[Critique] – « Les Garçons Sauvages » de Bertrand Mandico.

[Critique] – « Les Garçons Sauvages » de Bertrand Mandico.

Des films français comme celui-ci, on n'en voit que très peu, croyez-nous. S'étant déjà illustré au cinéma avec ses courts-métrages, le cinéaste Bertrand Mandico signe un premier long-métrage mutant où l'on y voyage comme dans un rêve sans fin.

A première vue, Les Garçons Sauvages se présente comme un croisement entre Orange Mécanique et Sa Majesté des mouches. Une bande d'adolescents adeptes de Shakespeare et de délits en tout genre, tel un groupe de Droogies, est envoyée illico presto à la merci du Capitaine, étrange tyran bourru et violent, afin de les rendre docile pour la société. C'est alors que cette ré-éducation violente prend une tournure des plus hallucinogènes sur une île mystérieuse...

Car Les Garçons Sauvages est hors-norme sur la mutation des corps. Véritable ode à la féminité, le film se mue en même temps que ses personnages. D'une plasticité dense, l'impression d'assister à un rêve éveillé se confirme de plus en plus. L'imagerie propre au symbolisme du film n'y va pas de main morte, la vision de branches d'arbres phalliques ou de fruits poilus et juteux ne laisseront pas les spectateurs indifférents. Mais c'est dans cela que réside la magie du film de Mandico : Il crée sa propre nature, son propre environnement où le tout devient sensoriel. On assiste à un film où la crasse côtoie le sublime à tout instant, d'une force brute à montrer la saleté des corps.

Mais là où le film touche la grâce absolue, c'est dans sa représentation du genre. On a dit que Les Garçons Sauvages était un film de la métamorphose, ce qui est confirmé par ce que traversent ces personnages, s'ouvrant de plus en plus à la féminité en voyant leurs corps changés par cet île. Evitant cependant le discours militant, le film se pose comme un conte merveilleux sur la liberté qu'a chacun de changer son corps et son sexe comme il le souhaite. Le choix de casting est une véritable ode à l'androgynie : 100 % féminin pour jouer cette bande sauvage, nous pouvons ainsi voir Vimala Pons, Diane Rouxel et Mathilde Warnier briller à l'écran dans ces rôles sans barrières.

Sensationnel, Les Garçons Sauvages est une oeuvre inclassable et peu enclin à susciter l'unanimité. Cependant, une proposition de la sorte se fait rarement au cinéma, encore moins en France. Le film de Bertrand Mandico est une oeuvre que vous adorerez à tout instant ou qui vous donnera l'envie de fuir au bout de cinq minutes de film, il serait tout de même dommage de ne pas tenter cette expérience folle...

Victor Van De Kadsye