, car elle arrive à intégrer dans son interprétation toute une raideur, un manque d'ouverture, et une douceur et un amour sincère pour Omar.

Anthony Hopkins est Adam le frère aîné de Jules.  je suis loin d'avoir vu tous les films de sa filmographie, mais j'ai été sa spectatrice quelque fois cependant. Et je ne l'ai jamais vu comme cela dans un film. Son jeu respire la douceur, l'amour. A aucun moment il ne convoque le monstre qui dévore de son aura à l'écran. Il joue juste, plein d'humanité, plein de douceur.Si on continue sur le sujet d'un acteur que vous n'avez jamais vu dans ce genre de rôle et qui est bouleversant,il faut convoquer Hiroyuki Sanada. Il est tellement loin de ses rôles habituels. J'ai envie de peu en dire sur lui pour que vous puissiez découvrir ce personnage. Il dévoile ses facettes toutes plus touchantes les unes que les autres au fil du film. Pour pouvoir tenir ce rôle, pour être ce «gars sure», et être un des personnages sur qui pèse peut être le plus le témoignage sociétal et celui d'une part de l'Histoire, et le faire avec une telle légèreté. Il faut dominer son art, et il le fait avec une facilité qui touche à la bienveillance.


Pour revenir à ce que je disais à propos du message du film, je dirai qu'il peut être différemment perçu en fonction de la personne qui le regarde. Mais que vous soyez séduit comme moi, ou que vous ne ressentiez pas ce que je ressens, ce long métrage n'est cependant pas clivant. Il est toujours dans le respect. Il parle aussi de ce qu'est l'accomplissement d'une personne, et ça pose des questions qui doivent avoir une résonance différente et des réponses personnalisées pour chacun de nous. A quel moment a-t'on réussi sa vie? Qu'est ce qu'on en attend? à quel moment sommes-nous heureux? Dans une ère de la start up, et des premiers de cordée, ce film est presque salutaire et nécessaire à nos vies en tout cas à la mienne.
Ce film n'est pas sorti en France à cause d'une histoire de sous entre anthonny hopkins et la boite de production. Et si je suis franche je ne suis pas sure qu'il aurait rencontré son public. Mais il est un film qui réchauffe les cœurs et fait du bien.