Écrire un scénario : les fondamentaux (25)

Nous avons admis que l’ultime résolution de l’histoire se passerait dans l’acte Trois. Cette résolution se nomme le climax car après le climax, il ne reste plus que le dénouement.
On peut se baser sur une définition (parmi d’autres) de l’acte Trois comme l’acte des résolutions. Ainsi, il peut être logique que le climax (l’ultime confrontation) soit situé dans cet acte Trois.

Et des questions (sous forme de conflits), ce n’est pas ce qui manque dans le cours de l’intrigue. Sachant que la question dramatique la plus évidente a été posée au cours du premier acte, soit après l’incident déclencheur, soit au moment du passage dans l’acte Deux lorsque le héros décide de prendre à bras le corps son problème.
Une décision qu’il tiendra fermement jusqu’au climax malgré l’adversité.
Pour commencer cet exercice de planification de son projet, nous avons établi que la première des petites notes serait celle du dénouement.
Ce dénouement est comme un phare qui indique à l’histoire où elle doit se diriger. Toute l’histoire est conçue de manière à ce que ce dénouement se réalise.

Gardons en tête que les possibilités narratives qui s’offrent à l’auteur ne sont pas limitées. Poser un dénouement évite de se perdre ou de s’embourber dans une logique qui n’est pas celle de l’histoire qu’on raconte (frustration assurée du lecteur).

Protagoniste contre antagoniste

Même si ce sont deux armées qui se rencontrent pour la bataille décisive, c’est toujours celle de deux personnages (dans cet exemple, les deux généraux des armées respectives).
Cette ultime rencontre est une confrontation décisive. Sa conclusion décidera du dénouement.

Tout doit être amené à ce que les deux fonctions les plus représentatives de l’histoire (à savoir, l’antagoniste et le protagoniste) n’ont pas d’autres choix que de se confronter une dernière fois. Même dans une comédie romantique. Imaginez que votre héros cache un lourd secret qui met en péril son ménage.
Pendant toute l’intrigue, il sera soumis aux réminiscences et à leurs effets dans son quotidien.

Le climax consistera alors pour lui de s’ouvrir totalement à l’être aimé pour sauver son couple. Juste avant ce climax cependant, il devra résoudre son problème personnel. C’est la condition pour qu’il ait au moins une chance de réussir son objectif qui est, vous l’avez compris, de sauver son couple.
On peut se demander quel est l’antagoniste dans un tel cas de figure. Ce sera précisément l’être aimé. Parce qu’il ne peut comprendre ce qui détruit l’autre sans que cet autre ne se révèle. Indirectement il s’opposera à la réussite de l’objectif.

Le climax est certainement la scène la plus importante du scénario. Car tout se dirige vers elle. C’est vraiment la confrontation décisive de toute l’histoire.

Le conflit précise l’acte Trois

Si l’intrigue venait à manquer de conflits, l’acte Trois se retrouverait orphelin. Car il est censé résoudre les conflits. Si vous ne lui apportez pas cette matière dramatique sur un plateau d’argent, il vous faudra faire du remplissage pour donner forme à ce qui ressemblera à un dénouement un peu vide de sens.

Le dénouement est la proposition de réussite ou d’échec du héros. C’est vous qui avez la responsabilité de cette décision. Mais pour comprendre cette réussite ou cet échec, il faut pouvoir expliquer l’adversité ou l’adversaire contre lequel le héros se frotte.
Justifier l’antagonisme par les conflits est un bon moyen d’expression qui sied bien au langage cinématographique (audiovisuel par définition).

Pour planifier le climax de votre scénario, ce n’est pas seulement une petite note décrivant ce climax, vous devez prévoir aussi toutes les résolutions des problèmes ou des intrigues secondaires qui ont été soulevés au cours de l’histoire.
Et pas seulement celles-ci. Au préalable de l’ultime confrontation (et c’en est presque une condition), vous devez résoudre le problème qui occupe intimement le protagoniste.

Donc prévoyez au cours des conclusions intermédiaires, une note décrivant la révélation qui éclaire tout le point de vue du héros sur lui-même et sur le monde qui l’entoure.
Considérons un conte de fées :
Le héros doit sauver le royaume. C’est son objectif global. Et la question dramatique qui s’impose aussitôt dans l’esprit du lecteur est de savoir s’il réussira ou non.

Mais cet objectif n’est pas suffisant pour écrire une bonne histoire. Un personnage correctement développé a des peurs, des phobies qui le menacent à chaque pas, une blessure peut-être qui le suit depuis l’enfance. Ce sont autant de faiblesses dans la personnalité du héros qui l’empêcheront de mener à bien son objectif.
Il devra donc trouver le moyen de résoudre ses problèmes personnels (autant de résolutions qui prennent place dans l’acte Trois avant le climax).

Les autres personnages dans les intrigues secondaires

Il arrive souvent dans une histoire que le protagoniste soit accompagné d’autres fonctions de personnages telle que celle du sidekick. Ce personnage est un archétype tout particulièrement dévoué au héros (généralement). Néanmoins, au-delà de la fonction, il est aussi un être de fiction qui recopie une certaine nature humaine.

Ainsi, des traits dans la personnalité du sidekick peuvent aider l’auteur à matérialiser davantage la psychologie de son héros. C’est ainsi que développer une intrigue secondaire mettant en exergue le sidekick (ce qui crée une ligne dramatique indépendante de celles qui concernent le héros) peut aider à expliquer le thème ou l’intrigue principale (qui préoccupe précisément le héros).
Or une intrigue pose des questions. Les réponses à ces questions seront amenés dans l’acte Trois (avant ou après la révélation du héros) mais certainement avant le climax.

Le climax sera évidemment la confrontation décisive avec le dragon (c’est-à-dire sommairement le méchant de l’histoire qui n’a parfois que le nom de méchant puisque c’est d’abord une fonction). Le héros devra tuer le dragon, délivrer la princesse et quiconque emprisonné avec elle et abattre les murs de l’antre du dragon.
C’est seulement après tout ceci que le dénouement prendra place, c’est-à-dire que le royaume sera effectivement sauvé.

Le résultat du climax doit être imprévisible

Même si vous ne souhaitez pas aller à contre-courant des expectations du lecteur qui s’attend à voir le héros réussir son objectif, cela ne sera pas une évidence. Compliquez la vie de votre protagoniste. Dans le combat qui l’oppose à cette force antagoniste (aimez cette force, votre lecteur vous en remerciera), le pouvoir passera de l’un à l’autre.

Souvent le héros sera sur le point de perdre même si les premiers coups qu’il porte (littéral ou figuré) lui donne l’avantage, le méchant ne manquera pas de riposter (et violemment).
Vous pourriez même ajouter des relents de la faiblesse que le héros pensait pourtant avoir surmonté. Ce sera comme un dernier test pour se prouver qu’il a vraiment réussi à vaincre ce qui le tourmentait intérieurement depuis si longtemps. Comme tout au long de l’intrigue, il faut privilégier et préserver le suspense.

Pour vous aider à inventer cette scène très importante du scénario, rappelez-vous du monde ordinaire de votre personnage principal.
Entre le quotidien du héros et le climax, quelque chose doit en quelque sorte changer de polarité.
Ce qui était positif devient négatif. Ainsi si la mort est la seule rencontre possible que vous souhaitez pour votre héros au moment du climax, cela nous convainc qu’il était en vie au début.

Mais il faut bien sûr aller au-delà de cette simple évidence. Par exemple, si votre protagoniste avait tous les traits du lâche au début de l’histoire, à la fin de celle-ci, il deviendra un héros.
Il suffit de repérer la valeur qui caractérise le mieux le protagoniste au début et l’inverser à la fin. C’est ce qu’explique Robert McKee.

Voir à ce propos :

Gardez en tête que chaque conflit devra trouver sa solution. Que ce soit dans l’acte Deux pour les plus mineurs ou bien dans l’acte Trois s’il est intéressant selon l’angle de la tension ou du suspense de retarder leur résolution.

Le prochain article :
ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (26)