ALEX HUGO (Critique Episode Celle qui Pardonne) Un (quasi) sans fautes …

ALEX HUGO (Critique Episode Celle qui Pardonne) Un (quasi) sans fautes …ALEX HUGO (Critique Episode Celle qui Pardonne) Un (quasi) sans fautes …

SYNOPSIS: Parti pêcher en montagne, Alex Hugo assiste, impuissant, à l'enlèvement d'Audrey, 16 ans, alors qu'elle venait d'escalader une paroi. Il aperçoit un homme jeter l'adolescente dans le coffre d'une voiture avant de démarrer en trombe. L'alpiniste est la fille d'un ami d'Alex, mort en lui sauvant la vie il y a quelques années. Cette blessure et cette culpabilité sont ravivées par ce kidnapping. Tandis que la police commence l'enquête à Marseille, Alex Hugo se renseigne sur la personnalité d'Audrey. Il va découvrir quelque chose d'inquiétant...

Un sujet fort pour l'ultime épisode de cette saison, dont le scénario est signé par Ivan Piettre et Eric Eider : celui de la conversion des jeunes à l'Islam radical, qui fait grand bruit ces dernières années avec la multiplication des attentats revendiqués par Daesh un peu partout en Europe. Un sujet que l'on n'aurait probablement jamais imaginé voir traité dans une série telle qu' Alex Hugo, et pourtant... Il y trouve étonnamment sa place, traité avec une justesse remarquable, s'appuyant sur des vérités communément admises - telle que les cibles privilégiées des " recruteurs " se trouvent dans une situation d'isolement prononcé ou de détresse émotionnelle - soulignées par l'incompréhension presque fataliste des proches, qui n'ont rien vu venir. On y découvre avec un certain ahurissement les méthodes d'enrôlement - la propagande, les mensonges, les promesses surtout - et la promptitude qu'ont les nouveaux adeptes à se rallier corps et âme à la cause, au point de renier tout ce qu'ils ont pu être avant leur conversion. Les montagnes, impassibles, offrent un décor décalé à ce drame qui touche des gens simples, aux blessures familières, les murant dans une solitude propice au malheur.

Cet épisode est sans doute le plus révélateur de la nature profonde de son personnage emblématique, dont on découvre ici les meurtrissures les plus vives, les regrets sous-jacents liés à la paternité peut-être aussi, et la confirmation de son acharnement féroce à se battre jusqu'au bout, envers et contre tout, et tous. Ici, Alex Hugo ( Samuel Le Bihan) s'est juré de venir en aide à la fille d'un ami disparu dans des circonstances douloureuses, et envers laquelle il nourrit une culpabilité énorme. Audrey ( Nina Mazodier), que le deuil a isolée de ses proches, a vu une quelconque promesse de rédemption dans la conversion à l'Islam radical, et projette de partir en Syrie... A moins que l'on l'y force. Ou que l'on l'en empêche. De fil en aiguille, les premières constatations alarmistes se meuvent en un formidable message d'amour, et ce qui semblait être un kidnapping des plus sordides prend alors des allures de voyage initiatique à la recherche de soi... où qu'il se soit perdu en route. Dans la bouche du jeune Fadel (magnifique Yasin Houicha, vu dans Le Brio), les mots, d'une clairvoyance frappante, résonnent avec force et conviction, pleins de tendresse. A ses côtés, Samuel Le Bihan livre l'une de ses plus belles performances, révolté, passionné, déterminé, et toujours terriblement humain. Une composition qui donne tout son sens à son personnage jusqu'au-boutiste, résolu à préserver ce qu'il y a de bon chez autrui et, si nécessaire, à le faire (re)jaillir.

On pourra reprocher un poil de stéréotype chez les apprenties terroristes ( Leyla Jawad et Charlotte Bartocci), ou le jeu un peu trop fermé de Marilyne Canto, mais cet épisode est probablement le plus fort qu'a livré la série depuis ses débuts, pour le sujet complexe qu'il aborde à bras-le-corps, la tension palpable qui s'installe d'emblée, et le message fort qu'il délivre. On aura aussi le plaisir d'y retrouver ensemble la trop rare Anne Girouard et Lionnel Astier, dans un tout autre registre que Kaamelott cependant. Superbement écrit, Celle qui pardonne prend aux tripes et ne nous lâche plus jusqu'à la fin. Un (quasi) sans fautes !

Crédits: France 2