Le merdier

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le merdier » de Ted Post.

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« Vous croyez pas qu’on est chez les dingues ? Par moment, j’ai le sentiment très net que nous sommes dans un asile de fous »

Sud Vietnam, 1964. Le Major Barker reçoit la mission d’occuper le village de Muc Wa, abandonné par les français quelques années plus tôt. Disposant de peu d’hommes, Barker est d’abord réticent. Il finit par prendre possession des lieux avec une troupe hétéroclite, composée de vétérans, de bleusailles et de vietnamiens peu aguerris au maniement des armes. Rien ne va se passer comme prévu.

« Je fais cette putain de guerre depuis trois ans et je ne sais toujours pas à quoi ressemble un communiste ! »

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La carrière de Ted Post fut en partie due au hasard. En effet, c’est par le biais d’un premier emploi d’ouvreur dans une salle de spectacle de New York qu’il se découvrit un intérêt pour le monde du théâtre. Se rêvant un temps acteur, il finit par privilégier la mise en scène, au théâtre d’abord puis surtout à la télévision à partir du début des années 50. Il réalisera ainsi des dizaines d’épisodes pour les séries télévisées les plus en vue du moment (« Gunsmoke », « Perry Mason », « The westerner », « Le virginien », « Rawhide », « Peyton Place », « Columbo »...). Au cinéma, il mènera une carrière moins prolifique mais résolument placée sous le signe du film d’action. On retiendra ainsi sa collaboration avec Clint Eastwood, acteur rencontré sur la série « Rawhide », dans « Pendez-les haut et court » (1968) et « Magnum Force » (1973). Son incursion dans la science-fiction avec « Le secret de la planète des singes » en 1970. Ou encore sa rencontre avec Chuck Norris dans « Le commando des tigres noirs » (1978). Cette même année 1978, il réalise également « Le merdier » d’après le roman « Incident at Muc Wa » de Daniel Ford. Il convient de ne pas confondre avec le roman « Le merdier » de Gustav Hashford qui inspira lui le « Full metal jacket » de Stanley Kubrick près de dix ans plus tard. Proposé entre autres à William Holden, Paul Newman ou encore Robert Mitchum, le rôle principal fut finalement attribué à Burt Lancaster.

« Cette guerre ? Un piège à con intégral ! »

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« Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois ». Quelques mots pour rappeler la dimension héroïque qui entoure traditionnellement le sacrifice du guerrier. Mais en la matière, la Guerre du Vietnam occupe une place particulière dans l’Histoire américaine. De par sa longueur, ses motifs discutables et surtout par la contestation qu’elle engendra au sein de la société. Surtout, elle se solda par un amer fiasco pour l’armée américaine et par un profond traumatisme pour la jeunesse. Trois ans après la fin des hostilités, Ted Post opère ainsi avec « Le merdier » une sorte de radioscopie objective de cette guerre dont il n’aura de cesse de dénoncer l’inutilité et la vacuité. En s’appuyant sur des évènements mineurs du conflit, il filme ainsi le quotidien d’un poste avancé perdu dans la jungle vietnamienne, peuplé d’une poignée de soldats américains encadrant des volontaires autochtones. On y croise ainsi un commandant vieillissant et désabusé, secondé par un capitaine arriviste rêvant de médailles et de promotions. Et puis surtout, il y a les jeunes recrues nouvellement arrivées : un idiot pas fini, un vétéran neurasthénique en bout de course ou encore un infirmier toxicomane. La fine fleur de la jeunesse américaine venue là pour s’offrir un bout d’aventures et des souvenirs à raconter. Sauf que l’heure n’est définitivement plus au panache ni aux grandes causes. Il n’y a plus de peuple à sauver de l’oppression et de l’obscurantisme. Juste un état corrompu jusqu’à la moelle qu’il faut protéger de ceux d’en face. Une guerre désormais plus idéologique que stratégique. D’ailleurs, aucun des jeunes soldats ne sait véritablement les raisons de cette guerre ni pour quoi il combat. Mais au fond tous ont en commun de surestimer la puissance américaine et de mépriser les autochtones qu’ils voient comme des primitifs. Erreur fondamentale. Mal préparés, ils finiront par aller au massacre pour une mission totalement inutile, trouvant une mort bien moins héroïque que leurs glorieux prédécesseurs. A l’image de ce jeune lieutenant atteint de turista. Ted Post signe là un film de guerre étonnement efficace et d’une belle acuité, qui ouvrira la voie dès les mois suivants à toute une série de films qui finiront de démythifier cette guerre, à l’image du formidable « Le retour » (Hal Ashby, 1978), de « Voyage au bout de l’enfer » (Cimino, 1978), de « Apocalypse now » (Coppola, 1979) ou encore « Rambo » (Kotcheff, 1983).

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Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau Master haute-définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, si le disque ne contient aucun supplément, un livret de 32 pages recelant d’anecdotes sur le film accompagne cette édition.

Edité par Rimini Editions, « Le merdier » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 24 octobre 2017.

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