Waterloo (1970) de Sergueï Bondartchouk.

Trois ans après la fresque dantesque "Guerre et Paix" (1967 - film oscarisé et surtout film le plus cher de l'histoire), le réalisateur russe Sergueï Bondartchouk réalise ce film sur la mythique et ultime bataille de Waterloo, un film dont on peut donc considérer comme une suite officieuse à sa fresque précédente ( "Guerre et Paix" se déroulant entre 1805 et 1812, "Waterloo se déroulant en 1814-1815). Cette fois, suite au succès de "Guerre et Paix", le réalisateur russe obtient le soutien du producteur italien Dino De Laurentiis (qui était déjà producteur de "Guerre et Paix" version 1956 de King Vidor !) pour un budget tout de même bien moindre qu'en 1967 avec tout de même un montant de 40 millions de dollars. Néanmoins, le récit reste un peu moins complexe que la saga de Tolstoï même si l'ambition de Bondartchouk est toujours aussi impressionnante. Co-production russo-italienne oblige, avec une ambition internationale, le casting s'étoffe donc d'acteurs qui le sont tout autant avec bon nombre d'anglo-saxon.

Waterloo (1970) de Sergueï Bondartchouk.

Dans le rôle de Napoléon, on trouve Rod Steiger, dans celui de son adversaire Wellington c'est Christopher Plummer. Les stars Jack Hawkins et Orson Welles jouent respectivement le général Picton et le roi Louis XVIII tandis que, plus anecdotique, le producteur offre son premier rôle au cinéma pour sa fille Veronica (fille de Dino et Silvana Mangano)... Le film démarre à l'abdication de Napoléon Ier en avril 1814, il retrace ensuite la période dite des 100 Jours avant de terminer avec la célèbre bataille... Au vu des risques pris avec le budget de "Guerre et Paix" ce film eu des difficultés à boucler le budget, la production fut sauver grâce à l'aide de l'Armée Soviétique qui mit à disposition près de 20000 soldats figurants (!), mais aussi des ingénieurs et la logistique nécessaires à la reconstitution du champ de bataille. Les moyens furent tels que les russes allèrent jusqu'à araser deux collines, à transplanter 5000 arbres pour laisser place à des champs de blés... etc...

Waterloo (1970) de Sergueï Bondartchouk.

Le tournage, étalé sur 28 semaines, s'est doté de plusieurs caméras utilisées simultanément, d'un hélicoptère et même d'un chemin de fer ! Mais outre les moyens techniques et l'assistance militaire, le film est aussi surprenant du point de vue reconstitution au niveau des costumes et de la fidélité des mouvements stratégiques des troupes. D'un point de vue historique "Waterloo" est un film marquant, ludique et salutaire. Malgré tout il y a quelques erreurs, excusables vue l'ampleur et la réussite générale... Par exemple, le Maréchal Ney n' a pas rejoint Napoléon sur la route de Grenoble mais bien après, Napoléon n'a jamais dit "Que n'ai-je brûlé Berlin ?" (référence ouverte à celui de Moscou, réalisateur russe oblige !), et enfin Napoléon (Steiger) apparait mal rasé ce qui est juste impensable... Le film a un atout essentiel, le face à face entre Napoléon et Wellington, deux adversaires et ennemis qui n'empêchaient pas le respect dont un Wellington particulièrement admiratif. D'ailleurs si Wellington respectait l'Empereur, il respectait également les Français, la preuve en est que le général et futur homme politique anglais a plaidé pour que la France garde sa place dans l'échiquier européen et, fasciné par Napoléon, il passait de longues heures devant un portrait de l'Empereur... Le film montre bien cela chez Wellington sans pour autant lui ôter sa combativité ni sa soif de vaincre. Sergueï Bondartchouk signe un magnifique tableau des évènements, une débauche de moyens au service d'une période tout aussi faste en faits historiques. Un très grand film.

Note :

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