De Battre mon Coeur s'est Arrêté (2005) de Jacques Audiard

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après l'excellent "Sur mes Lèvres" (2001 - César du meilleur scénario) le réalisateur Jacques Audiard retrouve son co-scénariste Tonino Benacquista pour signer un remake du film "Mélodie pour un Tueur" (1978) de James Toback avec Harvey Keitel. Les deux hommes s'y attaquent après que le producteur Pascal Caucheteux, qui venait de produire "Assaut sur le Central 13" (2005) de Jean-François Richet et remake de (1976) de John Carpenter, ait demandé à Jacques Audiard si réaliser un remake pourrait l'intéresser... La réponse du cinéaste est donc ce film de Toback, qu'il qualifie pourtant ainsi : "c'est un peu la queue de la comète du cinéma indépendant américain des années 70. (...) Quand j'ai revu le film avec Tonino Benacquista, je me suis demandé si je ne lui avais pas survendu !"...

Le duo Audiard-Benacquista trouve le film trop datées, trop underground... La transposition en France oblige notamment à délaisser la classique mafia pour des marchands de biens escrocs et à délaisser le côté junkie du héros. Le personnage principal marchand de biens véreux et croyant en une seconde chance comme pianiste est incarné par l'excellent Romain Duris, son père est interprété par le charismatique Niels Arestrup (qui fera encore plus fort dans "Un Prophète" en 2009 toujours avec Audiard), la fiancée du père est jouée par Emmanuelle Devos (qui était le rôle principale féminin dans "Sur mes Lèvres"), la prof de piano est interprétée par Linh-Dan Pham, révélation de "Indochine" (1992) de Régis Wargnier et qui fait alors son grand retour après 10 ans d'absence. Les seconds rôles sont joués par des acteurs talentueux avec Aure Atika, Gilles Cohen, Jonathan Zaccaï et Mélanie Laurent dans un tout petit rôle. On suit Thomas Seyr (Duris), agent immobilier véreux qui va croire à une sorte de réorientation professionnelle après avoir revu un agent musical qui s'occupait jadis de sa mère pianiste. Mais c'est sans compter sur un caractère façonné par son milieu et son entourage corrompu.

Une idylle et un polar qui cache en fait un chemin vers la rédemption et vers un moyen de tourner la page. Une sorte de chemin initiatique sur le tard (le héros a 28 ans), comme pour dire qu'il est jamais trop tard. Audiard confirme avec ce film qu'il est définitivement un Grand avec un succès à la clef avec surtout 8 Césars et en prime l'honneur d'avoir été sélectionné comme programme de cinéma au Bac section littéraire entre 2014 et 2017. Pour l'anecdote, le titre est tiré de la chanson "La Fille du Père Noël" de Jacques Dutronc... A voir, à revoir et à conseiller.

Note :