VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER (Critique)

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SYNOPSIS: 1968. Mike, Steven, Nick, Stan et Axel travaillent dans l'aciérie du bourg de Clairton, Pennsylvanie, et forment une bande très liée. À Clairton, les histoires de coeur vont bon train : Steven épouse Angela, bien qu'elle soit enceinte d'un autre, et Nick flirte avec Linda qui semble troubler Mike. Mais cette tranquilité est rattrapée par la guerre du Vietnam lorsque Mike, Steven et Nick sont mobilisés pour partir au combat...

1979, quatre ans après la fin du conflit vietnamien, la génération du Nouvel Hollywood décida de s'attaquer frontalement et de manière magistrale au sujet qui enflamma l'opinion américaine pendant plus d'une vingtaine d'années. C'est sans surprise que Le Retour de Hal Hashby gagna les Oscars du meilleur acteur, de la meilleure actrice et du meilleur scénario tandis que Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino fut récompensé avec les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur second rôle. Se déroulant sur plus de 3 heures, ce triptyque sous forme de fresque humaniste deviendra le plus grand film jamais réalisé sur cette guerre. Il est aussi intéressant de noter que le grand Steven Spielberg ait décidé après plus de 45 ans de carrière de ne traiter de la Guerre du Vietnam dans son The Post que maintenant alors que ses compères des 70's avait tous pris le temps de décliner cette thématique des années auparavant.

VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER (Critique)

Les multiples intérêts de ce film résident dans la description minutieuse de la classe ouvrière qui partit et mourut au combat et des conséquences psychologiques et familiales désastreuses de ce conflit. La première partie nous transporte dans l'Amérique des working class heroes, ces oubliés du rêve américain, travailleurs et fiers si bien décrit dans les livres de Richard Russo ou Russel Banks vingt ans plus tard. Car c'est à travers ces gens simples et heureux que Cimino veut nous montrer les conséquences directes des décisions de la classe dirigeante. Et quoi de plus heureux qu'un mariage pour célébrer le bonheur de ses proches. Le metteur en scène nous montre la vie, l'amour et l'amitié à son paroxysme dans cette magnifique scène étalée sur plus d'une heure, Cimino étant le spécialiste des scènes étirées. Il cherche constamment à faire ressortir des émotions cachées jusqu'à épuisement du spectateur.

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Ce constat sera on ne peut plus vrai lorsque les trois amis se retrouveront ensemble dans les geôles vietnamiennes. Seule véritable scène qui se déroule sur le terrain du conflit, cette séquence toujours aussi insoutenable 40 ans après est la parfaite opposition de la première partie du film. Ici règne la peur, la mort et la tension et est parfaitement retranscrit à la fois par la mise en scène mais également par la qualité de l'interprétation des trois acteurs principaux. L'immersion est totale. Il n'y a pas besoin d'en dire plus sur l'horreur et l'absurdité de cette guerre, le film s'abstiendra donc a contrario d' Apocalypse Now de filmer la guerre.

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Lorsqu'on retrouve les trois amis dans la dernière partie, la vie s'est totalement dissolue. Mike ( Robert De Niro) revient hanté par ses souvenirs, Steven ( John Savage) a été amputé des deux jambes tandis que Nick ( Christopher Walken) est resté au Vietnam pour continuer à jouer avec sa vie à la roulette russe. Cimino convoque magnifiquement l'intime pour parler de la Grande Histoire, la Guerre du Vietnam restant la plus grande défaite militaire américaine. On suivra Mike jusqu'à la fin car c'est lui qui depuis le départ semble le mieux armé pour faire face à la folie de ce monde. C'est lui le deer hunter, le chasseur de cerf. Il restera donc le seul à pouvoir reprendre une vie normale et assumer auprès des futures générations cette période.

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Bouleversante, cette dernière partie où le drame atteint des sommets, nous entraîne à la fois à réfléchir sur la nature humaine mais également sur le sens dramatique de l'Histoire qui se répète à l'infini ( Nick jouant de manière répétitive à la roulette russe jusqu'à sa mort). Réalisateur rare, Cimino réalisa deux ans plus tard l'une des plus grandes catastrophes industrielles de l'histoire du cinéma La Porte du Paradis qui clôtura la période la plus faste du cinéma américain et qui deviendra un objet de culte des années plus tard. Comme Voyage au bout de l'enfer, il faut absolument revoir ce monument qu'est La Porte du Paradis.

Lettre ouverte à Michael Cimino ici

VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER (Critique)

Titre Original: THE DEER HUNTER

Réalisé par: Michael Cimino

Casting : Robert De Niro, Christopher Walken, Meryl Streep ...

Genre: Drame, Guerre

Sortie le : 7 mars 1979

Distribué par: Carlotta Films

VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER (Critique) CHEF-D'ŒUVRE