Top Gun (1986) de Tony Scott

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Film culte d'une génération en pleine décennie de l'entertainment et de l'argent roi, ce film est avant tout le bébé d'un duo de producteurs qui sont en train de mettre Hollywood à leurs pieds. Don Simpson et Jerry Bruckheimer qui viennent de triompher avec "Le Flic de Beverly Hills" (1984) de Martin Brest ont l'idée d'un film sur la Navy Fighter Weapons School, une école de pilotage de combat créée en 1969 , s'inspirant de l'article "Top Guns" (1983) de Ehud Ynay paru dans le magazine California ... D'ailleurs le succès mondial du film (1er du box-office 1986, dont 3,6 millions d'entrées France) a servi les intérêts de l'armée américaine au-delà des espérances puisque l'US Navy constata une augmentation des volontaires de 500% après la sortie du film !... L'armée aida énormément la production d'un point de vue logistique d'abord, humain ensuite. Le consultant technique était Pete Pettigrew alias "Viper", ex-Top Gun qui a donc donné son pseudo au personnage de l'officier instructeur et son prénom au héros Pete "Maverick" Mitchell. A noter que le film est dédié à 'un as de la voltige, Art Scholl, qui mourra pendant le tournage sans que ni son corps ni son avion ne soit retrouvé... Les deux producteurs ont choisi le réalisateur Tony Scott qui venait de signer un premier long métrage prometteur avec "Les Prédateurs" (1983). Un choix laborieux au début puisque l'entente ne fut pas si simple jusqu'à licencier officiellement le cinéaste trois fois pour le reprendre à chaque fois. Ni rancoeur ni rancune puisque les trois hommes retravailleront ensemble aussitôt après, succès aidant, avec "Le Flic de Beverly Hills 2" (1987).

Au casting, les jeunes producteurs misent sur une nouvelle génération, en premier lieu Tom Cruise alors en pleine ascension après des films dont il n'était pas la star comme "Taps" (1981) de Harold Becker, "Outsiders" (1983) de Francis Ford Coppola et surtout "Legend" (1985) de Ridley Scott (frère de Tony). Pour l'anecdote Cruise refusa dans un premier temps à cause des scènes de vestiaire (?!) et d'un speech qui lui évoque "un Flashdance dans le ciel", mais il semble qu'un chèque de 1 million de dollars ait été efficace... Le concurrent direct du héros est joué par Val Kilmer qui venait d'être révélé par "Top Secret !" (1984) des ZAZ (David et Jerry Zucker et Jim Abrahams), la belle (il y en a toujours une) est incarnée par Kelly McGillis remarquée dans (1985) de Peter Weir et qu'on verra ensuite dans "Les Accusés" (1988) de Jonathan Caplan, l'officier instructeur "Viper" interprété par Tom Skerrit révélé par (1970) de Robert Altman et revu dans "Alien le huitième passager" (1979) de Ridley Scott et "Dead Zone" (1984) de David Cronenberg. A leurs côtés on remarquera Anthony Edwards qui sera surtout connu comme le docteur Greene dans la série TV "Urgences" (1994-2008), la jeune Meg Ryan qui deviendra une star quelques années plus tard, Michael Ironside qui va devenir un spécialiste des rôles de salopard dans les années à venir mais aussi les débutants Tim Robbins et John Stockwell. Le scénario est co-signé du duo Jim Cash et Jack Epps Jr. à qui ont devra également "Tuner et Hooch" (1989) de Roger Spottiswood, "Dick tracy" (1990) et "Anaconda" (1997) de Luis llosa... L'histoire est simple, les meilleurs pilotes de chasse se retrouvent pour une formation avec le titre de l'as des as en prime. Rivalités viriles et idylle, filiation en filigrane pour un film que certains perçoivent comme avant tout un film gay ; sur ce point on peut conseiller le passage du film "Sleep With Me" (1994) de Rory Kelly où un certain Quentin Tarantino développe une théorie savoureuse sur le sommet Gay que serait "Top Gun" !... Pas étonnant puisque plusieurs séquences du film sont assez appuyées pour qu'on puisse y penser. Scott insiste donc lourdement sur le torse musclé et huilé des soldats, dans le vestiaire (à 1 million donc !) ou au beach volley, sans compter les gros plans au regard bien appuyé notamment et surtout entre Maverick et Iceman/Kilmer. On aura connu plus subtil. A priori le personnage de Charlie/McGillis était moins important, mais après une projection test des scènes d'amour furent rajoutées. Ainsi Tony Scott retourna quelques scènes mais dans une pénombre genre lumière tamisée car McGillis et Cruise avaient un peu changé entre temps (elle cheveux teints pour un autre tournage et lui cheveux plus longs).

A noter que Cruise portait des talonnettes pour ne pas paraitre trop petit face à sa partenaire (1m69 pour Cruise, 1m78 pour McGillis). Outre le côté plus ou moins "gay" il faut avouer que Tony Scott envoie du lourd dans les poncifs et autres idées aussi ringardes comme le motard Maverick qui fait la course avec un F14 qui décolle, son poing gagnant à l'envol, le concours de sourire plus blanc que blanc... etc... Pour un récit dont on pourrait trouver l'anti-thèse avec "Le Maitre de Guerre" (1986) de et avec Clint Eastwood. Les acteurs sont bons pour la plupart, mais à l'image de la réalisation de Tony Scott la plupart surjoue et cabotine à outrance en premier lieu desquels Cruise et Kilmer. On appréciera d'autant plus la mesure et le charme de Skerrit et surtout de McGillis. Heureusement, le film a un atout de taille, à savoir les séquences aériennes, impressionnantes et fascinantes dans la forme, et prenantes sur le fond avec une tension parfaitement gérée. Des séquences particulièrement efficaces, à tel point que la télévision chinoise a diffusé des scènes du film en 2011 en les faisant passer pour des manoeuvres de leur propre aviation ! A jour d'internet la Chine a subi les moqueries des internautes... La musique est un peu pompeuse, une sensation régulière à cause d'un mauvais montage image/son malgré quelques chansons devenues aussi cultes que le film (Golden Globes et Oscar à la clé), avec une B.O. signée de Giorgio Moroder déjà salué pour son travail sur les films "Midnight Express" (1979) de Alan Parker et "Scarface" (1983) de Brian De Palma. On notera LA réplique du film : "Maverick, bête de sexe, fais-moi l'amour où je ne réponds plus de mon corps"... En conclusion, un film culte assurément, avec des qualités indéniables mais boursouflé, prétentieux, ringard et beaucoup trop caricatural pour convaincre. Un film qui est donc tout aussi surestimé et qui tombe dans la catégorie "plaisir coupable", 1h50 d'une nostalgie eighties sans plus.

qefqre

Note :