Le Crime de l'Orient-Express (2017) de Kenneth Branagh

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Kenneth Branagh est partout, du film d'espionnage à l'américaine avec "The Ryan Initiative" (2014) au conte Disney avec "Cendrillon" (2015) voici que le maitre Es Shakespeare par excellence se lance dans la seconde adaptation d'une des plus grands classiques de Agatha Christie, la première étant l'excellent "Le Crime de l'Orient-Express" (1974) de Sydney Lumet. Rappelons pour l'anecdote que la romancière s'était inspiré de deux affaires véridiques, l'enlèvement du fils de Charles Lindbergh et l'incident du Simplon-Orient-Express bloqué par un blizzard en 1929. A l'origine les producteurs avaient d'abord collaboré avec Ridley Scott avant que ce dernier ne continue seulement qu'en tant que producteur. Le scénario est confié à scénariste Michael Green qui offre une année tonitruante après avoir signé les scénarios des excellents (2017) de James Mangold et "Blade Runner 2049" (2017) de Denis Villeneuve.

Pour ce huis clos ferroviaire il faut évidemment un casting de prestige et, il faut bien l'avouer, le premier intérêt du film réside dans cette pléïade de stars. En effet, l'histoire est déjà bien connue... Outre Kenneth Branagh lui-même en Hercule Poirot, on peut ainsi citer pêle-mêle Michelle Pfeiffer, Judi Dench, Daisy Ridley, Willem Dafoe, Penelope Cruz, Johnny Depp, Derek Jacobi, Olivia Colman et Lucy Boynton... Pour l'histoire aujourd'hui mondialement connue la difficulté était d'y intéresser la jeune génération (dixit Branagh lui-même) et pour se faire, l'équipe s'est entendu avec la société Agatha Christie Ltd, propriétaire des droits, pour modifier un peu le récit à commencer par le remplacement du personnage de Greta Olson par Pilar Estravados (Cruz) et la création du personnage de Biniamino Marquez. Branagh explique ainsi : "Dans le cadre de nos efforts -très plaisants ! - pour surprendre les gens,..."... Franchement, ces changements sont aussi minces qu'inutiles, ça ne change rien sur le fond et c'est aussi vain que décevant de dénaturer une oeuvre originelle si importante pour un résultat final qui n'apporte rien. Si on regarde les chiffres de fréquentations en salles on s'aperçoit que les jeunes ne se sont pas déplacer pour voir le film, oui Kenneth Branagh n'est pas Guy Ritchie, la modernité ou l'innovation n'est pas le fort du cinéaste trop engoncé dans son style trop shakespearien. Et pourtant Branagh n'est pas exempt d'une véritable ambition. Il tourne le film en 65mm, chose devenue très rare (caméra imposante pour pellicule de haute qualité d'image pour faire simple te court) à tel point que la production a réussi une jolie collaboration avec Kodak pour rouvrir un labo spécial inédit depuis 30 ans au Royaume-Uni ! On notera également le plus long plan en steadicam jamais réalisé en 65mm pour la scène aux tous les protagonistes arrivent à la gare.

Néanmoins, Branagh se regarde trop incarner Poirot, ravi qu'il est de son jeu et de son film. Le réalisateur-acteur est content, on l'est pour lui mais malheureusement le film est beaucoup trop académique pour surprendre tandis qu'à force de se regarder faire il délaisse un casting pourtant aux petits oignons. Branagh est omniprésent et se limite à offrir un défilé où chacun des protagonistes à sa petite séquence. Le cinéaste avoue avoir voulu remettre au goût du jour cette histoire mais il en fait un simple policier version old school qui manque de rythme et de personnages plus étoffés. On tentera de ne pas sourire par cette cène haut combien ridicule qui fini par démontrer que Kenneth Branagh n'est pas toujours exempt de fautes de goût. Conclusion, un film élégant et classieux mais pompant et trop égocentré.

Note :