Le Réveil de la Sorcière Rouge (1948) de Edward Ludwig

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Adapté du roman éponyme (1946) de Garland Roark par les scénaristes Harry Brown et Kenneth Gamet. Débutants ici, Harru Brown signera ensuite "Iwo Jima" (1949) de Allan Dwan avec une nouvelle fois John Wayne avant de connaitre la consécration avec le chef d'oeuvre "Une Place au Soleil" (1951) de George Stevens tandis que Kenneth Gamet retrouvera également Wayne pour un autre film de guerre, "Les Diables de Guadalcanal" (1951) de Nicholas Ray. Le réalisateur est Edward Ludwig qui retrouve donc John "The Duke" Wayne après avoir tourné ensemble le film de guerre "Alerte aux Marines" (1944).

C'est d'ailleurs un film où Wayne retrouve bon nombre de partenaires passés ou à venir dont les actrices Gail Russell après "L'Ange et le Mauvais Garçon" (1947) de James Edward Grant et Adele Mara qu'il retrouvera sur "Iwo Jima". Wayne retrouvera également une gueule du cinéma américain remarqué dans "Les Tueurs" (1947) de Robert Siodmak, Jeff Corey, connu aussi malheureusement pour avoir été victime héroïque du Maccarthysme, reconverti plus tard en professeur de comédie particulièrement réputé et apprécié qui aura l'occasion de retrouver John Wayne dans "100 dollars pour un Shérif" (1969) de Henry Hathaway. Pour le reste du casting citons Gig Young vu en Porthos dans "Les Trois Mousquetaires" (1948) de George Sidney et futur oscarisé pour "On achève bien les Chevaux" (1969) de Sydney Pollack, ainsi que le très bon Luther Adler qu'on verra dans "Mort à l'Arrivée" (1950) de Rudolph Maté et en Hitler dans "Le Renard du Désert" (1951) de Henry Hathaway... Cette fois ni western ni film de guerre pour John Wayne mais plutôt un film d'aventure qu'on mettrait plutôt dans la catégorie de "Les Naufrageurs des Mers du Sud" (1942) de Cecil B. De Mille. Le film joue surtout sur la carte de l'exotisme et de l'aventure coloniale avec ce côté suranné qui ajoute aux charmes de l'ensemble. L'histoire se déroule entre deux mondes, la piraterie qui se modernise déjà et le colonianisme encore sous-jacent avec au milieu un aventurier pris au piège de l'amour. Le scénario est plutôt bien troussé, bien aidé par un montage qui permet de garder notre intérêt et ce, même si l'intrigue est peu légère puisque le pourquoi du comment de la "vengeance" manque un peu de puissance et de densité.

Néanmoins Edward Ludwig signe peut-être son meilleur film grâce à plusieurs séquences marquantes comme les scènes sous-marines et, surtout, une fin inattendue quand on sait que c'est John Wayne qui tient le haut de l'affiche. Par la même occasion, The Duke offre une jolie performance d'un homme brisé qui signe le début d'une période particulièrement faste pour la star - en 2 ans il sera aussi dans "Le Massacre de Fort-Apache" (1948) et "La Charge Héroïque" (1949) de John Ford, "La Rivière Rouge" (1948) de Howard Hawks. En conclusion, Edward Ludwig signe un film fort divertissant et plaisant, dépaysant et parfois étonnant, assez pour vouloir se faire une séance cinoche à l'ancienne. Pour l'anecdote, il s'agit d'un des films préférés de John Wayne en personne, à tel point quil donnera le nom de la société armatrice de la Sorcière Rouge, "Batjak", pour sa compagnie de production. Et pour finir, le réalisateur Ed Wood volera (oui oui !) la pieuvre qu'on voit dans ce film pour tourner "La Fiancée du Monstre" (1955).

Note :