L'été de Kikujiro

Un grand merci à La Rabbia pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’été de Kikujiro » de Takeshi Kitano.

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« Il n’a pas l’air très joyeux ce gamin »

Masao s’ennuie. Les vacances scolaires sont là. Ses amis sont partis. Il habite Tokyo avec sa grand-mère dont le travail occupe les journées.

Grâce à une amie de la vieille femme, Masao rencontre Kikujiro, un Yakuza vieillissant, qui décide de l’accompagner à la recherche de sa mère qu’il ne connait pas.

C’est le début d’un été pas comme les autres…

« Quand on sera chez ta mère, tu me présenteras bien et tu lui diras combien j’ai été gentil et généreux avec toi »

Kikujiro

Né au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le japonais Takeshi Kitano se fait connaitre dans les années 70 puis dans les années 80 pour ses qualités d’humoriste qui lui valent de devenir une star de la télévision locale. Un succès qui attire l’attention des réalisateurs et qui lui ouvre progressivement les portes de l’industrie cinématographique. Remarqué pour son second rôle dans le célèbre « Furyo » (1983) de Nagisa Oshima, il enchaine ensuite les seconds rôles jusqu’à remplacer au pied levé le réalisateur Kinji Fukasaku sur le tournage du film « Violent Cop » (1989) dont il est également l’acteur principal. Le film, qui fait de lui une star, marque également ses débuts de réalisateur. Prolifique au cours des années suivantes, Kitano se spécialise dans les films de yakuza dans lesquels il impose son style, mélange de violence crue et stylisée, d’humour noir et de lyrisme désenchanté (« Sonatine », « Kids return »). La consécration venant avec « Hana-bi » (1997) qui obtient le Lion d’Or du Festival de Venise.

« Un adulte ça doit risque sa vie pour les enfants »

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Son film suivant, « L’été de Kikujiro » (1999), marque un tournant dans la carrière du cinéaste. Celui-ci s’offrant pour l’occasion une sorte de pause récréative en délaissant pour un temps l’univers violent des yakuzas pour celui de l’enfance. Porté par la formidable musique de Joe Hisaichi, le film prend ainsi la forme d’un road-movie estival à travers les routes du Japon dans lequel un yakuza bourru et bas-de-plafond accompagne un jeune garçon mélancolique et introverti à la recherche de sa mère qu’il n’a jamais vu. Construit comme un album photo, chaque chapitre est l’occasion de nous raconter, par le biais d’anecdotes cocasses et décalées, une petite part de leur voyage et des rencontres qui ponctueront leur odyssée. Mais le voyage sera avant tout initiatique pour les deux personnages qui apprendront à s’apprivoiser et à prendre soin l’un de l’autre, sans mot dire et à leur manière. Il faut dire que les deux personnages se ressemblent en bien des points : le plus jeune, du haut de son innocence, rêve encore de retrouver des parents qui l’ont abandonné, tandis que le second voit dans le premier l’enfant solitaire et mal-aimé qu’il fut. Ces deux solitudes partageront d’ailleurs la même fatalité et tandis que Masao ne retrouvera pas sa mère, Kikujiro renoncera finalement à aller voir la sienne, comme un symbole d’amertume envers des géniteurs sans doute démissionnaires et pas à la hauteur, préférant offrir à son petit protégé des moments d’amusement mémorables pour préserver son innocence et dissiper son chagrin. Prenant des chemins de traverse inattendus, Kitano signe un ici un joli conte doux-amer, révélant une part de tendresse qu’on ne lui soupçonnait pas.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée, en version originale japonaise (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Jam Session » : making of (93 min.), Takeshi Kitano à Cannes en 1999 : entretien réalisé par Yves Montmayeur (7 min.) et d’une Bande-annonce version restaurée.

Edité par La Rabbia, « L’été de Kikujiro » en édition limitée digibook, comprenant le blu-ray et le DVD du film, le CD de la musique du film signée Joe Hisaichi ainsi qu’un livret de 40 pages, depuis le 4 avril 2018.

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