L'atelier

L'atelierCantet recycle
« L’atelier » s’inscrit telle une suite d’ « Entre les murs » dans la filmographie de Laurent Cantet. Il filme à nouveau un groupe de jeunes en proie à un certain déterminisme social. C’est le cœur de la première partie, il s’intéresse au groupe et aux échanges vivants et rythmés en son sein et au rôle d’arbitre joué par la seule adulte : l’écrivaine. Tous les sujets attendus y passent : lutte des classes, racisme, intégrisme, conflit milieu parisien/province ; mais traités à la serpette comme le ferait une jeunesse en manque de repères culturels pour en débattre en profondeur. Un « Entre les murs » bis en fait. Puis le film bifurque à mi-parcours vers un individu et dans ce virage à 180° délaisse le naturalisme et l’aspect doc pour se tourner vers le romanesque et la fiction. Autour d’une excellente Marina Foïs en seule comédienne pro du long métrage se développe une ambiguïté dans sa relation au jeune homme : cherche-t-elle matière à son livre ? Est-elle attirée par l’univers du jeune homme et les territoires potentiels et inexplorés dans sa vie de bobo parisienne ? Se sent-elle poussée des ailes de psycho de salon ? En tout cas, elle se met en danger dans une fiction sonnant parfois pas toujours très juste… Tout ce tralala pour montrer en définitive une jeunesse en quête de repère et d’idéal potentiellement perméable à toutes les idéologies radicales leur permettant d’exister. Le projet initial (l’atelier d’écriture du début) n’apporte rien de neuf depuis « Entre les murs » et la suite (le romanesque tendu tiré par les cheveux) se résume à « tout çà pour çà ». Cantet parvient tout de même à éviter le didactisme et la leçon mais son film n’apporte que peu de matière au débat sur le devenir de notre jeunesse d’outsiders. Surtout que les personnages du groupe ne sont pas toujours très crédibles : prenons simplement la qualité des textes de premier jet rédigés par des jeunes suivis Mission Locale en quête d’insertion. Mais miracle, l’ellipse finale sauve le film d’une médiocrité s’imposant comme inéluctable au fil de son déroulé. Cette jeunesse, si elle parvient à ouvrir les yeux, a des tonnes de possibles et des horizons lointains à portée de main… pas la peine d’aller chercher un idéal voire des chimères chez tous ces vendeurs de doctrines bien formatées (communautarisme, intégrisme, racisme,…). Mais que ce film est long pour en arriver là !!!Sorti en 2017Ma note: 9/20