Wonder wheel

Un grand merci à AB Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Wonder Wheel » de Woody Allen.

Wonder_Wheel

« Ma fêlure tragique est d’être trop romantique »

Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l’effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.

« Je sais où sont enterrés les cadavres »

Wonder_Wheel_Jim_Belushi

Du haut de ses 82 ans bien tassés et malgré quelques problèmes d’ordre médiatique, Woody Allen semble avoir gardé une forme de jeune homme. Une énergie increvable qui lui permet de nous livrer, avec une précision de métronome, un nouveau film par an. Ainsi, si les années 2000 furent celles de la découverte de l’Europe autour des thèmes du hasard et de la destiné, les années 2010 semblent davantage marquées par la nostalgie : après le Paris des années folles et des artistes de « Midnight in Paris », la Riviera des années 20 de « Magic in the moonlight » ou encore le Hollywood des années 30 dans le sublime « Cafe society », il nous entraine pour « Wonder Wheel », son quarante-septième film, dans la Coney Island populaire des années 50.

« En amour on est souvent son pire ennemi »

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Coney Island, ce petit quartier balnéaire et prolétaire de Brooklyn, avec ses immenses plages, ses gargotes de front de mer et sa grande roue qui domine l’ensemble. Il plane sur ce décor suranné mais ô combien cinématographique un air de déjà-vu. Et pour cause, il a servi de décor à nombre de grands films américains. On se souvient notamment de l’ouverture de l’immense « Mirage de la vie » de Douglas Sirk et de la rencontre des deux mères célibataires bien décidées à s’unir pour aller de l’avant. D’ailleurs, comme dans ce « Wonder Wheel », il y était question d’une héroïne poursuivant son rêve d’actrice et d’une rivalité féminine pour le bellâtre de la plage. Pourtant, passé le simple décor, Woody Allen construit un mélodrame habile sur fond de destins brisés et de jalousie qui lorgne davantage vers les grands dramaturges américains des années 50 à qui il semble vouloir rendre ici hommage. Tous ses personnages ont ainsi en eux quelque chose de Tennessee, notamment son héroïne, serveuse mal mariée se rêvant un destin d’actrice, qui semble être un mélange de la Blanche Dubois de « Un tramway nommé désir » pour sa fragilité mentale teintée de séduction et d’Amanda Wingfield, la marâtre de « La ménagerie de verre », avec qui elle partage cette obsession de sa jeunesse perdue et sa volonté d’imposer à sa belle-fille, objet de sa jalousie, un destin malheureux. S’appuyant sur des dialogues parfaitement ciselés et un remarquable jeu de lumières, Woody Allen signe là un film très inspiré et fataliste qui offre un écrin de choix à la formidable interprétation de Kate Winslet, qui bascule en un battement de cils de la séduction à la folie pure. Les seconds rôles - Jim Belushi, Juno Temple et Justin Timberlake - ne sont pas en reste et livrent eux aussi une performance très convaincantes. Assurément, ce nouveau Woody Allen est un excellent cru.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale américaine (2.0 et 5.1) ainsi qu’en version française (2.0 et 5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une bande-annonce et d’un making-of (3 min.).

Edité par AB Vidéo, « Wonder Wheel » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 27 juin 2018.

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