Au Poste ! (2018) de Quentin Dupieux

Retour du cinéaste Quentin Dupieux, connu aussi dans le monde musical sous le nom de Mr Oizo, qui reste encore assez méconnu du grand public français. Et pourtant Dupieux reste un réalisateur français, le roi du cinéma à OFNI (Objet filmé non identifié) ce qui nous surprend pas quand on sait qu'il a appris sous la houlette d'un certain Michel Gondry, autre frenchy expatrié outre-Atlantique auquel on doit "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" (2004) et "Soyez sympa rembobinez" (2008). Quentin Dupieux signe avec son premier film 100% française si on compte production, lieux de tournage, équipe et langue choisie. Donc après "Steak" (2007), (2010), (2012), (2013) et (2014) le cinéaste persiste et signe un cinéma singulier, original et unique où, pourtant, cette fois il tourne en huis clos, de nuit et en donnant une importance inédite aux dialogues. Comme toujours depuis "Rubber", Dupieux se garde également les postes de scénariste, Directeur Photo et Monteur. Au casting il a choisi des acteurs qui le connaissaient pas dont l'inénarrable Benoit Poelvoorde, le comédien Grégoire Ludig qui se voit donc offrir un nouveau rôle principal après la comédie "La Folle Histoire de Max et Léon" (2016) de Jonathan Barré. Notons également la présence de Marc Fraize, Philippe Duquesne, la jolie Anaîs Demoustier et en prime la voix Off suprise de Alain Chabat avec un clin d'oeil sympa à "Réalité"...

Au Poste ! (2018) de Quentin Dupieux

A première vue le film pourrait se prévaloir d'être le plus "normal" des films de Dupieux avec un speech qui renvoie à (1981) de Claude Miller où le huis clos dans un commissariat entre un officier de police et un suspect pour un crime mystérieux. Néanmoins, dès l'ouverture du film Dupieux impose le non-sens avec un chef d'orchestre en slip rouge qui dirige ses musiciens dans un champs. Un non-sens qui va aller crescendo par quelques à-coups qu'on ne voit pas venir. Pratiquement tous les types de gags vont surgir, parfois pour un seul effet mais quasi toujours très drôles. Du running gag (genre expression systématique qu'on sort à tout va dans nos phrases sans qu'elle soit justifiée) au slapstick (quand une chute est bien faite...) en passant par des dialogues absurdes mais qui semblent cohérents Quentin Dupieux signe une comédie dont la forme pourrait presque faire croire que le fond à du sens ; c'est grandiose !...

Au Poste ! (2018) de Quentin Dupieux

On pense beaucoup à Bertrand Blier, en moins dark sans doute avec même une pincée de Tarantino (importance ou pas des dialogues). Le cinéaste reste fidèle à un paramètre essentiel de son cinéma, des acteurs sobres pour des personnages qui ont tout d'êtres "normaux". Ainsi on imagine la direction d'acteur pour obtenir d'un Poelvoorde une performance aussi sage et maitrisé de son rôle de commissaire qui reste le protagoniste le plus "sain d'esprit". On apprécie également le travail sur un univers qui n'est pas aisé de situer dans le temps malgré des décors qui font très seventies. On mettra surtout un bémol pour la fin, un twist efficace et savoureux mais qui laisse un arrière-goût d'inachevé et/ou de facilités ; 15-20mn supplémentaires (le film ne dure que 1h15 !) pour étoffer l'oeil du cyclope auraient été un vrai plaisir assurément. En conclusion un réel plaisir de revoir Dupieux en forme après un "Réalité" décevant.

Note :

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