3Billboards

Par Dukefleed
Une rage en trois fois 4 par 3
Primé à Venise pour son scénario, l’année cinématographique débute fort avec cet uppercut filmique atypique comme sait en faire le ciné indé’ US. Mildred ; en affichant son désarroi et sa rage de voir le viol et le meurtre de sa fille resté impuni sur 3 panneaux publicitaires ; met une bombe dans la bourgade redneck dans laquelle elle vit. C’est son but ; remuez la merde en espérant que quelque chose en sorte, que l’on retrouve le meurtrier de sa fille. L’objectif est atteint, les relations sociales dans le voisinage vont être radicalement être bouleversées. Le meurtrier ne sera peut-être pas découvert, mais plus rien ne sera comme avant… la détresse d’une mère placardée en 4*3, çà laisse des traces. Comment pitcher un film étrange issu d’un savant mélange des genres ? Et bien en faisant le grand écart comme le film lui-même : en se référant à un magnifique mélodrame comme « Manchester by the sea » et à un film déjanté à l’humour noir corrosif comme « No country for the old man ». Ce film est donc aussi bien un mélodrame lourd qu’une comédie noire et désinvolte qu’un film americana (chronique sur ces bleds dans le trou du cul de l’Amérique), qu’un thriller phycologique, qu’un revenge movie (inversé dans les faits, car il finit par faire l’éloge du pardon en filigrane), qu’un western (Mildred est aussi acharné que Wayne dans « La prisonnière du désert » dont elle s’inspira largement pour se rôle). Et c’est bien là la richesse du scénario. Quand Mildred placarde sa soif de vengeance, tout part en sucette ; mais Martin Mc Donagh maitrise parfaitement son sujet sans tomber dans l’excès, le manichéisme ou la morale facile ; transgressif et violent, tire larme et humaniste au final. Là où Clooney avec « Suberbicon » ; le scénario était pourtant des Coen ; ne parvient pas à amalgamer tous ces sentiments contradictoires ; Martin Mc Donagh parvient à entrainer le spectateur avec lui. L’audace paie lorsque le talent est au rendez-vous. Il parvient aussi à faire vivre une belle galerie de personnages où même les personnages secondaires ne sont pas sacrifiés. Et même les personnages les plus bas du chapeau et les plus basiques se révèlent plus complexes que ‘l’on pouvait l’envisager ; l’humanité pointe son nez chez chacun d’entre eux ce qui laisse le spectateur pantois… entre sympathie et malaise. Et pour finir, Frances Mc Dormand incroyable dans « Fargo » des Coen remet le couvert avec une science du jeu incroyable pour passer du comique à l’émotion.

Vous avez compris… allez y… grand cru 2018 déjà annoncé
Sorti en 2018
Ma note: 17/20