« Harakiri » est un film au nom évocateur, qui parlera sans doute à bien plus de personnes qu'on ne le croit et qui ne cache pas son sujet. Oui il sera bien question du suicide rituel que les samouraïs pratiquaient il y a près de cent cinquante ans. Une pratique qui était extrêmement codifiée, que cela soit par le choix de la tenue ou de la personne qui sera en charge d'abréger vos souffrances. Et par cet acte, la personne prouvait son honneur, sa fidélité ou encore la profondeur de ses convictions. Même si depuis l'ère Meiji, cela ne se pratique plus, cela aura profondément marqué comme bien des traditions liées aux samouraïs la société japonaise et notamment celle du Japon impérial. Une critique que l'on retrouve dans les films de nombreux cinéastes japonais, comme chez Akira Kurosawa par exemple, avec « Yojimbo » en 1962, ou encore avec « Harakiri » de Masaki Kobayashi ! Un cinéaste que je ne connais que depuis quelques mois, notamment après avoir découvert l'excellent « Kwaidan ». Il signe cette fois ci un film de sabre « chambara », tragique sur le poids des traditions.

Une fois le film fini, je peux dire qu'une chose, c'est qu'après « Kwaidan », j'ai pris une autre petite baffe avec « Harakiri » et surtout, Masaki Kobayashi est un cinéaste dont j'ai envie désormais de découvrir l'intégralité de sa filmographie. Ici le réalisateur est sur quelque chose de relativement plus conventionnel bien que d'une grande qualité. Ce n'est pas une anthologie, ni un film avec des revenants, mais bien un film de sabre (Un chambara), sous genre populaire du film d'époque japonais (jidai-geki) avec comme acteur principal, un certain Tatsuya Nakadai.
Pour adapter l'oeuvre de Yasuhiko Takiguchi, le réalisateur choisi comme scénariste l'illustre et talentueux Shinobu Hashimoto qui est l'un des scénaristes phares de Akira Kurosawa. Il a participé à un grand nombre de chef d'oeuvre, comme « Rashomon », « Les Sept Samouraïs » ou encore « La Forteresse Cachée » avant de travailler avec Masaki Kobayashi. Sur cette intrigue, on reconnaît aisément l'aisance de Hashimoto pour jongler avec différent points de vues, comme il avait pu le faire sur « Rashomon ». L'histoire alterne entre deux intrigues, celle de Hanshiro Tsugumo et celle de Motome Chijiwa, avec comme point d'orgue le moment où il s'agit pour les personnages de se faire « harakiri » ! Et sans vous dévoiler les nœuds de l'intrigue, tout cela est mené de façon très intelligente, avec un crescendo subtil et un questionnement constant sur la place des traditions dans la société japonaise, qui ne manque pas de souligner l'hypocrisie de ceux qui s'en font les plus fervents défenseurs.

Harakiri - 24 Juillet 1963 - Réalisé par Masaki Kobayashi