Ali Baba et les quarante voleurs

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Ali Baba et les quarante voleurs » de Arthur Lubin.

« Mon père et Bagdad peuvent compter sur moi »

Son père assassiné par un traître lors de la prise de Bagdad par l’armée d’un tyran mongol, le jeune Ali Baba s’enfuit dans le désert. Courageux, plein d’aplomb, il est recueilli par les quarante voleurs dont il a découvert le fabuleux trésor dans une grotte. Dix ans plus tard, il en est devenu le chef. L’heure de la vengeance a sonné…

« Si Dieu m’avait donné un fils, j’aurais aimé qu’il soit à ton image »

Véritable enfant de la balle, Arthur Lubin grandit dans l’univers du monde du spectacle et plus particulièrement sur les premiers plateaux de la toute jeune industrie du cinéma où son père exerce divers métiers. Après une première carrière d’acteur au temps du cinéma muet, il devient progressivement réalisateur et producteur à partir du milieu des années 30. En tant que cinéaste, il mènera une honnête carrière placée sous le signe des série B et du divertissement populaire. A l’image de ses nombreuses réalisations pour le tandem comique Abott et Costello ou de ses comédies familiales « animalières » telles que « Rhubarb le chat millionnaire » ou la série des « Francis » où le héros est un âne. Ce qui ne l’empêchera pas par ailleurs, de façon plus marginale, de signer quelques honnêtes films de guerre (« L’escadrille des aigles ») et autres films noirs (« Des pas dans le brouillard »). Au milieu des années 40, Lubin délaisse un temps les comédies qui ont fait son succès pour s’essayer à d’autres genres : le cinéma horrifique d’abord puis le cinéma d’aventures. Dans ce dernier registre, il s’illustre avec « La sauvagesse blanche » (1943) avant de retrouver l’année suivante l’actrice Maria Montez pour « Ali Baba et les quarante voleurs ».

« L’expérience des chaines m’a fait apprécier les joies de la liberté. Et refuser de vivre en esclave »

« Sésame ouvre-toi ! ». Tout le monde connait la formule magique de ce vieux conte perse qui, contrairement à ce que l’on a tendance à croire, ne fait pas partie des célèbres « Contes des mille et une nuit ». Un conte qui aura beaucoup inspiré le cinéma et que Lubin s’approprie ici de façon très libre en transposant l’intrigue au treizième siècle à l’époque des invasions mongols et de la bataille de Bagdad. Très vite, le film délaisse ainsi la grotte magique et son fabuleux trésor pour se concentrer sur la rivalité entre le Prince des voleurs et le vilain tyran sanguinaire venu soumettre le califat, donnant lieu à un film d’aventures épique et exotique sur fond de lutte pour la liberté. Une thématique qui, Seconde guerre mondiale oblige, trouve une  résonance forcément particulière auprès du public américain. Quoi qu’il en soit, Lubin signe ici un film de facture honnête, qui réserve son lot de péripéties, d’humour et d’action pour satisfaire un public familial. Héros oublié des films d’aventures exotiques de série B (il joua notamment deux ans plus tôt dans « Les mille et une nuit » de John Rwalins), Jon Hall (sorte de sous Errol Flynn au physique rappelant George Montgomery) incarne un Ali Baba bondissant face à la belle princesse rebelle incarnée par Maria Montez. Plutôt plaisant donc, même si le film reste formellement moins accrocheur et féérique que « Le voleur de Bagdad » (Michael Powell et Ludwig Berger), référence du genre sorti quatre ans plus tôt au Royaume-Uni.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée en Haute-définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Introduction au film par Linda Tahir, la femme pirate, « Les Mille et une Nuits au cinéma », par Evanghelia Stead, Professeur de Lettres et Civilisations Orientales à la Sorbonne (30 min.) et « Storiographie des Mille et une Nuits », par Evanghelia Stead, Professeur de Lettres et Civilisations Orientales à la Sorbonne (15 min.).

Edité par ESC Editions, « Ali Baba et les quarante voleurs » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 17 avril 2018.

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