Le prisonnier d'Alcatraz

Un grand merci à Wild Side Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le prisonnier d’Alcatraz » de John Frankenheimer.

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« Les forçats aussi ont le droit de respirer »

Après deux meurtres de sang-froid, Robert Stroud est incarcéré en isolement à la prison de Laevenworth dans le Kansas. Un jour, il trouve dans la cour un moineau blessé et décide de le recueillir.

Il finit par le soigner et l’apprivoiser. Étudiant dès lors sans relâche, il passe maître en ornithologie et devient peu à peu l’homme aux canaries. Jusqu’au jour où son transfert immédiat vers Alcatraz lui est annoncé…

« Quand on vit dans un égout on ne peut que devenir mauvais »

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Passionné de cinéma, le jeune John Frankenheimer passe pour la première fois derrière la caméra durant son passage au sein de l’Air Force, le temps d’un documentaire. De retour à la vie civile, il est embauché comme réalisateur par la chaine de télévision CBS où il dirigera de nombreux shows et autres épisodes de séries. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 50 qu’il accède à ses premières réalisations pour le cinéma. Après une poignée de films (dont « L’ange de la violence », 1962, avec Warren Beatty), il est appelé pour diriger « Le prisonnier d’Alcatraz », adaptation du livre de Thomas E. Gaddis, consacré à la vie du célèbre prisonnier Robert Stroud qui deviendra derrière les barreaux un ornithologue réputé. Un projet ambitieux qui devait être dirigé par le cinéaste anglais Charles Crishton avant que celui-ci ne soit congédié par Burt Lancaster, qui le fit remplacer par Frankenheimer qui le dirigea l’année précédente sur « Le temps du châtiment ». Récompensé par la Coupe Volpi du Meilleur acteur au Festival de Venise ainsi que par quatre nominations aux Oscars (dont Meilleur acteur pour Lancaster, Meilleur acteur dans un second rôle pour Savalas et Meilleure actrice dans un second rôle pour Thelma Ritter), le succès du film lança véritablement la carrière de Frankenheimer qui deviendra l’un des cinéastes phares des deux décennies suivantes (« Un crime dans la tête », « Sept jours en mai », « Grand prix », « Le train », « Les parachutistes arrivent », « French Connection 2 »...).

« Regardez bien autour de vous, cette cellule sera le seul décor du reste de votre vie »

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Inspiré d’une histoire vraie, « Le prisonnier d’Alcatraz » nous conte - sous un jour purement hagiographique - l’histoire de Robert Stroud, célèbre prisonnier américain condamné - d’abord à mort puis peine commuée en prison à perpétuité en isolement - pour un double meurtre, qui se découvrira en prison une passion pour les oiseaux. Au point d’entreprendre derrière ses barreaux un élevage et un commerce de canaris et de devenir un ornithologue reconnu après avoir mis au point un remède contre une maladie aviaire. A l’évidence, il y a dans ce récit humaniste une grande dimension symbolique avec ces oiseaux en cage privés de liberté qui ne peuvent prendre leur envol. Mais le film aussi le récit d’une belle rédemption. Celle d’un homme au comportement et à la violence incontrôlables, qui finira par trouver une forme de raison d’être et de paix intérieure au contact de ces oiseaux. Surtout, le film de Frankenheimer surprend par la violence de sa charge contre le système judiciaire et pénitentiaire américain, dont il dénonce la brutalité, l’injustice et l’inhumanité. Un système par essence inadapté et sans vision pédagogique puisqu’il rend les hommes plus durs, ne permettant pas de les réinsérer sereinement dans la société. Si le cinéma américain s’était déjà pris d’empathie et de sympathie pour des criminels transformés en icônes (Jesse James ou Sam Bass dans les westerns par exemple), rarement un film n’aura chargé aussi violemment les institutions américaines au point de les représentants comme les ennemis du peuple et de la liberté. Dommage donc qu’en dépit de l’image qu’en donne le film, le vrai Robert Stroud, mort en prison l’année suivant la sortie du film après plus de cinquante années derrière les barreaux, ait été apparemment jusqu’au bout un personnage violent et dangereux. « Le prisonnier d’Alcatraz » n’en demeure pas moins un grand film carcéral et un drame humaniste puissant sur l’enfermement et la privation de liberté.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Une illusion de liberté » : entretien avec Richard H. Kline, cameraman sur le film (28 min.).

Edité par Wild Side Vidéo, « Le prisonnier d’Alcatraz » est disponible en édition collector, comprenant le blu-ray et le DVD du film ainsi que le livre « Au-delà des grilles » écrit par Doug Headline, illustré de photos d’archives rares (200 pages), depuis le 6 juin 2018.

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