Tunnel (2017) de Kim Seong-Hun.

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après son remarqué (2015), polar entre action et humour noir, voici le nouveau film de Kim Seong-Hun qui signe là un film catastrophe sur un tunnel qui s'effondre. Le cinéaste écrit lui-même le scénario et adapte ainsi le roman éponyme (2016) de So Jae-Won. Avec ce film le réalisateur-scénariste frappe un grand coup en s'offrant le second plus gros succès 2016 en Corée du Sud après "Dernier Train pour Busan" (2016) de Sang Ho-Yeon. On suit donc le sauvetage d'un homme qui se retrouve coincé dans les décombres du tunnel tandis que sa femme est évidemment éplorée et que les sauveteurs font tout ce qu'ils peuvent.

Le couple est interprété par l'acteur Ha Jung-Woo, vu récemment dans l'excellent "Mademoiselle" (2016) de Park Chan-Wook, chez Na Hong-Jin avec "The Chaser" (2008) et "The Muderer" (2011), tandis que son épouse est jouée par Doona Bae révélée dans "Sympathy for M. Vengeance" (2003) de Park Chan-Wook puis vue ensuite dans des films majeurs comme "The Host" (2006) de Joon-Ho Bong, "A Girl at my Door" (2014) de July Jung, et chez les Wachowski avec "Cloud Atlas" (2013) et "Jupiter : le destin de l'univers" (2015)... Le début du film ne nous fait pas perdre de temps pour entrer dans le vif du sujet avec un effondrement particulièrement impressionnant. Ensuite, le cinéaste nous plonge dans un déroulement du récit plutôt convenu, panique du chauffeur isolé, mise en place et organisation du sauvetage, intimité et angoisse de l'épouse... etc... Mais là où Kim Seong-Hun se démarque c'est en prenant le contre-pied des films catastrophes habituellement hollywoodiens qui misent avant tout sur le spectaculaire et la surenchère. Ici le cinéaste prend le temps de poser les problématiques et surtout s'attaque au passage à la politique.

Bref, on est dans l' anti-thèse d'un film comme "Daylight" (1996) de Rob Cohen, à contrario on pense à des films claustrophobiques comme "Buried" (2010) de Rodrigo Cortès. Le réalisateur coréen voulait absolument éviter l'esbroufe et la surenchère hollywoodienne, ce qu'il arrive plutôt bien notamment en n'appuyant pas sur le côté pathos comme il l'explique lui-même : "Ils sont déjà dans une situation très difficile, voire critique, qui leur fait ressentir de la peine et de la douleur. Je ne voulais pas grossir le trait de manière artificielle pour manipuler les spectateurs."... Néanmoins si on voit la volonté du cinéaste (autant dans le fond que dans la forme), il ne peut passer outre bon nombre de clichés inhérents au genre. Le suspense ne repose que sur un paramètre (les secours vont-ils aller jusqu'au bout et sauver l'unique homme prisonnier des gravats ?! Le film aurait sans doute gagné à être raccourci de 10mn pour un récit plus dense et recentré. Ca reste un bon thriller catastrophe qui ravira les amateurs du genre.

Note :