DEAD WILL : Lorsqu’un zombie fait de la critique cinéma

Avec les évolutions récentes de YouTube, il peut être relativement difficile de trouver des chaînes cinéma proposant des points de vue intéressants et novateurs. Nous avons eu le plaisir de rencontrer Dead Will, un vidéaste qui nous propose, par le biais d’un personnage haut en couleurs, une autre vision du cinéma.

Pourrais-tu présenter le concept de ta chaîne ?

Dead Will : Et bien c’est simple, tu as déjà vu un zombie geek complètement barré faire des chroniques cinéma ? Non ? Et bien voilà c’est à peu près ça ! Dead Will, c’est moi. Je suis un zombie. Avant j’étais un humain comme tout le monde mais en fait, avec toutes les merdes que j’ai pu voir en publicité et à la télévision, je me suis zombifié petit à petit et je me suis raccroché au cinéma. C’est grâce à ça que j’ai réussi à conserver la parole et que je ne me suis pas transformé totalement.

Plus sérieusement, le concept de ma chaîne est de réaliser un divertissement culturel, humoristique et scénarisé, autour du septième art, en mélangeant fiction, humour et culture dans une chronique cinéma. Mon but c’est vraiment d’essayer de propager ma passion au plus grand nombre de survivants et sans se prendre trop au sérieux ! Pour le moment sur ma chaîne, j’ai deux concepts principaux. Le premier concept, c’est Dead Will fait son cinéma où je fais la chronique et l’analyse d’un film en le mettant en abyme, c’est-à-dire en essayant de reprendre les codes du film ou ses personnages, en les faisant intervenir dans la vidéo et donc dans l’univers délirant de Dead Will. Le but, c’est d’essayer d’amener du fond, sans se prendre au sérieux pour rendre la critique un peu plus accessible et s’adresser à la fois aux cinéphiles, qui auront déjà peut-être vu le film, qui voudront en savoir plus et qui vont aimer revoir certaines scènes cultes, que je peux refaire dans mes vidéos. J’essaye de m’adresser aussi au grand public en essayant via ce moyen un peu humoristique de leur donner envie de découvrir des films qu’ils n’auraient pas forcément été voir d’eux-mêmes et qu’ils ne connaissaient pas. Le deuxième concept, c’est de faire des dossiers et de s’attaquer cette fois non plus à des films, mais à des pans entiers du cinéma. Le but est toujours de le faire avec de l’humour et sans forcément faire une mise en abyme, mais plutôt en faisant intervenir d’autres personnages zombies c’est-à-dire mes « colocs ». J’ai, par exemple, réalisé un dossier intitulé “Du cinéma et des Boobs”, sur le cinéma de Russ Meyer, un cinéma qui est peu connu mais qui est super important et qui influence énormément des réalisateurs d’aujourd’hui. Le but cette année, c’est d’en développer plus. Par exemple, j’en ai sorti un sur le cinéma What the Fuck Japonais. J’en ai pas mal en préparation sur la Blaxploitation, des grands réalisateurs, les Troma Movies, etc. Cette année, je vais développer un peu tout ça et puis, garder de la liberté pour ne pas m’enfermer dans certains concepts. Par exemple, j’ai sorti un featuring avec Cédrik Jurassik, qui est spécialisé sur tout ce qui est dinosaures, où l’on parle d’un bon gros Nanar avec un T-Rex Zombie ! Il y aura d’autres trucs qui pourront arriver, comme analyser des nanars par exemple. Je ne m’interdis rien. Il y a vraiment deux concepts principaux, mais après le but, c’est vraiment de faire ce que j’ai envie.

Quand je suis tombée la première fois sur ta chaîne et plus particulièrement sur tes critiques de film récents, j’ai trouvé que tu avais fait un excellent travail de recherche, qui je trouve manque énormément aux vidéos de critiques cinéma actuelles. Comment travailles-tu ?

D.W : En fait, j’ai une technique de travail qui est un peu toujours la même, et qui, je pense, vient du fait que j’ai travaillé dans la recherche universitaire. J’étais habitué à faire de la bibliographie avant d’écrire des articles, de faire des synthèses, des choses comme ça et je pense que j’ai gardé ce réflexe. Évidemment, je vais voir le film puis j’essaie de poser vite fait sur le papier ce que j’ai ressenti, pour garder un peu l’essence de ce truc-là et ne pas trop me faire « parasiter » par ce que je vais lire ou entendre sur le film. Après, je fais pas mal de recherches essentiellement sur le net autour du film, à essayer de trouver des anecdotes de tournage, l’origine du film, son déroulement et comment il s’est monté. Je mets tout ça dans un document puis j’essaie de faire le tri sur ce qui est vraiment intéressant pour le public et pas juste lui balancer des anecdotes qui n’auraient pas grand intérêt.

Au-delà, c’est un peu subjectif. Je prends vraiment juste ce qui m’intéresse et puis, j’essaye de réécrire le truc à ma manière en intégrant ma critique. Quand tout ça est fait, j’essaie de trouver une idée scénaristique pour ma chronique qui intégrera ma critique au milieu d’une mini fiction délirante reprenant les codes du film. Je fais ça pour Dead Will fait son cinéma. C’est venu du fait que moi, je me dis qu’il n’y a pas grand intérêt à ce que les gens aient juste mon avis personnel sur un film. Moi, par exemple, quand je regarde des youtubeurs cinéma (et je ne dénigre pas du tout ceux qui font ça) mais je n’aime pas trop regarder des youtubeurs qui font juste du face caméra et qui me donnent leur avis. Je préfère ceux justement qui vont distiller leur avis ou analyse et qui vont aussi t’apprendre des choses sur le film sans que ce soit juste se mettre devant la caméra et dire ce que tu en as pensé. J’estime que mon avis n’est pas assez important pour que je me dise : « Tiens, ça va intéresser tout le monde ! ».

C’est vrai qu’il y a très peu de « chaînes cinéma » qui expliquent en détail comment un film qui vient juste de sortir en salle fonctionne.

D. W : C’est un peu pour ça que j’ai arrêté de faire trop de films d’actualités, même si au final, c’est ce qui marche le mieux pour se faire connaître. Je trouvais que je n’avais pas assez de recul sur le film forcément. Je préférais avoir plus de distance et plus d’informations plutôt que d’aller voir un film le mercredi après-midi, et de faire une vidéo le mercredi soir, en essayant d’être le premier à la sortir. Après, ce sont mes goûts personnels mais je préfère faire découvrir des films cultes ou peu connus qui méritent de l’être !

DEAD WILL : Lorsqu’un zombie fait de la critique cinéma

J’aimerais revenir sur les difficultés que tu as eu à émerger sur YouTube, malgré la qualité de ta chaîne. Est-ce que tu pourrais me donner ton avis sur l’état actuel de YouTube pour les nouveaux créateurs cinéma qui ont de la difficulté à émerger sur la plateforme ?

D.W : Alors déjà, j’ai toujours du mal à émerger, hein ! (rires) Pour moi, le problème de YouTube aujourd’hui, c’est qu’il fonctionne en vase clos, ce qui fait que la plateforme ne va mettre en avant que des gens qui auront déjà une grosse base d’abonnés et qui seront « bien connus ». C’est quasiment impossible de rentrer dans ce cercle sans se faire partager par quelqu’un à cause de la manière dont l’algorithme est fait. En plus, en tant que zombie, avec l’aspect censure YouTube, ce n’est pas très ad-friendly. Pour les mots-clés, je pense que je ne suis pas dans la case la plus appropriée pour être mis en avant aussi. Je vois beaucoup de bonnes chaînes cinéma qui n’émergent pas. C’est vrai que c’est dommage. Je ne sais pas comment on pourrait organiser YouTube pour que ça fonctionne différemment mais c’est sûr qu’aujourd’hui, on est plus sur du putaclic avec des trucs qui vont marcher où il faut investir le moins de temps possible.

Tout le problème réside dans la place faite aux petits Youtubeurs, en termes de visibilité. Je reçois vraiment beaucoup de commentaires, et ça me fait super plaisir, comme par exemple : « Comment tu fais pour avoir si peu d’abonnés ? ». On me dit souvent : « Toi, dans pas longtemps, on va entendre parler de toi ». Par exemple, je suis passé dans un live d’Anthox Colaboy, qui fait Mes Chers Abonnements. Il y avait 1500 personnes sur le live. J’ai gagné 700 abonnés en 5 minutes. Là tu t’aperçois que c’est un problème de YouTube qui fait que ce n’est pas forcément ton concept qui ne plaît pas mais plutôt le fait que personne ne te voit. Dans cet exemple, j’ai récupéré presque 40 % des gens qui regardaient la vidéo. Cela veut dire que le concept leur plaisait. C’est juste qu’ils n’entendent pas parler de toi. Après, je pense que les gros youtubeurs ont peut-être un devoir de faire connaître des petits coups de cœur dès qu’ils en trouvent, comme c’est arrivé là dernièrement, avec Axolot, qui avait partagé une chaîne qui s’appelle Alt-236, qui était une chaîne tout petite, mais pourtant extrêmement bonne et que je vous recommande ! En tout cas, je me dis que si par chance je gagnais un petit peu plus en abonnés, j’essayerais à tout prix de faire découvrir des chaînes plus petites parce que je vois à quel point, c’est galère de passer 3 semaines, 1 mois ou bien plus encore sur une vidéo, d’y mettre tout son cœur, tout son temps et puis, sortir ta vidéo pour qu’elle ne fasse que 300 vues. Ce n’est pas pour dénigrer les 300 personnes qu’ils l’ont vu. Pas du tout ! Au contraire, c’est bien mais quand tu as envie de faire découvrir des films et que tu le fais avec passion et sur tout ton temps, forcément tu as envie que ce soit vu. D’ailleurs, je peux recommander deux autres chaînes. Une chaîne consacrée au Cinéma Bis qui s’appelle Le Coin du Bis qui sort une vidéo tous les 3-4 mois, qui s’investit énormément sur des gros dossiers et qui encore aujourd’hui a moins de 1000 abonnés. C’est dommage. C’est pareil pour le Studio Korewen qui a de très gros dossiers (par exemple, La Cinémathèque ou encore Total Remake, ndlr) en plusieurs parties, très qualitatifs, que je vous recommande morbidement !

Est-ce que tu penses que les conventions seraient un moyen de faire découvrir des petites chaînes ?

D.W : Je pense oui. Après, c’est toujours pareil, tout dépend de la convention et comment elle le fait. Si elle le fait, évidemment, réserver les meilleures places pour les gros Youtubeurs mais du coup, faire une sorte de mélange, par exemple, pas de mettre les petits Youtubeurs au fond d’un couloir où personne n’ira. Je pense que ça pourrait être une bonne solution. Je ne sais pas comment cela se passe pour les conventions. Je pense que les featuring sont aussi un bon moyen de faire émerger les petits youtubeurs.

Tout à l’heure, tu parlais des zombies. Comment cela se fait-il que les zombies ne sont pas ad-friendly malgré le fait que certains vidéastes parlent sur YouTube de séries de zombie très populaires comme The Walking Dead ?

D.W : C’est un peu bizarre, évidemment, parce que c’est super à la mode. C’est un personnage de pop-culture qui est aimé et que tout le monde reconnaît du premier coup d’œil. Au début, pour faire connaître ma chaîne, je ne savais pas comment faire et j’ai testé de faire ma pub via YouTube. En fait, sur YouTube, tu peux faire des campagnes publicitaires. Tu payes et tes vidéos apparaissent à côté de certaines vidéos en suggestion. En fait, c’est un ami qui avait fait ça, et m’en avait parlé. J’avais voulu tester et c’est là que je me suis aperçu que j’avais été refusé pour contenu choquant. Je me suis dit : « YouTube devient vraiment politiquement correct ». Et c’est de pire en pire ! Je pense qu’ils ne regardent même pas les vidéos. Quand je vois Nota Bene et des gens comme lui qui se font striker parce qu’ils parlent de la Seconde Guerre mondiale, il y a carrément des sujets qui ne peuvent même plus être abordés. On t’enlève directement les annonceurs. Évidemment eux, derrière, ils ont des networks qui font le travail de requête pour expliquer qu’en fait il y a du fond. Mais quand tu es un petit youtubeur et que tu n’as pas de moyens de te défendre, tu reçois une sorte d’avertissement qui te dit « contenu pouvant être choquant ». Tu ne peux pas faire grand-chose. Je pense que les zombies, on peut les voir sur tellement d’aspects que ça peut être un truc super fun et marrant. En fait,il faut réussir à se faire connaître sans dépendre de YouTube mais c’est toujours pareil. C’est le bouche à oreille qui est important.

Pourrais-tu me parler un peu plus de ton concept « Du Cinéma et des Boobs » ?

D.W : Bien sûr ! Je suis fan du cinéma de Russ Meyer. En fait, ce que je trouvais marrant, c’est que souvent pour les gens, dès qu’il y a des « gros boobs » ou autre, ils vont juste s’arrêter à ça et ils ne vont pas forcément chercher à aller plus loin. En gros, ça va être de la merde ou du putaclic ou ça va être misogyne, etc… Et c’est souvent le cas d’ailleurs ! Moi, je me suis dit :  » J’aimerais faire de l’anti-putaclic avec ce truc Du cinéma et des boobs  » J’ai voulu prendre un réalisateur qui, effectivement, met tout le temps cet élément racoleur dans ses films mais qui a pourtant non seulement une réalisation assez impressionnante et sous estimée mais aussi un propos politique plus fort qu’on ne le pense !

En fait, il a été le tout premier réalisateur à mettre des femmes en premier rôle, des femmes fortes, un peu comme dans Kill Bill, des femmes qui maltraitent les hommes, qui ont les bollocks, qui conduisent leurs grosses bagnoles et qui traversent les Etats-Unis. Disons qu’aujourd’hui ça ne paraît rien mais à l’époque, c’était fou de faire ça. Moi, mon truc, c’était d’essayer de démystifier le truc des boobs et de montrer que ce n’est pas parce qu’on en met que c’est forcément vulgaire ou misogyne, etc… Regardez Dead Will ! En plus à titre personnel, je suis super fan de son cinéma. J’avoue que j’ai un délire de mettre quasiment une paire de seins dans chacune de mes vidéos. C’est le délire de Dead Will, il a été élevé à Russ Meyer ! (rires) J’avais déjà réfléchi à une web-série où j’imaginais que le rêve de Dead Will, c’était de devenir le Russ Meyer d’aujourd’hui, de faire des films comme lui, avec ses colocs, son équipe de bras cassés, et qu’ils n’y arriveraient jamais. Le délire des boobs, c’est vraiment une envie personnelle de partager un cinéma. Le but, ce n’est pas juste d’en montrer, bien évidemment.

Une personne qui avait vu ta chaîne m’avait dit qu’elle la trouvait un peu sexiste. Est-ce que tu as déjà eu ce type de critique ? Qu’en penses-tu ?

D.W : C’est marrant. Je n’ai jamais eu ça. Les critiques que j’ai parfois eues, c’est que je fais peur ou que c’est un peu trop vulgaire. Ça me fait un peu rire car quand je vois certaines choses sur YouTube, c’est quand même bien plus vulgaire d’une autre manière ! Ce qui m’étonne, c’est que je n’ai jamais eu cette réflexion-là mais plutôt l’inverse venant d’un public féminin. En fait, j’ai pas mal de filles qui me suivent et j’en suis très content ! Souvent leurs messages montrent qu’elles comprennent très bien mon propos et que c’est très loin d’être misogyne, bien au contraire. J’en serais très triste honnêtement. Je suis assez content que le message soit perçu comme il le devrait mais c’est sûr que tout le monde va le percevoir différemment. J’essaie toujours dans les commentaires, quand on me fait une remarque, d’expliquer le fond des choses. Je me suis déjà refusé des blagues. Les trucs que je me suis refusé, c’était plus sur du racisme en me disant : « Ouais, maintenant c’est vrai que ça part vite en cacahuète si tu fais telle ou telle blague, il y en a qui vont prendre ça au premier degré». J’avoue que ce n’est pas évident. C’est pour ça qu’avec Dead Will, c’est assez burlesque. C’est de la caricature, vraiment. Normalement, on devrait être capable de se dire que ce n’est pas du premier degré, hormis l’aspect critique de film qui est souvent en voix off d’ailleurs. C’est moins appuyé par le burlesque. Du coup, ça fait la distinction entre la partie humour et la partie un peu plus sérieuse.

DEAD WILL : Lorsqu’un zombie fait de la critique cinéma

Que penses-tu de l’évolution du film de zombie, de Romero à aujourd’hui ?

D.W : Un peu comme tout, le personnage, il s’est fait rattraper pour être utilisé de manière plus commerciale. Je trouve ça un peu dommage… alors qu’au départ Romero l’utilisait pour critiquer son époque et le capitalisme avec l’humain consommateur annihilé etc. En fait, ce que je trouve bien, c’est qu’à chaque époque, on arrive à lui injecter des espèces de peur du quotidien d’aujourd’hui. Quand il y avait toute la question sur le sida et l’Ebola, ça été mis dans 28 jours plus tard et dans plein d’autres films, où l’origine du zombie était virale. Après, il y a eu pas mal de films où c’était dû aux effets nucléaires, etc. J’ai l’impression que le zombie récupère un peu toutes les peurs de son époque. Il les incarne et donc il ne meurt jamais. Je trouve qu’en ce moment, et ça ne devrait pourtant pas être pour me déplaire, il est quand même noyé dans beaucoup de choses. Ça fait un peu trop. On épuise le truc parce qu’on se fait de l’argent dessus. On sort la moindre merde dessus. Dans une de mes vidéos, je parle d’un T-Rex zombie. Ça va un peu petit peu loin !

Que penses-tu de la tendance en ce moment, comme avec IZombie ou Warm Bodies, de réhumaniser le zombie ?

D.W : Moi, pour la petite histoire, je suis carrément pour ce truc-là parce qu’avant que Dead Will naisse, j’avais écrit une web-série. J’avais tourné 5-6 épisodes et puis, j’ai bossé pendant un peu plus d’un an avec un producteur et ça n’a jamais vu le jour pour plein de raisons. Le délire que j’avais, c’était d’utiliser un couple de zombies qui étaient parfaitement adapté dans la vie quotidienne, ce qui me permettait de faire une satire de notre mode de vie actuel et de consommation, de manière humoristique. Evidemment, ce genre de truc, ça me parle. C’est sûr que le zombie est le meilleur outil pour parler de la société, pour en tirer une satire. C’est comme ça que je le vois en tout cas.

Quels sont tes futurs projets (web-séries, etc.) ? 

D.W : J’avais cette web-série dont la saison 1 est écrite. En fait, quand j’ai commencé à bosser avec un producteur, j’ai vraiment, un peu comme dans YouTube aujourd’hui, pris conscience à quel point c’était un milieu super fermé et au sein duquel tu ne peux pas vraiment rentrer si tu n’a jamais rien eu de produit (et pourtant il faut bien commencer à un moment !) ou si tu n’as pas de connaissances. Ça reste encore un cercle vicieux. C’est pareil pour les aides CNC, (sauf pour l’aide à l’écriture). Si tu n’as pas fait de films ou que tu n’as pas de producteur, ils ne te donnent pas d’aides et j’ai l’impression que c’est encore une fois qu’une histoire de réseau et de connaissances. Ça m’a un peu petit peu dégoûté et c’est aussi pour ça que j’ai créé Dead Will. J’en avais marre de dépendre des autres et je voulais pouvoir faire tout moi-même, avoir un produit fini et pouvoir ne m’en prendre qu’à moi-même si ça n’avance pas, si j’ai du retard, etc.

Pour le moment, l’idée d’une web-série, je ne suis pas encore chaud. Si j’en ai l’occasion, je le ferais, surtout que j’ai plein d’idées et des choses déjà écrites. Je viens du court-métrage, donc j’aime la fiction mais je vais attendre encore un peu. J’ai quand même déjà quelques petits projets de courts-métrages pour ma chaîne. Les gens se rendent bien compte que je fais de la mise en scène dans mes vidéos et il y a déjà plusieurs personnes qui m’ont demandées : « Hey ! Quand est-ce que tu fais des courts-métrages ? ». Ça me fait plaisir de voir que la communauté qui me suit n’est pas frileuse à cette idée, et j’avoue que ça me tente bien. Evidemment, j’ai déjà une idée de web-série avec Dead Will et ses colocs mais pour le moment, je me dis que c’est trop tôt. Je préfère continuer dans mes concepts, histoire que ça s’instaure bien. J’espère pouvoir émerger un peu et justement avoir un peu plus de poids pour pouvoir faire un projet qui me ressemble et ne pas quémander juste à droite à gauche et que je dépende de quelqu’un.

Dernière question, d’après toi, quel serait l’avenir de la critique cinéma sur YouTube ?

D.W : Je ne sais pas. En tout cas, j’espère que ça ne va pas tomber dans la vidéo rapide, sur un film qui a été vu et critiqué vite fait dans la foulée. J’espère qu’il y aura toujours des gens qui feront des contenus de qualité. Je suis super fan de Chroma et de Crossed, et de l’équipe de Karim Debbache. Donc, j’espère qu’il y aura de plus en plus de gens qui vont faire ce genre de critiques comme le fait Le Fossoyeur de Films ou ce que faisait InThePanda avec Unknown Movies. En tout cas, j’espère que l’on ne va pas tomber dans le jeu de YouTube où il faut sortir 3 vidéos par semaine plus un live pour être référencé. J’espère que la qualité va continuer à être là. Je vois vraiment beaucoup de chaînes autour de moi qui sont vraiment de qualité. Je ne me fais pas de souci pour ça.

Pourrais-tu recommander des chaînes YouTube de cinéma intéressantes inconnues du public ?

D.W : Comme je l’ai dit plus haut, Le Coin du bis, je recommande vraiment à fond. C’est vraiment une super chaîne sur le cinéma de genre et sur le cinéma bis Il y a également Alt-236 qui est un peu plus sur la mythologie des personnages au cinéma mais pas seulement ! Il y a aussi le Studio Korewen qui fait de supers vidéos d’une heure à une heure et demie sur un film ou sur un réalisateur, divisées en partie de 45 à 30 minutes. On va dire que là ce sont des chaînes qui sont sérieuses sur la forme en plus du fond et avec qui j’aimerai beaucoup faire un featuring un jour. C’est vraiment différent de Dead Will dans la forme. D’ailleurs, j’espère que c’est quelque chose qui ne me jouera pas des tours et que les gens comprendront l’aspect sérieux et pas juste grand-guignolesque de Dead Will. J’espère que le message de fond passera avant tout.