Jeudi 26 avril, AMERICA de Claus Drexel au Club de la Fourmi

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Jeudi 26 avril 2018à 18h30

Le Club de la Fourmi
AMERICA de Claus Drexel

Séance présentée par Flavien Poncet

Au cinéma Lumière Fourmi

Des échanges intéressants  en perspective au Club de la Fourmi autour de America de Claus Drexel !

Dans ce très réussi documentaire,  Claus Drexel nous livre un beau portrait de  l’Amérique des déclassés.


Toutes les informations pratiques sur www.cinemas-lumiere.com

AMERICA de Claus Drexel
États-Unis | 2018 | 1H22
Documentaire

Date de sortie : 14/03/2018

L’histoire 

Novembre 2016 : les États-Unis s’apprêtent à élire leur nouveau président.
AMERICA est une plongée vertigineuse au cœur de l’Arizona, à la rencontre des habitants d’une petite ville traversée par la Route 66, les héritiers cabossés du rêve américain qui nous livrent leurs espoirs et leurs craintes.

A propos du film

Claus Drexel et son complice le photographe Sylvain Leser débarquent à Seligman, bourgade de quatre cent cinquante habitants au fin fond de l’Ari­zona, situé tout près de la mythique route 66 ,  un mois avant l’élection de Donald Trump. L’Amérique profonde, celle des ex-pionniers et des derniers cow-boys. Ici,  nous sommes loin de New York avec ses « contestataires mondains »,  de  Washington pourrie par la présence des politiciens affairistes..

Sur les deux candidats  les opinions divergent. Certains sont  pro-Trump,  d’autres progressistes ou désintéressés de la politique américaine. Mais l’on note, une haine sourde et tenace contre Hillary Clinton, cette « meurtrière » dénoncée en chaire par le prédicateur de l’église du Calvaire. Tous la soupçonnent de vouloir s’attaquer au droit fondamental de chaque citoyen américain : porter une arme où et quand il veut. Donald Trump est très présent. A plusieurs reprises, des extraits de ses discours sont diffusés sur des images comme celles d’une femme faisant son ménage

Claus Drexel donne  la parole aux Américains déclassés de l’Arizona, fermiers, Cow-boy, anciens vétérans, employés qui ont le sentiment de vivre dans une Amérique au bord du précipice. Claus Drexel ne juge pas les hommes et les femmes qui se succèdent devant sa caméra mais dresse un  constat stupéfiant. Tous ou presque expriment un désespoir profond, une absence de foi en l’avenir, et le sentiment d’appartenir à une classe sociale en voie d’extinction. Les plans larges de Sylvain Leser cadrent les splendides étendues du Grand Canyon de l’Ouest américain et montrent les signes d’une grandeur perdue : mobile homes abandonnés, carcasses de voitures de luxe pourrissant au soleil.

Le droit à l’autodéfense est très présent dans cette petite ville où le premier poste de police se trouve à plus de 100 km.  George pose fièrement avec sa quarantaine de fusils et ­carabines, et se vente ses qualités de précision au tir. Sandy, ex-vétérante du Vietnam, ­détaille les charmes d’un Ruger 22 , qu’elle a baptisé « Beauté noire » et dont elle ne se sépare jamais.  John le barman explique : « Je suis victime d’un mauvais coup. J’appelle la police. Elle met deux heures à venir, si elle vient. Vous m’enlevez mon arme, je ne suis plus protégé. »

De nombreux thèmes sont abordés, comme celui de l’immigration. Des américains de la première heure s’insurgent contre l’immigration actuelle qui n’amène sur leur territoire uniquement des personnes refusant de respecter les fondement du rêve américain : la réussite par le travail. Quelques images plus-tard, apparaît à l’écran, un couple de latino, propriétaire d’un motel, très fier d’avoir réussi, grâce à un dur labeur.

Comme dans son précédent documentaire Au bord du monde  (2014), Claus Drexel crée une empathie avec les êtres qu’il rencontre. Il dresse sans porter de jugement de beaux portraits de ces laissés-pour-compte de l’Amérique qui souhaitent un renouveau du Rêve américain. Ses personnages sont tous attachants, généreux, touchant, malgré les propos pro-arme, anti migrants qu’ils peuvent proférer.

Le réalisateur Claus Drexel
Après Affaire de Famille avec André Dussollier et Miou-Miou (2008), puis Au Bord du Monde, un documentaire sur les sans abri parisiens (2014), America est le troisième long-métrage de Claus Drexel. Par ailleurs, il a dirigé la mise en scène de la Passion selon Saint Matthieu de JS Bach au Cirque d’Hiver de Paris, avec Didier Sandre dans le rôle de l’évangéliste (2012).