VIRGINIA FLY IS DROWNING d’Angela Huth

Par Amandine97430

Calme, intelligente et sage, Virginia Fly, institutrice, est toujours vierge à trente et un ans. Ce qui ne l’empêche pas de nourrir des pensées d’une intensité que sont loin d’imaginer ses parents, chez qui elle vit. Son prétendant Hans, un professeur plus âgé, et son correspondant américain, Charlie, sont eux aussi bien loin des fantasmes de Virginia. Quand Charlie lui annonce sa venue en Angleterre, elle n’ose espérer qu’il puisse réaliser ses rêves enflammés.
Et pourtant son arrivée coïncide avec la diffusion à la télé d’un reportage sur Virginia, qui voit soudain s’offrir à elle une pléthore d’opportunités de perdre sa virginité. Mais est-il une seule d’entre elles – y compris Ulick Brand, ce délicieux inconnu – qui pourra combler ses attentes ?

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Je désespérais de voir la médiathèque de ma commune s’acquérir des œuvres d’Angela Huth. Une auteure trop souvent méconnue et peu distribuée en général. Aussi, quand j’ai vu son dernier ouvrage ( datant de 1972 je le découvre à l’instant ) sur les rayonnages, je me suis dit intérieurement qu’on était fait pour se retrouver. Je ne saurai pas vraiment vous dire à quel point ce livre a résonné en moi. Et, pourquoi.

Sans doute parce que nous avons tous en nous une vie rêvée, idéale. Là, dans un petit coin de notre tête. Le fruit de notre imagination, de nos fantasmes. Son prix aussi. La réalité n’en est que cruelle tout comme les désillusions amères qui l’accompagnent. Virginia Fly rêve d’un amour qui la transporte, la transverse. Un amour parfait, le vrai. Celui qui vous tombe dessus une unique fois. Un amant fougueux qui la ravira de ses parents, de son job ennuyeux d’enseignante. De cette vie monotone sous contrôle.

Nous remplissons l’apparence physique de l’être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l’aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part….. »

L’auteure dissèque avec une rare intelligence la pression sociale de part et d’autre. Les attentes de chacun vis à vis de Virginia. Une héroïne à la croisée des chemins. A presque 32 ans et toujours vierge, elle va devoir faire un choix. Entre la Virginia que les autres attendent qu’elle soit, celle qu’elle rêve de devenir et ce qu’elle est véritablement. Tous les espoirs sont permis. Soyons fous mais pas trop quand même.

Cette histoire dont les indices temporels sont minces m’ont fait penser à une autre grande dame de la littérature anglaise, j’ai nommé Jane Austen. C’était d’ailleurs assez troublant par moment. Ne serait-ce que Mme Fly qui tout d’une Mme Bennett. Obnubilé par le mariage, par les convenances détonnant au côté d’un Mr Fly plus diplomate plus en retrait. Tandis que Virginia m’a rappelé Catherine Morland si je m’en tiens au téléfilm vu. Ce côté rêveur, , enflammé ; parfaisant son éducation dans des ouvrages passionnés. Une Emma parfois aussi orgueilleuse ; et, un chouia la digne héritière d’Elizabeth Bennett.

J’ai renoncé à espérer, reprit-elle. C’est beaucoup mieux. On peut s’épanouir, vous savez, à se réjouir à l’avance des petites choses dont on est sûr qu’elles se produiront. C’est beaucoup moins sinistre que d’espérer de plus grandes choses qui risquent de ne jamais survenir.

Au fur et à mesure de ma lecture, un autre roman s’est imposé de lui-même : La fille perdue de D.H. Lawrence. Deux femmes qui tentent par tous les moyens d’échapper à leur milieu social. Au projet que ce dernier mijote pour elles. Forcées de choisir un mari dans une société où une femme ne doit et ne peut rester seule. Elles se veulent maître de leur destinée, elles le croient dans une certaine mesure. Mais, y a t-il vraiment un libre arbitre quand le jour de son mariage, elle se dit   » Virginia Fly se noie*  » ?

( * Titre original d’ailleurs )

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