Blackkklansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan (2018) de Spike Lee

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Le grand retour de Spike Lee après son remake (2013) et plusieurs projets documentaires et télévisuels. Le réalisateur toujours prompt à s'attaquer au racisme et pour la luttre des droits civiques de son "peuple" afro-américain revient avec sa verve habituelle en adaptant le livre autobiographique "Black Klansman" (2014) de Ron Stallworth qui raconte comment l'auteur, policier afro-américain a infiltré le Ku Klux Klan à la fin des années 70. Un tel sujet associé à une telle histoire vraie ne pouvait que plaire au cinéaste. Le cinéaste co-signe le scénario à plusieurs mains pour un film qui se dénote dans la filmo du réalisateur avec un fond tout ce qu'il y a de sérieux mais dans la forme il aborde l'histoire avec le ton de la comédie policière. Spike Le a reçu le soutien de deux producteurs à la mode, Jordan Peele réalisateur à succès surprise avec (2017) et Jason Blum producteur prolifique spécialisé d'habitude dans le film d'horreur à petit budget comme les sagas "Paranormal Activity" (2009) de Oren Peli, "Insidious" (2011) de James Wan et "American Nightmare" (2013) de James DeMonaco.

Au casting Spike Lee a fait appel à un "presque" inconnu, à savoir John David Washington qui n'est autre que le fils d'un de ses acteurs fétiches, un certain Denzel Washington !... A ses côtés, son partenaire infiltré incarné par Adam Driver vu dernièrement dans "L'Homme qui tua Don Quichotte" (2018) de Terry Gilliam. L'atout charme est dévolu à Laura Harrier révélée dans "Spider-Man : Homecoming" (2017) de Jon Watts tandis que le grand méchant est joué par Topher Grace en ce moment en salle également dans "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Mitchell. En guest star on reconnaitra Alec Baldwin et surtout un symbole icônique de la lutte sur les droits civiques, le chanteur Harry Belafonte. La première surprise est la performance de John David Washington, il est bien le fils de son père et on se demande où est-il passé toutes ces années ?! (l'acteur a déjà 34 ans, était footballeur US pro)... Le plus gros soucis reste Spike Lee lui-même, car quand il veux faire passer un message il est rarement subtil et/ou inventif. Avec ce film il confirme qu'il gâche lui-même son projet (toute proportion gardée, à suivre...). Les premières minutes impose d'emblée un message politique unilatérale : une partie importante du film nous impose les souvenirs d'un homme noir âgé, et enfin la fin est d'une attaque frontale pour la cause du "Black Power". Spike Lee martèle systématiquement et de façon manichéenne, il omet un minimum de finesse dans son propos de fond. Ce qui est dommageable car il en oublie son sujet principal, à savoir une "histoire vraie".

En effet, le cinéaste use son sujet pour servir et asservir à sa cause du "Black Power" mais approfondie trop peu le personnage de Ron Stallworth. Et pourtant, le process de l'enquête est réellement savoureuse, le côté humour est plutôt bien maitrisé même si le côté buddy movie (entre les deux Ron...) est par contre peu exploité. Spike Lee tente bien d'araser sa fougue anti-blanc en insistant sur d'autres "victimes" comme les juifs et en plaçant un hommage spécial à la fin mais ça sonne l'opportunisme de bon aloi. C'est un excellent film, mais le message politique est tellement omniprésent et si peu ludique (car sans aucune nuance) qu'il plombe un peu le récit. Quel dommage... Car néanmoins Spike Lee signe un très bon film, militant et très dirigé, mais diablement efficace et une partie "polar" très intéressante. A y regarder de plus près, le film de superhéros "Black Panther" (2018) de Ryan Coogler a sans aucun doute fait plus pour la cause noire que Spike Lee en fera jamais...

Note :