Écrire un scénario : les fondamentaux (23)

Par William Potillion @scenarmag

L’arc dramatique d’un personnage consiste pour lui à évoluer au cours de son aventure. Cela fait partie du développement du personnage. Et plus vos personnages sont développés et mieux ils seront appréciés par le lecteur.

Mais une intrigue, ce n’est pas seulement une question de personnage. Il semble évident que l’intrigue dépend essentiellement de la complexité des personnages qui la peuplent mais la relation qui unit intrigue et personnages est un peu plus sophistiquée qu’il n’y paraît.
Pour comprendre la notion d’arc dramatique ou du moins pour la rendre plus facile à l’écriture, il suffit de se persuader que chaque obstacle posé sur le chemin d’un personnage est pour lui l’occasion d’apprendre de cette expérience.

Comme dans la vie réelle. Face aux expériences que nous vivons, nous n’en sortons pas toujours indemnes. Dans une fiction, face à l’adversité, le héros comprendra de plus en plus de choses.
Il découvrira des choses sur lui qu’il ignorait. Il se rendra compte qu’il est de plus en plus capable d’accomplir des choses dont il ne se doutait même pas qu’il fut un jour capable d’accomplir.

Au cours de son aventure, il apprendra quels sont les autres personnages en qui il peut avoir confiance. De manière presque instinctive, il comprendra de mieux en mieux le monde qui l’entoure. Gardez en tête que lorsqu’il se lance dans l’intrigue, c’est un monde tout nouveau qu’il pénètre. C’est un univers dont il ne connaît pas les règles. Et il lui faudra les assimiler.

Chaque obstacle est une leçon

Que l’obstacle soit surmonté ou non, il permet au héros d’éclairer progressivement les situations dans lesquelles il se trouve. En quelque sorte, il devient plus instruit sur la manière de résoudre son problème.
La vie d’un personnage de fiction est faite d’un concentré d’expériences et comme un scénario est un outil audiovisuel, la monstration de ces expériences doit être privilégiée.

Au cours de l’intrigue, tous les personnages acquièrent une connaissance. Et celle-ci est protéiforme. Ce peut être la découverte d’une indice dans un thriller qui fera avancer l’histoire parce que le héros est maintenant en possession de cette information.
Ce peut être aussi quelque chose de plus profond, de plus personnel. Le personnage découvrant sur lui-même une vérité qui était déjà là mais occultée.

Le principe est que le protagoniste (c’est généralement lui mais d’autres personnages peuvent être aussi concernés) accumule progressivement les informations qui lui permettront d’abord de résoudre les conflits immédiats qui se présentent à lui et dans une perspective plus générale, le problème que soulève le scénario.
Le scénario devient ainsi un exercice savant de distribution de l’information (de façon à la rendre pertinente à chaque moment de l’histoire).

La révélation

Après le point médian, le rythme s’accélère soudain. Les conflits ne cessent. Puis viendra le moment de la révélation. Le héros comprendra enfin la seule chose qui soit importante. Imaginons que deux amants aient été séparés. L’objectif pour le héros ou l’héroïne est soit de retrouver l’autre, soit de faire le deuil de l’autre (s’il s’est persuadé que l’autre est mort).

Je préfère le second cas de figure parce qu’il est bien plus dramatique. Donc notre protagoniste doit accepter la mort de l’être aimé. Mais lorsque cet être réapparaîtra dans la vie du personnage principal, celui-ci comprendra enfin qu’il n’avait pas eu le courage de s’engager durablement avec quelqu’un.
La vue de l’autre (ce sont des retrouvailles après maintes péripéties) lui ouvrira les yeux. Dorénavant, il a compris que sa vie n’aura de sens qu’auprès de cet être aimé qu’il avait lui-même éloigné alors qu’il s’était convaincu que l’autre l’avait abandonné.

C’est un exemple de cette révélation. La révélation est nécessaire parce qu’elle permet au protagoniste de continuer vers la résolution du scénario. Si le héros ne connaît pas cette illumination (qui est généralement d’un ordre intime), il n’a pratiquement aucune chance contre son antagoniste.
C’est comme si toutes les leçons apprises lors de son aventure débouchaient sur une sorte de sagesse. Il a un besoin. Il le comble progressivement au cours de l’intrigue et il peut enfin faire face à cette adversité qui lui bloque le chemin vers l’accomplissement de son objectif, qui n’est autre en somme que son propre accomplissement.

Comprendre l’obstacle comme une expérience

Et chaque expérience aura une conséquence. Chaque leçon apprise n’est pas gratuite. Elle se matérialise dans la suite du scénario par une conséquence ou un effet. En d’autres mots, lorsque vous posez un obstacle, vous devez avoir une intention.

Prochain article :
ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (24)