La femme de mon pote

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La femme de mon pote » de Bertrand Blier.

« J’ai vu une gonzesse dans un plumard, qu’est-ce que tu veux que ça me fasse : c’est ni mon plumard, ni ma gonzesse »

Deux copains, Pascal et Micky, travaillent dans une station de sports d'hiver. Pascal a une liaison avec Viviane qui est loin de laisser Micky indifférent, mais c'est la femme de son pote... Jusqu'au jour où Pascal le pousse dans les bras de Viviane. Micky cède et finit par passer quelques jours en compagnie de la jeune femme pendant une absence de Pascal.

« C’est pas à moi d’envisager la vie, c’est à la vie de m’envisager et de me donner des raisons d’être optimistes »

Fils du célèbre comédien Bernard Blier, Bertrand Blier débute sa carrière comme assistant de Georges Lautner avant de devenir un temps son coscénariste (« Laisse aller c’est une valse »). Passant à son tour derrière la caméra, il signe un documentaire et une poignée de court-métrages avant de réaliser « Les valseuses » (1974), son premier long-métrage, qui connait un succès public immédiat et retentissant, l’imposant d’emblée comme le fer de lance du jeune cinéma français d’alors. Catalogué par certains comme étant subversif, Blier cultive un cinéma volontiers anticonformiste et provocateur en dézinguant à tout va les mœurs de la vieille France bourgeoise et sclérosée avec des films comme « Calmos », « Préparez vos mouchoirs » ou encore « Beau-père ». Au début des années 80, il rêve de réunir à l’écran Coluche, Patrick Dewaere et Miou-Miou pour un film en partie biographique, les deux acteurs ayant à un moment donné partagé la vie de la femme de l’autre. Mais le suicide de Dewaere (qui plus est par une arme offert par Coluche) à quelques semaines du début du tournage manquera de faire capoter le projet : dévastée, Miou-Miou se retire, tandis que Thierry Lhermitte et Isabelle Huppert sont appelés en renfort pour reprendre les rôles laissés vacants.

« J’ai comme l’impression que vous allez me faire une belle bande d’enfoirés tous les deux »

Avec « La femme de mon pote », Bertrand Blier construit un énième trio amoureux hors normes et très libre dont lui seul à le secret. Soit ici l’amitié fraternelle de deux hommes mise à mal par l’irruption d’une jolie jeune femme aux mœurs légères dans la vie de l’un d’eux. Un postulat qui permet une nouvelle fois au cinéaste de dérouler sa vision très personnelle de l’amour et de l’amitié. Deux états qui reposent avant tout - selon lui - sur une notion de liberté et de partage qui ne laisse aucune place à l’exclusivité. Mais contrairement aux « Valseuses » ou, plus tard, au génial « Tenue de soirée », « La femme de mon pote » manque de légèreté et, plus encore, de joyeuseté. La célébration de l’amour et du désir n’est pas vraiment au rendez-vous. Malgré les bons mots que réservent les savoureux dialogues, force est de constater que la chair y est résolument triste. A l’image de la longue dépression du personnage de Coluche qui n’apporte pas grand à ce film qui manque globalement de rythme. Le poids de la mort de Dewaere pèse sans doute trop lourdement sur le film, dont le tournage a parait-il été très difficile pour Coluche, qui trouve néanmoins ici un de ces premiers rôles exploitant sa part plus sombre. Face à lui, le jeu un peu atone d’Isabelle Huppert ne permet pas non plus de donner de mordant à ce film définitivement moins marrant qu’il en avait l’air. Clairement, un Blier en mode mineur.

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Le DVD : Le film est présenté dans une nouvelle copie intégralement restaurée à partir d’un master 2K du film, en version originale française (5.1).

Aucun bonus ne vient compléter le DVD. En revanche, l’édition blu-ray est accompagnée d’un documentaire inédit avec interviews et images de l’expo Coluche organisée à l’Hôtel de Ville de Paris en 2016 et d’un documentaire sur Coluche acteur (Paris Première, 2016, 60’).

Edité par Pathé, « La femme de mon pote » est disponible en combo collector DVD + blu-ray depuis le 22 novembre 2017.

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