La forme de l’eau – 12,5/20

La Forme de l'eau - The Shape of Water : AfficheDe Guillermo del Toro
Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins

Chronique : La Forme de l’eau est une jolie fable, un conte merveilleux et candide qui verrait Amélie Poulain jouer la Belle et la Bête. Hymne à la tolérance naïf mais à l’esthétique très prononcée, le nouveau film de Guillermo Del Toro s’appuie sur un imaginaire foisonnant rétro et kitch et un souci du détail remarquable, que ce soit dans un production design irréprochable, soignée et immersif, ou le choix de la bande son qui transforme parfois le film en une sympathique comédie musicale. Son univers gothique un brin enfantin ne cache cependant pas un récit un peu étriqué, au cœur duquel des personnages monolithiques ont du mal à évoluer. Michael Shannon est une caricature de lui-même dans un rôle de méchant pervers et violent sans nuance, excessif et fatiguant, tandis que Sally Hawkins est certes touchante dans le rôle de la Elisa, mais son personnage de femme de ménage muette offre peu de surprise et d’aspérités. Les personnages secondaires sont quant à eux des caricatures servant de faire-valoir, et nous éloignent du cœur du film, l’étrange relation amoureuse naissante entre Elisa et la créature. Le propos se veut politique ou du moins revendique une vision progressiste qu’on ne peut que partager, mais enfonce de fait des portes ouvertes de façon peu subtile.
Del Toro agrémente par ailleurs le scénario de scènes de nudité ou de violence dont on peut questionner la nécessité, alors que l’histoire est franchement naïve. D’autant plus qu’il semble rechigner à vraiment creuser ou approfondir le rapprochement entre Elisa et la bête, qu’on doit très vite accepter comme un fait.
La Forme de l’eau est formellement une réussite. Il offre un univers riche et singulier, traversé d’un onirisme incontestable. Il peine cependant à émouvoir et à dépasser ses belles intentions, engoncé dans une histoire attendue, inutilement prolongée par de faibles intrigues secondaire et au final peu spectaculaire.
C’est mignon, mais de là à cumuler 13 nominations aux Oscars…

Synopsis : Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…