Le réalisateur Francis Veber, qui commença à se faire un nom à partir de son travail de scénariste sur "Le Grand Blond avec une Chaussure Noire" (1972) de Yves Robert, revient en adaptant sa propre pièce de théâtre (1993) qui voit le grand retour d'un certain François Pignon, un des deux noms fétiches avec François Perrin du cinéaste et qui lui sert régulièrement depuis qu'il a écrit "L'Emmerdeur" (1973) de Edouard Molinaro. Cette fois, ce nom qui est entré dans la culture populaire française, est porté par l'excellent Jacques Villeret qui le porta également pas moins de 600 fois sur les planches. D'ailleurs l'acteur est le seul du film à avoir repris son rôle, les autres ayant été changé pour l'adaptation cinéma. Aux côtés de Villeret on trouve donc Thierry Lhermitte, Daniel Prévost, Francis Huster, Catherine Frot et enfin Alexandra Vandernoot qui travailla déjà avec Veber sur "Le Jaguar" (1996)...
Le speech est simple, un groupe d'hommes nantis et se croyant supérieurs à leurs semblables organisent tous les mercredis soirs un diner où chacun se doit de venir avec un "con" pour une soirée moqueries et concours entre amis. Seulement voilà, le soir venu, l'un d'eux se retrouve coincé chez lui avec son "con" sans pouvoir aller au diner. Le "con" va vite s'avérer aussi très et trop serviable... Veber a écrit un film court de seulement 01h20 alors que la pièce faisait tout de même près de 02h. Les plus grandes modifications résident dans la modification de noms sur les personnages de Marlène Sasseur et du kiné Sorbier. Après un début plutôt sage qui permet de présenter les protagonistes le récit décolle et fuse jusqu'au bout dans un flot de dialogues merveilleusement écrits.
Une succession de répliques cultes ininterrompues pendant plus d'une heure qui place cette comédie parmi les rares qui ne laissent pas 3mn avant qu'un gag ne fasse mouche... Par exemple :
"- Il s'appelle Juste Leblanc. Ah bon il n'a pas de prénom ? - Je viens de vous le dire, Juste Leblanc... Votre prénom c'est François, c'est juste ? Eh bien lui c'est pareil, c'est Juste." "Vous faites peine à voir, on dirait un cheval qu'a râté une haie. On vous abattrait sur un champs de course." "Un con qui en moins d'une heure amène ta femme à l'adultère et toi au contrôle fiscal, c'est tout de même prodigieux !"Outre la qualité tout aussi prodigieuse des dialogues il faut saluer la mise en scène (jolie courte séquence d'un Daniel Prévot au volant de sa voiture), la direction d'acteur et le talent des interprètes (petit bémol pour Huster toujours aussi médiocre). La régularité des gags alliée à la succulence des dialogues font qu'on ne peut prendre une pause. Toutes les 3mn rire assuré ce qui justifie un succès mérité de plus de 9 millions d'entrées France et 3 Césars en prime pour Jacques Villeret, Daniel Prévôt et Francis Veber (scénario). Cette comédie est un chef d'oeuvre que Hollywood a perçu en signant un remake indigeste, "The Dinner" (2010) de Jay Roach avec Steve Carell et Paul Rudd.
