[CRITIQUE] : L’Île au trésor

[CRITIQUE] : L’Île au trésor
Réalisateur : Guillaume Brac
Acteurs : -
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Francais.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Un été sur une île de loisirs en région parisienne. Terrain d’aventures, de drague et de transgression pour les uns, lieu de refuge et d’évasion pour les autres. De sa plage payante à ses recoins cachés, l’exploration d’un royaume de l’enfance, en résonance avec les tumultes du monde.

Xxx 

Critique :

Xxx

L’Île au trésor est un documentaire original. Dès les premières secondes, il omet volontairement de situer ce qu’il va étudier : le spectateur est dans la confidence où ne l’est pas. Quiconque ne serait pas familier des lieux - ou du synopsis - au préalable observera pendant 1h37 un lieu quasi mystique, sans repères géographiques. Si carte il y a, c’est celle des infrastructures du parc et non celle de sa situation. Il n’y aura jamais non plus de précision sur l’identité des intervenants.

D’ailleurs, on entre dans le parc par la petite porte : la première scène est celle d’une confrontation entre des jeunes et les vigiles de la base de loisirs. Les premiers, mineurs, se voient refuser l’accès ; ils décident de passer outre l’interdiction et de pénétrer dans la base en franchissant une des rivières qui l’entourent… avant d’être, évidemment, repérés et reconduits gentiment à la sortie. Cette séquence, quasi irréelle, installe atmosphère et enjeux : l’île de loisirs Cergy-Pontoise est un lieu singulier. C’est ce que la caméra de Guillaume Brac va s’efforcer de montrer, avec plus ou moins de succès.
[CRITIQUE] : L’Île au trésor

Le fonctionnement de la base de loisirs et ses règles sont évoqués, quelques réunions de direction sont montrées , mais ce c’est surtout l’humain qui intéresse le réalisateur. Des dragueurs de plage (niveau bac à sable, mais “polis au moins“) aux gardiens de nuit en passant par les estivants, tous les autochtones de la base ont quelque chose à dire, une histoire à raconter. Et c’est là que le bat blesse. En fait, lorsqu'Abou (désormais vigile) explique qu’il a été prisonnier politique en Guinée pour avoir fait une remarque désobligeante à un ministre, ou quand Patrick (touriste) raconte la fois où il a été sugar daddy en Croatie sans vraiment sans rendre compte, le spectateur est certes intéressé mais cela n’a plus grand chose à voir avec la base de loisirs. C’est le principal reproche qu’on peut faire au film : la quasi-totalité de ces moments choisis sont peut-être truculents mais ne forme pas un tout cohérent en dehors du fait qu’ils ont été filmés au même endroit et un même été. Le réalisateur ne fait d’ailleurs rien pour donner une direction à son film ; c’est seulement la représentation incomplète d’un lieu, de son atmosphère, et rien d’autre.


[CRITIQUE] : L’Île au trésor

Enfin, il est également impossible de ne pas remarquer que le documentaire ne donne la parole à aucune femme. Sur “ l’île au trésor“, les jeunes filles sont des enjeux pour les garçons (des plaisanciers aux employés, ces derniers abusant de leurs outils de travail et de leurs accès au parc pour impressionner les premières) et rien d’autre ; si c’est une réalité, il aurait été judicieux de donner la parole à l’une d’entre elles pour qu’elle puisse en parler, au lieu de systématiquement filmer des maillots de bain. Ou même d’un autre sujet, tout simplement. Un oubli impardonnable en 2018.

En bref, c’est un épisode de Zone Interdite filmé à la manière de et avec la prétention d’être un documentaire de Frederick Wiseman, pour un résultat mitigé.


Augustin Pietron


[CRITIQUE] : L’Île au trésor