Les conquérantes

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Condor Entertainment pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les conquérantes » de Petra Biondina Volpe.

« Je ne cherche rien ni personne. Je n’ai juste pas envie de finir femme au foyer dans ce bled peuplé de ploucs »

Woodstock, Flower Power, Révolution Sexuelle: trois ans se sont écoulés depuis mai 68 mais la vague de libération ne semble pas avoir atteint le petit village suisse d’Appenzell. En mère au foyer exemplaire, Nora ne conçoit d’ailleurs pas sa vie autrement. Pourtant, à l’approche d’un référendum sur le droit de vote des femmes, un doute l’assaille : et si elles s’affirmaient davantage face aux hommes ? À mesure que Nora propage ses drôles d’idées, un désir de changement s’empare du village, jusque chez les plus récalcitrantes…

« J’aimerai bien faire autre chose que le ménage »

Certains pays semblent parfois un peu hors du temps. Figé. Comme si le temps n’avait aucune prise sur eux. Alors que les luttes pour les droits des femmes auront émaillé tout le vingtième siècle, la plupart des pays occidentaux auront fini par accorder le droit de vote aux femmes au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Rare exception, la très conservatrice Confédération Helvétique où les idées sociétales neuves et modernes n’avaient toujours pas atteint les hauts alpages à la fin des années 60. Pour preuve, les femmes n’y obtiendront le droit de vote à l’échelle fédérale qu’en 1971, tandis qu’à l’échelle cantonale, il fallut attendre le début des années 90 (!) pour que les plus conservateurs n’accordent ce droit à leurs concitoyennes. Dans la foulée des récents films historiques centrés sur les luttes pour les droits des femmes (« Les suffragettes », « We want sex equality »...), la suissesse Petra Biondina Volpe s’intéresse à son tour au combat mené par les femmes de son pays afin d’obtenir ce droit d’expression fondamental.

« Le père est le seul responsable de ses enfants »

Prenant pour décor la petite localité montagnarde d’Appenzell, au fin fond du pays, le film nous replonge dans la vieille société suisse sclérosée et rigide d’alors. Une société machiste et patriarcale dominée par les hommes et dans laquelle la loi réduisait les femmes à un simple statut de faire-valoir, quelque part entre l’enfant et l’objet : pas le droit de travailler sans le consentement de son mari, par le droit de non plus de gérer de l’argent. Une vie au service du mari, des enfants, de la cuisine et du ménage. Jusqu’à ce que les femmes finissent par se rebeller contre leur condition et par se battre pour leur émancipation (juridique et sexuelle). Il était temps. De ce point de vue, l’hommage de la cinéaste à ces femmes est historiquement et politiquement important et opportun, surtout à une époque où les luttes perdurent toujours (notamment avec les mouvements de type #MeToo de lutte contre les harcèlements du quotidien). Reste que le cinéma suisse ressemble finalement beaucoup au cinéma allemand : tendre sur le fond, mais formellement assez froid et un peu austère. On regrette ainsi clairement que le film manque de cette petite touche de folie et d’humour raffiné qui fait, par exemple, tout le sel des comédies historiques anglaises. Un petit je-ne-sais-quoi qui aurait pu insuffler un peu de vie à des situations par ailleurs largement éculées (les femmes qui découvrent pour la première fois leur sexe dans un miroir, qui se mettent en grève, etc...). Une comédie historique symboliquement importante et franchement sympathique, mais qui reste à l’évidence un peu trop sage.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale allemande (5.1) ainsi qu’en version française (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné du module « Les coulisses du film : interview des membres de l’équipe ».

Edité par Condor Entertainment, « Les conquérantes » est disponible en DVD depuis le 24 avril 2018.

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