En marge de l'enquête

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « En marge de l’enquête » de John Cromwell.

« Pas de chance : pour une fois que je tombe sur un flic à la morgue, il est vivant ! »

Le Capitaine Murdock et le sergent Johnny Drake sont deux militaires de retour de guerre pour recevoir une médaille d’honneur. Sur le quai de la gare de Washington Drake disparait. Plus tard Rip’ Murdock apprend la mort de son ami, et il enquête sur l’accident de voiture. Il se rend alors au Santuary Club pour rencontrer sa femme Coral « Dusty’ Chandler » dite « douceur » (en français) avec un parfum de jasmin.

« Je garderai ces dés en souvenir : ils me rappelleront qu’il ne faut jamais forcer sa chance »

D’abord acteur de second plan à la fin des années 20, l’américain John Cromwell (père de l’acteur James Cromwell) se fera un nom au cours des années 30 et 40 en devenant l’un des prolifiques réalisateurs de cette période. Il dirige ainsi quelques-uns des plus grands acteurs du moment, tels Katharine Hepburn dans « Mademoiselle Hicks » (1934), Bette Davis et Leslie Howard dans « L’emprise » (1934), Barbara Stanwyck et Joel McCrea dans « Saint-Louis blues » (1936) ou encore James Stewart et Carole Lombard dans « Le lien sacré » (1939). Mais  le cinéaste demeure avant tout célèbre pour ses films d’aventures en costumes (« Le prisonnier de Zenda » en 1937, « Le chevalier de la vengeance » en 1942) et à ses drames lacrymaux (« Depuis ton départ » en 1944, « La chanson des ténèbres » en 1947). Avec « Casbah » (1938, remake de « Pépé le Moko » de Duvivier), il tente un timide crochet par le film noir, qu’il réitèrera avec « En marge de l’enquête » (1947) et « The racket » (1951) avant d’être blacklisté par la Commission du sénateur McCarthy, qui mettra un terme quasi définitif à sa carrière.

« Les femmes parlent trop : elles devraient se contenter d’être belles »

Réalisé en 1947, « En marge de l’enquête » est un film noir tourné un peu à la manière de Huston (« Le faucon maltais ») ou de Hawks (« Le grand sommeil ») adaptant les écrits de Raymond Chandler, le maitre du roman noir. On y retrouve le même univers interlope peuplé de gangsters raffinés, d’hommes de main brutaux et de femmes fatales manipulatrices, le tout dans une ambiance à la fois mystérieuse et poisseuse. On y retrouve aussi le même héros détective, seul contre tous, qui nous fait part de ses tourments en voix off. Mais cette fois, l’intrigue n’est pas signée Raymond Chandler et cela se sent : le scénario, hyper classique, se perd un peu en circonvolutions pour complexifier inutilement une tortueuse histoire de crime passionnel et de faux coupable. Toujours très digne, Bogart s’auto caricature un peu en détective malmené aux prises avec Lizabeth Scott, parfait sosie - en plus vulgaire - de Lauren Bacall. Si le film peine à tenir la comparaison avec ses illustres modèles, en raison notamment d’enjeux assez improbables et d’un dénouement somme toute prévisible, il doit son salut à son solide casting et à l’interprétation sans faille des comédiens, ainsi qu’aux embardées lyriques du réalisateur qui se révèlent plutôt touchantes (la vulnérabilité dont fait preuve le héros, le glissement vers la mort symbolisé par le saut en parachute). De quoi faire de ce « En marge de l’enquête » un film noir tout à fait recommandable, à défaut d’être un sommet du genre.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0, quelques scènes demeurant en VOST). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées François Guérif et Patrick Brion.

Edité par Sidonis Calysta, « En marge de l’enquête » est disponible en DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 6 mars 2018.

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