Van Gogh (1991) de Maurice Pialat

Entre "Sous le Soleil de Satan" (1987) et "Le Garçu" (1995), Maurice Pialat se lance dans le genre biopic en s'intéressant à Vincent Van Gogh (1853-1890) où, plus précisément aux 70 derniers jours de sa vie. Pour incarner le fameux peintre les noms de Lambert Wilson, Daniel Auteuil et Jean-Hugues Anglade ont été cité avant que le rôle ne soit dévolu finalement au Chanteur-acteur Jacques Dutronc alors dans une phase alcoolo-dépressive importante. Dutronc a accepté le rôle aussi pour s'en servir comme un moyen de s'en sortir.

Van Gogh (1991) de Maurice Pialat

Ce dernier succède donc ainsi à Kirk Douglas dans "La vie passionnée de Van Gogh" (1956) de Vincente Minnelli tandis que Pialat signe ce film dans une année faste puisque deux autres films ont pour sujet Van Gogh avec "Vincent et moi" (1991) de Michael Rubbo avec Tcheky Karyo et "Vincent et Theo" (1991) de Robert Altman avec Tim Roth... Outre Dutronc on notera que Bernard Le Coq incarne Theo Van Gogh (frère) tandis qu'on remarquera la jeune Elsa Zylberstein en début de carrière, dans un rôle qui la révèlera au grand public et grâce auquel elle obtiendra le prix Michel Simon et une nomination aux Césars du meilleur Espoir féminin. S'ils s'agit officiellement d'un biopic Pialat prend pourtant de nombreuses libertés avec les faits réels et choisit bien des facilités et raccourcis. Par exemple l'histoire se déroule à l'été 1890, on se demande alors pourquoi Van Gogh a toujours son oreille gauche (qu'il se sectionne en 1888) ?! On pourrait également noter l'anachronisme de la chanson (magnifique soit dit en passant) de "La Butte Rouge" qui est une chanson de 1919 sur un épisode de 14-18 et non pas de 1870. La séquence de la balle dans le ventre est tout aussi ré-agencée (dans les faits il rentre seul et est découvert agonisant dans son lit). L'idylle avec la fille du médecin.. Bref, le réalisateur-scénariste prend des libertés qui ne sont ni excusables ni raisonnables car ces modifications ne servent à rien dans l'évolution du récit, alors même que les faits n'auraient assurément pas dénaturés le film. Mais le plus embêtant c'est que Pialat fait du peintre un exemple typique de la peinture française alors que Van Gogh est un peintre néerlandais qui n'arrive en France qu'en 1886 !

Van Gogh (1991) de Maurice Pialat

C'est bien dommage car Pialat délaisse entre autre complètement le processus artistique du peintre et ne se focalise que sur une idylle qui n'a par ailleurs jamais existée ! Une idylle qui reste le fil rouge tandis que Van Gogh tombe peu à peu dans une détresse psychologique dur surtout à une consommation d'absinthe importante qui n'est qu'à peine effleurée ici. Les acteurs sont excellents, et outre Dutronc on apprécie les performances des actrices. A côté de tout ça Pialat signe un magnifique tableau d'époque avec quelques séquences qui touchent à la grâce. Néanmoins ce film serait certe excellent si le sujet n'était pas Van Gogh. Si le peintre n'était pas au centre des intentions et des attentions de Pialat il n'avait qu'à imaginer un peintre fictif ! Malgré tout le film sera un succès (1 million 300 et des poussières au box-office) et un César pour Dutronc (12 nominations aucun pour Pialat !) et reste avec une belle postérité. Le film reste pour autant un peu surestimé.

Note :

Gogh (1991) Maurice PialatGogh (1991) Maurice Pialat

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