Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) de Jean Girault

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Film originel de la plus célèbre et populaire des sagas comiques du cinéma français sur une idée qu'on doit à Richard Balducci , alors attaché de presse de Jean Girault notamment sur "Pouic-Pouic" (1963) et futur réalisateur-scénariste de "On l'appelle Catastrophe" (1983) et "Le Facteur de Saint-Tropez" (1985). Balducci a eu l'idée après avoir fait une rencontre improbable avec des gendarmes de Saint-Tropez, lui inspirant ainsi l'idée d'une brigade composée de gendarmes faineants et incompétents. Connaissant Girault il lui expose le projet, les deux hommes co-signeront le scénario avec Jacques Vilfrid scénariste de "Le Triporteur" (1957) de Jacques Pinoteau et surtout de "Pouic-Pouic". L'un amenant à l'autre il est donc plutôt logique que les trois hommes ait proposé le premier rôle du Maréchal des Logis Chef Cruchot à Louis De Funès déjà héros de "Pouic-Pouic".

L'acteur se retrouve dans une brigade de comiques formée de Michel Galabru (Gerber), Christian Marin, Jean Lefebvre (l'inénarrable Fougasse) et le duo Grosso et Modo, la plupart ayant déjà tourné ensemble et qui ne se quitteront plus beaucoup par la suite... L'atout charme est dévolue à Geneviève Grad révélée dans "Le Capitaine Fracasse" (1961) de Pierre Gaspard-Huit. A leurs côtés on reconnaitra les expérimentés Maria Pacôme et Claude Piéplu, ainsi qu'un tout jeune Patrice Laffont... On suit donc le gendarme Cruchot qui se retrouve muté avec une promotion à Saint-Tropez. Très vite les membres de la brigade comprennent que leur quotidien balnéo va vite changer avec ce supérieur zèlé tandis que la fille Cruchot espère bien profiter du soleil de Saint-Tropez en pleine période Yé-Yé. Les gags évoluent au fil du récit et des rebondissements, ainsi dans la première partie l'humour repose sur le choc entre l'autorité de Cruchot et l'oisiveté des gendarmes sous le soleil, ensuite c'est le cache-cache avec les nudistes pour finir avec les quiproquos policiers autour du tableau volé. Mine de rien le scénario est assez dense, offre plusieurs niveaux de lecture notamment en plaçant au centre la relation entre l'ado et son papa gendarme célibataire. Le parfait équilibre entre ces différentes parties est pour beaucoup dans le succès du film. En prime un De Funès en forme, autant devant que derrière la caméra puisque sur ce film il prend l'habitude de collaborer au scénario lors du tournage, notamment ici c'est De Funès qui eut l'idée d'incorporer la nonne fofolle du volant devenu instantanément culte.

Il faut bien avouer pourtant que tous les gags ne sont pas tous aussi efficaces, que le personnage de la fille Cruchot interprétée par Geneviève Grad est imposée comme la co-star de De Funès (ce qui changera par la suite faut bien le dire). La qualité intrinsèque du film est sans doute en-deça du succès incroyable du film. Il n'en demeure pas moins que le film engrangera près de 8 millions d'entrées France et, selon Médiamétrie pas moins de 36 millions de personnes auraient vu le film en Europe ! Le succès du film n'est assurément pas pour rien dans l'essor touristique de la cité balnéaire. Pour Louis de Funès, après des années de seconds rôles il atteint les sommets qui se confirmeront en quelques mois en enchainant avec (1964) de André Hunebelle et surtout "Le Corniaud" (1965) de Gérard Oury. Le succès du film associé à la starisation de De Funès ouvrent la voie à une suite qui sera "Le Gendarme à New-York" (1965) avec la même équipe.

Note :

Pour info bonus, Note de mon fils de 9 ans :