BlacKkKlansman, critique

BlacKkKlansman, critique

Grand Prix délivré par le jury du Festival de Cannes cette année, ce n’est pas parce qu’il sort en plein coeur de l’été que BlacKkKlansman devrait être ignoré. En effet, Spike Lee y montre toujours son engagement. Au delà de la coolitude parfois hilarante du film se cache une réalité toujours glaçante !

BlacKkKlansman, critiqueRéalisateur engagé depuis le début de sa carrière, Spike Lee n’a eu de cesse d’étudier et démontrer dans son cinéma comment vivent les minorités, opprimée par la classe WASP des Etats-Unis qui ne se sont jamais remis de la guerre de secession. Et même si il lui arrive de remplir des commandes (comme Inside Man ou récemment le remake de Old Boy), ce n’est que pour mieux financer ensuite ses films au discours plus marqué.

Et BlacKkKlansman arrive à marier ses deux aspects. D’un côté nous avons un film décalé avec cette situation inconoclaste où un flic noir arrive à inflitrer l’organisation du Ku Klux Klan. De l’autre nous un film social adapté d’une histoire vraie et qui résonne avec l’actualité récente et trumpesque.

L’enquête à la cool

Fin des 70’s, Ron Stallworth est le premier flic afro-américain de Colorado Springs et sa présence dans les forces de l’ordre n’est pas toujours bien vécue par ses équipiers. Cela donne déjà lieu à un décalage qui faire rire jaune. Mais Ron ne se laisse pas abattre et devient rapidement membre du bureau d’enquête. Il se lance alors comme mission de faire bouger les lignes et entre en contact avec le Ku Klux Klan. C’est le début d’une enquête qu’il va mener avec son compère Flip Zimmerman.

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Tout de suite, l’usage d’une BO cool, de références à la blackxploitation, et le trait à peine forcé sur les réactions de collègues ou remarques ultra-racistes des suprémasistes face au stoïcisme de Ron détendent l’atmosphère. L’enquête improbable devient aussi passionnante qu’hilarante lorsque ce flic noir est forcé d’adopter une posture de grand raciste. Les échanges téléphoniques sont à ce titre d’une drôlerie folle et sacrément osée. En utilisant ce ton de manière parfaitement maîtrisée, Spike Lee nous invite facilement dans son film et trouve le moyen de entrainer dans son combat.

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Rappel d’une actu glaçante

Mais il ne faut pas oublier que Spike Lee a un message à faire passer. Si il mentionne la blackxploitation c’est pour mieux en démonter le principe, tout comme les rires de la situation incitent aussi à y réfléchir. Il montre aussi la difficulté pour un flic noir de trouver sa place entre les mouvent de revendiction des droits et son appartenance aux forces de l’ordre.

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Ainsi, BlacKkKlansman est un film particulièrement riche qui donne à voir plusieurs aspects de cette lutte. D’un côté cette lutte ouverte d’un mouvement, de l’autre l’infiltration pour changer le système de l’intérieur. Et il rappelle aussi que le KKK n’est pas que contre les noirs mais que les juifs sont également visés. Et bien après la blague et les instants très drôles ou à la cool qui nous sont offerts, le réalisateurs nous ramène dans son final à une brusque réalité. Des images actuelles qui font froid dans le dos et nous rappellent à cette lutte qui n’est absolument pas terminée.

BlacKkKlansman, critique

Comédie cool au premier abord pour mieux faire passer le choc de la réalité, BlacKkKlansman est une bonne réussite de Spike Lee en pleine forme qui trouve le parfait dosage pour faire réfléchir son public. Un prix cannois qui n’est pas volé.