La Forme de l’Eau – the Shape of Water, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Guillermo Del Toro est un magicien et il le montre encore en début d’année avec La Forme de l’Eau (the Shape of Water en vo), autant hommage que film personnel, histoire d’amour monstrueuse à juste titre récompensée à Venise en Septembre dernier !

Les films de Guillermo Del Toro se suivent et ne se ressemblent pas, tout en partageant toujours le même univers et une passion commune pour les monstres. Du blockbuster au film intimiste, de l’adaptation de comics à l’hommage au film gothique, des fantômes aux créatures plus humaines que les humains, le réalisateur mexicain fait à chaque fois preuve d’autant d’audace que de respect pour ceux qui l’ont précédé.

Vous l’aurez compris, à travers ces quelques lignes, on adore les films et l’univers fantastique de Guillermo, et ce n’est pas son prochain film, the Shape of Water qui va nous faire changer d’avis. Cette fois, il prend place au début des années 60 et prend pour héroïne Elisa, jeune femme de ménage muette qui travaille dans un laboratoire secret et dans lequel est enfermée une étrange créature. Entre ces deux êtres perdus, une romance va naitre.

Le meilleur de Guillermo Del Toro

Évidemment nous restons ici dans l’univers du réalisateur avec un récit articulé comme un conte de fées dans un monde en mutation (une introduction en voix off et nous indiquant ce qui nous attend, à l’instar du Labyrinthe de Pan ou de Crimson Peak), une créature fortement influencée (un habile hommage à l’Étrange Créature du Lac Noir), des êtres toujours un peu en marge (dans le cadre des 60’s, s’intéresser à une femme muette, à une femme de couleur et un voisin homosexuel loin des clichés est un choix fort) et un monstre qui se cache forcément dans un être humain. Tous les passionnés du cinéaste seront donc dans leur éléments et plongeront avec plaisir dans ce récit.

Et du côté de l’histoire, Del Toro sera toujours aussi efficace, épousant en permanence « la forme de l’eau », avec un récit d’une fluidité désarmante qui ne se contente pas de voir une romance dans un laboratoire mais va aussi la rendre secrète dans un appartement, mêlant habilement le monstre et l’espionnage de la guerre froide pour nous offrir quelque chose d’unique et sincère. Et pour cela, le réalisateur enchaîne des séquences d’une beauté romanesque folle et parfois même inattendue.

Aussi fluide que les cours d’eau

Appuyé par une bande-originale réussie d’Alexandre Desplat aussi fluide que le film, the Shape of Water est alors un fantastique hommage au cinéma classique (l’héroïne habite au dessus d’un cinéma, l’esprit du film musical habite le film) avec une interprétation personnelle toujours aussi sincère et passionnante. C’est sans doute aussi pour cela que le film a remporté le Lion d’Or à Venise et qu’il sera très certainement mis en avant pour les Oscars.

L’autre raison, c’est son casting impeccable et touchant. Sally Hawkins est ici incroyablement touchante en femme blessée qui trouve dans cette créature un alter ego et c’est parce qu’elle croit à cette romance que nous allons aussi y croire et qu’elle nous paraitra naturelle. Face à ce visage rempli d’innocence, Michael Shannon campe l’un des personnages les plus monstrueux du cinéaste alors qu’Octavia Spencer et Richard Jenkins excellent en points de repères et appuis dans cette histoire.

Rempli d’émotion et d’idées qui dénotent derrière une réalisation en apparence classique, la Forme de l’Eau est donc un fantastique film qui résonne en tête et dans lequel on replongera régulièrement. Merci Mr Del Toro.