L'échappée belle

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « L’échappée belle » de Paolo Verzi.

« Comment c’est là-haut à ton avis ? Tu sais ce qu’il y a après ? Est-ce un tourbillon joyeux où l’on ne fait que chanter et danser ? »

Les années ont passé, mais l’amour qui unit Ella et John Spencer est resté intact. Un matin, déterminés à échapper à l’hospitalisation qui les guette, ils prennent la route à bord de leur vieux camping-car et mettent le cap sur Key West. Ils découvrent alors une Amérique qu’ils ne reconnaissent plus… et se remémorent des souvenirs communs, mêlés de passion et d’émotions.

« Je savoure les rares moments où tu oublies d’oublier »

Disciple de Furio Scarpelli, mythique scénariste de Dino Risi (« Les monstres », « Au nom du peuple italien », « Le fou de guerre »), Mario Monicelli (« Le pigeon »), Luigi Comencini (« La grande pagaille », « La femme du dimanche ») ou encore d’Ettore Scola (« La terrasse », « Le bal »), Paolo Virzi commence sa carrière comme scénariste à la fin des années 80 avant de passer derrière la caméra au milieu des années 90. En tant que cinéaste, il connait le succès public et critique dès ses premiers films : « La bella vita » (1995), « Ferie d’agosto » (1996) et « Ovosodo » qui reçoit le Lion d’Argent à la Mostra de Venise. Plus discret au cours des années 2000, il n’en est pas moins prolifique et signe encore « My name is Tanino », « Napoléon (et moi) » avec Daniel Auteuil et Monica Bellucci ou encore « La prima cosa bella ». Après le triomphe en Italie de son film « Folles de joie » (2016), Virzi part en Amérique tourner « L’échappée belle », adaptation du roman « Le cherche-bonheur » de l’américain Michael Zadoorian. Son premier film intégralement anglophone.

« Ce que j’aime le plus chez toi c’est que tes silences ne sont jamais gênants »

Comme le souligne le héros « les voyages sont un moyen de s’ouvrir l’esprit et de découvrir de nouveaux horizons ». Comme une sorte d’aventure ludique et joyeuse. Mais après avoir bien bourlingué et sillonné le pays tout au long de leur vie, il semble que le voyage touche à sa fin. Et si les voyages forment la jeunesse, la vieillesse elle est un bien vilain naufrage. Car en dépit de la complicité et de l’amour qui les unit, Ella et John accusent le poids des années. En effet, si le mot « maladie » ne sera quasiment jamais employé dans le film, on devinera très vite les maux dont souffrent les protagonistes : un cancer visiblement lourd pour Madame et un Alzheimer déjà bien avancé pour Monsieur. Alors quoi de mieux qu’une dernière virée en camping-car pour changer d’air ? Comme dans son précédent film, « Folles de joie », Paolo Virzi renoue avec sa passion des personnages cabossés par la vie ainsi qu’avec la thématique ô combien métaphorique de la route comme un échappatoire à une réalité devenue trop morose et sordide. « L’échappée belle » - du nom de baptême du camping-car - est ainsi un road-movie à la symbolique prégnante. C’est ainsi parce qu’il savent qu’ils arrivent au bout du chemin qu’Emma et John se lancent dans une dernière aventure. Une dernière virée pour profiter une dernière fois des belles choses que la vie peut vous apporter. Mais leur équipée sera aussi l’occasion d’un voyage dans le temps et de se remémorer les bons comme les mauvais souvenirs, diapositives à l’appui. Pour mieux partir l’esprit léger. C’est cependant un peu là que le bât blesse, le scénario ne pouvant s’empêcher d’enfiler maladroitement quelques poncifs un peu tire-larmes (la découverte quarante ans après de l’infidélité de John avec la meilleure amie du couple) qui privent par moment le film de cette tendresse et de cette authenticité qu’il recherchait désespérément. Ce qui ne saurait occulter complètement les séquences plus légères et savoureuses (Le contrôle de police, le braquage, l’abandon de John dans une maison de retraite miteuse). En creux, le film dessine également la fin de l’Amérique des trente glorieuses qui disparait définitivement dans une amusante scène de défilé pro-Trump. Un moyen de nous rappeler que le temps de l’insouciance et de la prospérité est définitivement derrière nous. Sans doute aurait-on aimé que le film sorte un peu plus des sentiers battus pour nous surprendre vraiment. Mais grâce aux toujours impeccables Donald Sutherland et Helen Mirren, la balade reste tout de même agréable.  

**

Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de la seule bande-annonce du film « Les bienheureux ».

Edité par ESC Editions, « L’échappée belle » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 mai 2018.

Le site Internet de ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.