Lady Bird : La difficulté de quitter son nid.

Lady Bird :  	La difficulté de quitter son nid.

Une future étudiante se projette constamment à vivre dans une fac prestigieuse sans accepter les difficultés que cela encourt chez sa famille. Pour cette réalisation, la comédienne Greta Gerwig signe un prequel spirituel à Frances Ha extrêmement attachant.

Depuis quelques années, Greta Gerwig n'a jamais cessé d'éblouir le cinéma indépendant américain. Ses multiples collaborations avec les cinéastes Noah Baumbach et Joe Swanberg lui ont permis de faire ses preuves pour ensuite participer à des projets de plus grands ampleurs tels que le Jackie de Pablo Larrain ou prochainement, le film d'animation de Wes Anderson. C'est alors dans une suite logique que la comédienne renoue avec la réalisation (une collaboration avec le cinéaste avec Joe Swanberg lui avait déjà offerte une première expérience) pour raconter une histoire qui lui tient définitivement tant à cœur.

Puisqu'il faut prendre Lady Bird comme l'adolescence spirituelle du personnage culte ayant fait connaître sa réalisatrice au public, Frances Ha. Né en parti grâce à des morceaux rejetés du film de Noah Baumbach, Lady Bird raconte aussi une histoire d'émancipation lorgnant vers l'entre-deux. Frances souhaitait vivre le job de ses rêves en vivant avec sa meilleure amie pour toujours tandis que Lady Bird, elle va espérer quitter son nid familial pour les études de ses rêves sans se préoccuper des difficultés financières de sa famille. Dans ces périodes d'entre-deux, l'héroïne Gerwigienne va quand même vivre des expériences douces-amères et en traitant de la période de l'adolescence, Greta Gerwig arrive sans difficulté à toucher son spectateur par l'authenticité de ses personnages. Jamais dans la facilité des archétypes, elle va notamment ausculter ces personnages si attachants par leurs tendresses respectifs. Même un personnage aussi agaçant que celui joué par Timothée Chalamet nous paraît vraisemblable tant on pouvait tant en croiser lors de nos études.

Mais là où Lady Bird frappe fort, c'est dans sa simplicité à parler des sentiments familiaux. La photographie de Sam Levy (déjà responsable de précédents films de Baumbach, ainsi que de l'exceptionnel Wendy & Lucy de Kelly Reichardt) pourrait paraître comme une marque de coquetterie que certains reprocheraient à tort à ce nouveau cinéma indépendant propulsé par la boîte A24. Ce serait être aveugle quant à cette nécessité de Gerwig de rendre cette histoire accessible à tous. Le grain du 35mm et l'action situé en 2002 illustrent le vécu de la comédienne dans ce récit mais permettent aussi l'intemporalité de ces événements auxquelles chaque personne peut être confronté un jour ou l'autre. La relation entre Lady Bird et sa mère, (joué par l'impeccable Laurie Metcalf) sera l'un des piliers phares du film où la pirouette des sentiments donnera envie à tous de dire à nos parents qu'on les aiment malgré toutes les disputes possibles.

Drôle et incisif, le phénoménal Lady Bird séduit par la sincérité gracieuse qu'apporte Gerwig au sein du genre du teen-movie. Saoirse Ronan y a trouvé le rôle de sa vie tandis que les comédiens gravitant autour d'elle ne manquent pas de crever l'écran. Greta Gerwig laisse sa trace en tant que réalisatrice importante du nouveau cinéma indépendant américain en plus d'en être son égérie en tant qu'actrice. Un film modeste mais au grand coeur, à voir de toute urgence.

Victor Van De Kadsye