3 Billboards, les panneaux de la vengeance (2018) de Martin McDonagh

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Troisième long métrage pour le britannique Martin McDonagh après les savoureux "Bons Baisers de Bruges" (2008) et "7 Psychopathes" (2013). Ce Martin ne doit pas être confondu avec son frère John Michael McDonagh qui est tout aussi talentueux et tout aussi régulier avec "L'Irlandais" (2011), (2014) et "War on Everyone" (2017). Cette fois, Martin McDonagh a eu l'idée de ce film après avoir vu des panneaux géants sur des crimes non résolus "au croisement entre la Géorgie, la Floride et l'Alabama". Pour ce nouveau projet le cinéaste fait appel à plusieurs acteurs "psychopathes" avec Sam Rockwell, Zeljko Ivanek, Woody Harrelson et Abbie Cornish. Pour l'anecodte, on trouvera au casting une certaine Samantha Weaving qui n'est autre que la nièce de Hugo alias agent Smith dans "Matrix". A leurs côtés, on a Caleb Landry Jones et Lucas Hedges vus respectivement dans "Queen and Country" (2015) de John Boorman et "Manchester by the Sea" (2016) de Kenneth Lonergan. On a le plaisir de revoir l'excellent John Hawkes deux ans après (2015) de Baltasar Kormakur, ainsi que Peter Dinklage revenu un temps de l'hiver empoisonnant de la série TV "Game of Thrones".

Et enfin, dans le rôle principal de la maman énervée et assoiffée de justice et/ou de vengeance, on retrouve la magnifique Frances McDormand. Cette dernière, fidèle des frères Coen et surtout épouse de Joel Coen, était réticente à accepter ce rôle se trouvant trop vieille. C'est son époux, Joel Coen, qui la poussa à accepter... Rien d'étonnant finalement tant Martin McDonagh est dans une filiation Coenienne assez évidente, surtout et notamment avec ce nouveau film. Ce mixte entre tragédie et humour noir a tout pour plaire aux frères Coen. Un casting étoilé et savamment choisi pour un polar à la fois moderne et anachronique (on est aujourd'hui mais on pourrait très bien être 20 ou 30 ans auparavant). Mais ça reste la qualité du scénario qui nous emporte avec une lutte citoyenne et fratricide entre une citoyenne et la police tandis qu'en arrière-plan McDonagh force le spectateur a regarder en face une certaine idée de l'Amérique.

Sur ce dernier point c'est particulièrement réussi sur les questions de justice et de pardon, sans pour autant être dans le manichéïsme. Par contre, le cinéaste reste un peu engoncé dans quelques clichés comme l'ex qui est évidemment parti pour une plus jeune. Le cynisme et la causticité des dialogues fait un parallèle savoureux avec les faits et gestes des protagonistes dont la complexité est bien plus intéressante que dans la plupart des films. Jamais mièvre dans son émotion, jamais frileux dans dans sa violence sans pour autant tomber dans la facilité, McDonagh signe un polar mélo-social puissant avec un petit jeu du suspense particulièrement efficace et judicieux (défi : trouver qui est le coupable !). Un film déjà multi-primé (Venise, Toronto...) qui risque de encore faire parler de lui.

Note :