Pentagon papers – 13,5/20

Pentagon Papers : AfficheDe Steven Spielberg
Avec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson

Chronique : Avant son très attendu retour à la SF avec Ready Player One, Spielberg s’offre un film à thèse engagé, plaidoyer sans équivoque sur la liberté de la presse et l’engagement journalistique.
C’est évidemment tout sauf un hasard, et le réalisateur donne à ses Pentagon Papers un écho puissant face aux dérives qui peuvent entacher nos démocraties modernes, en particulier dans son propre pays. Mais contrairement à ses œuvres politiques majeures (La liste de Schindler, Amistad, Munich, La Couleur Pourpre…), Pentagon Papers n’est pas dénué de légèreté. Spielberg déploie son savoir-faire tout aussi bien dans l’implacable dénonciation de l’ingérence politique sur la liberté d’informer que dans le divertissement pur, lorsqu’il confronte ses deux personnages principaux, l’héritière du Post, première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, et son rédacteur en chef. Leurs échanges font forcément des étincelles. Si Spielberg est irréprochable dans sa capacité à faire de cette enquête un thriller passionnant et éclairant (tout en ayant une portée quasi documentaire sur le grand journalisme des années 70), il peine plus à faire exister son propos féministe, surappuyé et trop ostentatoire pour qu’il soit vraiment entendu. Le sujet en soi suffisait, nul besoin d’en rajouter par des symboles et un humour peu subtils.
Cela reste un écueil marginal, mais pèse forcément sur l’impression général, Pentagon Papers est un très bon film mais aurait pu être un grand film tout court. Ceci dit, Spielberg, grâce à sa mise en scène enlevée, donne à un sujet complexe une exposition pleine de clarté et lève le voile sur des événements méconnus de la guerre du Vietnam, tout en proposant une introduction pertinente au scandale du Watergate.
Pentagon Papers est également l’occasion de réunir un casting d’acteurs majeurs venus de la télévision pour entourer Meryl Streep et Tom Hanks, monstres sacrés du grand écran (qui cabotinent juste ce qu’il faut). Sarah Paulson (American Horror Story), Bob Odenkirk (Breaking Bad) Matthew Rhys (The Americans), Carrie Coon (The Leftovers), Alison Brie (Mad Men) Jesse Plemons (Fargo), papy Steven convoque la crème de la crème des séries TV, comme pour prouver qu’un cinéma conscient et heureusement encore possible aujourd’hui, mais qu’on ferait bien de regarder aussi du côté du petit écran. Il s’y passe vraiment quelque chose…

Synopsis : Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…