La course du lièvre à travers les champs

Un grand merci à Tamasa Distribution pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La course du lièvre à travers les champs » de René Clément dans le cadre de la sortie du coffret « René Clément : les années thriller ».

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« Ce que je faisais là-bas ? Je rêvais que je n’y étais pas ! »

Pour échapper aux gitans qui le traquent, Tony prend la tangente et se réfugie à Montréal. Là, il est témoin d’un règlement de comptes entre truands. Ces derniers l’enlèvent, d’abord dans l’intention de le supprimer. Mais, peu à peu, en se faisant passer pour un cador et en séduisant son petit monde, ils intègrent le jeune homme à leur bande.

« Je sais où on est ton argent mais je ne te dirais rien. Le fait de ne rien dire fait de moi un homme précieux ! »

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En 1972, René Clément à 59 ans. Après avoir enchainé les succès durant toute la décennie précédente (« Plein soleil », « Les félins », « Paris brûle-t-il ? », « Le passager de la pluie »), sa carrière connait une sorte de coup d’arrêt suite à l’échec cuisant de son film précédent, « La maison sous les arbres ». Souhaitant rapidement tourner la page, il se lance à peine quelques semaine plus tard dans un nouveau projet, « La course du lièvre à travers les champs », libre adaptation du roman « Vendredi 13 » de David Goodis, pour lequel il retrouve le scénariste Sébastien Japrisot, avec qui il avait déjà collaboré sur « Le passager de la pluie ». L’occasion pour ce cinéaste à la réputation internationale de s’offrir son premier - et unique - tournage nord-américain, plus exactement situé à Montréal, avec en prime un formidable casting international, porté par le jeune Jean-Louis Trintignant, l’italienne Lea Massari et les américains Robert Ryan, Aldo Ray et Tisa Farrow.

« J’ai connu une fois un type qui s’était laissé prendre son arme : il n’a pas eu le temps d’avoir peur »

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« La course du lièvre... » évoquée dans l’étrange titre fait référence à une anecdote racontée à la fin du film par l’un des héros, comme une sorte de fable malicieuse pour laisser croire qu’il est toujours possible d’échapper à son destin, même quand tout semble perdu. Pourtant, c’est bel et bien le thème de la fatalité qui est au cœur de ce récit. A l’image du héros, qui parvient après une folle course poursuite à échapper à la vengeance d’une bande de gitans et qui se retrouve finalement à la merci d’un autre groupe de malfrats. Le film se construit alors en deux actes distincts et plutôt inégaux. Le premier est ainsi un huis-clos dans lequel le héros se livre à un subtil jeu de séduction auprès de ses hôtes de circonstance afin de gagner leur confiance et surtout de sauver sa peau. Avec ses personnages hauts en couleurs et ses tours de passe-passe (le numéro d’équilibre pour construire une tour en cigarettes), la tonalité y est étrangement légère même si la mort rode au coin. Le second acte est lui davantage classique et crépusculaire, avec la planification et la réalisation d’un improbable casse au siège de la police, où finalement chacun sera rattrapé par le destin qu’il espérait fuir et par ses vieux démons. La superposition avec les images d’enfants nous rappelant que tout cela - la vie, les braquages, le destin - n’est au fond qu’un jeu. On y retrouve non sans plaisir la patte particulière de Japrisot et son goût pour les amitiés viriles et une certaine forme désuète de l’honneur, comme c’était déjà le cas dans « Adieu l’ami » qu’il avait scénarisé quelques années plus tôt pour Jean Herman. Le film vaut aussi beaucoup pour son formidable casting et notamment pour l’association entre le jeune premier Jean-Louis Trintignant (ici un peu à contre-emploi) et Robert Ryan, la vieille gloire sur le retour. Si le film a un peu vieilli, il reste néanmoins encore très plaisant à voir.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0). Aucun sous-titrage n’est proposé.

Côté bonus, le film est accompagné de « Retour à l’enfance » Partie 2, présentation du film par Jean-Marie David Lerbet (22 min.).

Edité par Tamasa Distribution, « La course du lièvre à travers les champs » est disponible en DVD au sein du coffret « René Clément : les années thriller », qui comprend également « Le passager de la pluie » et « La maison sous les arbre », depuis le 7 novembre 2017.

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