UN JOUR, PEUT-ÊTRE (Critique)

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS: Will Hayes est un jeune père New Yorkais d'une trentaine d'années en plein divorce lorsque sa fille de onze ans, Maya, le questionne sur sa vie avant qu'il ne soit marié. Elle veut savoir comment ses parents se sont rencontrés et comment ils sont tombés amoureux. L'histoire de Will commence en 1992 alors qu'il n'était encore qu'un jeune politicien qui débarquait de son Wisconsin natal à New York pour travailler sur la campagne de Clinton. Will raconte ses péripéties avec son meilleur ami, Russell, et, sous forme de puzzle, ses 3 grandes histoires d'amour. Il y a eu Emily, son amour de lycée; April, sa meilleure-amie et confidente de toujours et Summer, une journaliste ambitieuse. L'une d'entre elles est la mère de Maya mais ce n'est qu'à la fin de l'histoire qu'elle saura avec laquelle il s'est marié.

Partant du même postulat que la série How I met your mother (2005-2014), le film se passe à New York et se concentre sur Will ( Ryan Reynolds), un père en instance de divorce qui, après qu'elle a fortement insisté, raconte à Maya, sa fille de 10 ans ( Abigail Breslin, encore toute auréolée du succès de Little Miss Sunshine), comment il a rencontré sa mère. Sauf qu'il décide de changer les prénoms de ses trois relations sérieuses passées, et sa fille devra donc deviner qui est sa génitrice au fur et à mesure de l'histoire, et nous aussi par la même occasion. On se retrouve donc en 1992, quand Will , alors étudiant à l'université et membre des jeunes démocrates, va aller à New York pour participer à la campagne présidentielle de Bill Clinton . Le film se démarque ainsi par sa reconstitution des années 1990, qu'on ne voit pas tant que ça au cinéma, ou en tout cas au moment de la sortie du film - il y a déjà 10 ans - en 2008 (mais qui, on en est sûr, abondera dans quelques années). Le titre du long-métrage est d'ailleurs un clin d'œil évident au premier album du groupe Oasis sorti en 1994. Definitely, Maybe joue par conséquent avec la pop culture d'alors en citant volontiers Nirvana (évidemment !), mais également d'autres œuvres plus anciennes comme le livre Jane Eyre de Charlotte Brontë (qui a son importance dans l'histoire), et la chanson de George Gershwin I've got a crush on you , délicieusement chantée par Rachel Weisz , séquence musicale qui est sans doute un petit hommage à Tout le monde dit I love you ( Everyone says I love you, 1996) de Woody Allen, se déroulant lui aussi dans la ville qui ne dort jamais et utilisant des standards de jazz chantés par ses acteurs.

Parlons un peu des acteurs. Will rencontrera trois profils de femmes différentes : la blonde ( Emily, Elizabeth Banks), la brune ( Summer, Rachel Weisz ) et la rousse ( April, Isla Fisher). Les trois actrices sont parfaites dans leurs rôles, avec une mention spéciale pour Isla Fisher . Bien avant son fou furieux Deadpool, Ryan Reynolds est impeccable en protagoniste sensible de cette histoire. Notons également la présence de Kevin Kline, qui fait des merveilles en professeur d'université alcoolique. Adam Brooks, le réalisateur, dont c'est le quatrième film, est plus connu pour son travail de scénariste de comédies romantiques, que ce soit pour French Kiss (1995), Les ensorceleuses (Practical Magic, 1998), Bridget Jones L'âge de raison (deuxième volet de la saga, 2004) et le très réussi La plus belle victoire ( Wimbledon, 2004). Alors la mise en scène ne brille pas par son originalité mais reste somme toute efficace, rythmée et bien filmée. Et l'écriture du film est très réussie, nous donnant droit à une comédie romantique plus moderne et profonde qu'il n'y paraît.

En effet, le long-métrage propose un message un peu différent de ce que l'on peut voir dans les autres rom-coms habituelles : ici, pas de coup de foudre au premier regard, on comprend que l'amour est surtout une question de timing, de temps, peut-être plus que de personne. De plus, un film qui s'attarde sur la décennie de la vingtaine post-université, cette période où l'on se cherche et où on essaye de " réussir " dans la vie, est suffisamment rare pour être remarqué. Au fur et à mesure que l'histoire avance, Will fait face à plusieurs déconvenues (notamment le scandale Monica Lewinsky), par conséquent on peut en déduire que le thème principal de cette histoire semble être la désillusion, qu'elle soit d'ordre politique ou amoureuse. D'une certaine façon c'est aussi un long-métrage mélancolique sur comment devenir adulte, trouver sa place dans le monde et accepter que l'on change. Enfin, Definitely, Maybe est aussi une mise en abyme sur comment raconter une histoire, donc sur la mise en scène et la narration, par le biais du suspense autour de l'identité de la mère de Maya.

Alors oui, c'est un peu How I met your mother au cinéma en 1h50 (bien qu'il soit réducteur de le voir comme cela) mais si on doit faire la comparaison, c'est moins une œuvre sur l'amitié que sur la relation père-fille, sur la famille aujourd'hui, et surtout sur le fait que l'amour, dans la vraie vie et pas dans les contes de fées, est en effet compliqué. Pour conclure, ce joli film romantique est un petit bijou d'humour et de tendresse à (re)découvrir absolument !

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