La Mort de Staline

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine
Dans la nuit du 2 mars 1953, un homme se meurt, anéanti par une terrible attaque. Cet homme, dictateur, tyran, tortionnaire, c'est Joseph Staline. Et si chaque membre de sa garde rapprochée - comme Beria, Khrouchtchev ou encore Malenkov - la joue fine, le poste suprême de Secrétaire Général de l'URSS est à portée de main.

La Mort de Staline – 4 Avril 2018 – Réalisé par Armando Ianucci
Est-ce que vous savez qui est Malcolm Tucker ? C'est l'excellent personnage de Armando Ianucci, que l'on retrouve dans sa série « The Thick of it » et dans son film « In The Loop ». Il est à la politique ce que Gepetto est à Pinocchio, sauf que lui il te hurle la bonne conduite et que tu finis enseveli sous un torrent d'insultes, pendant que la personne la plus mal élevée au monde ne se trouvera pas si désagréable que ça au final. Malcolm est un personnage très fin, avec un vocabulaire recherché et un dévouement à toute épreuve. C'est ce qui m'a fait adorer « In The Loop », ou cette tornade filiforme incarnée par Peter Capaldi nous raconte la mascarade que fut la guerre de 2003 en Irak.
Depuis ce jour, pluvieux, ou j'ai découvert miraculeusement ce film au cinéma (Nous étions deux dans la salle ), j'attendais patiemment que Armando Ianucci nous regratifie d'une comédie aussi réussie et grinçante. C'est alors que la lumière est venue de France, d'une bande dessinée et de trois producteurs, qui proposèrent au réalisateur de porter à l'écran « La Mort de Staline ».

La Russie sous Staline n'est pas un long fleuve tranquille. Fort d'une police secrète efficace et qui ne manque pas une occasion de faire du zèle, le dirigeant de la Russie s’aménage un environnement dépourvu de toutes oppositions. De temps à autre, il invite chez lui les membres du politburo, comme Malenkov, Kroutchev ou Beria, pour un repas fortement arrosé. Un moment plein de joie et de partage ou chacun fait part d'une bonne anecdote, en veillant de ne pas finir sur l'une des listes de Beria, le chef du NKVD, Cette nuit là, Staline écoute un concerto, un magnifique concerto, quand il est victime d'une attaque. Les gardes à l’extérieur ne bougent pas, de peur d’être fusillés, car il ne fallait sous aucun prétexte le déranger, ne se doutant pas alors que leur leader était mourant …
Cette adaptation est tirée d'une bande dessinée française, en deux tomes créés par Fabien Nury et Thierry Robin. Elle raconte les luttes de pouvoir pour la succession de Staline. Les deux auteurs se saisissent de cet événement pour mieux capter l'horreur de cette époque ainsi que de l'absurdité des querelles intestines qui éclatent à la mort du « petit père du peuple ». Un sujet éminemment sensible qui ne pouvait que plaire à Armando Ianucci. Il s'entoure pour ça de collaborateurs réguliers avec qui il a déjà fait « In the Loop » ou encore ses deux séries « Veep » et « Thick of It », les scénaristes Peter Fellows, Ian Martin et David Schneider, pour un résultat à son image, pleines de caricatures et d'absurdités.
 
Et au final, j'ai était déçu, victime malgré moi du syndrome « Oh mon dieu, un cinéaste que j'adore, fait enfin un nouveau film et j’espère très fort qu'il sera aussi bien que le précédent », un syndrome qui ne prévient pas et qui vous gâche la découverte de certains films (l'O.M.S.C se penche toujours dessus et n'a pour l'instant trouvé aucun remède).


Malgré ça le film n'est pas mauvais pour autant. Le scénario m'a éclairé sur un instant dans la vie de l'URSS que je ne connaissais pas et qui met bien en lumière toute la complexité, parfois jusqu'à l'absurde de ces luttes de pouvoir, avec aussi cette volonté manifeste de montrer les aspects les plus basiques du régime soviétique. Ensuite Les costumes sont soignés, les décors sont réussis et les acteurs sont plutôt bien dirigés, même si ce sont des acteurs anglophones qui incarnent ces grandes figures russes.
Mais voilà d'un autre coté, je n'ai pas retrouvé le mordant de « In the Loop », que ça soit dans le rythme ou dans les dialogues qui sont parfois très réussis (j'en conviens) comme parfois vraiment plat. Et fait ainsi le film semble faire du surplace par instant, quitte a en faire trop, ou pire ne pas provoquer le rire! Un comble pourtant pour un film qui sait si bien manier par instant le verbe et l'humour noir, hélas ça ne tient pas tout à fait sur la longueur, un comble pour un film d'une heure quarante.
Une déception manifeste, toutefois il méritera une seconde vision, pour peut être mieux saisir l'ampleur du film, ou hélas être à nouveau déçu … Wait and see comme disait mon prof d'histoire …

"Poster réalisé par Colin Murdoch"