[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Jerry Maguire

[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Jerry Maguire

#37. Jerry Maguire de Cameron Crowe (1996).

" Je vais à nouveau parler de mon cousin aujourd'hui. Outre les films de David Fincher, il m'a également fait découvrir trois films... à travers les posters de sa chambre. Cela peut paraître totalement insolite, mais c'était une époque où Internet était plus que balbutiant (nous avions eu un ordinateur de salon en 2000 et on peut dire que le Solitaire marchait mieux qu'Internet), où je ne savais pas lire et où la VHS était encore omniprésente. Fan de Pamela Anderson depuis qu'il l'a vu courir au ralenti sur une plage de Malibu, mon cousin avait une affiche particulièrement grande de Barb Wire (David Hogan, 1996). Pamela Anderson y tenait un flingue à la main. Honnêtement, je pense qu'à l'heure actuelle il se souvient du film autant que moi (c'est-à-dire de pas grand chose).
Le second était l'impitoyable Mars Attacks ! (Tim Burton, 1996), dont ce poster fut mon premier contact avec son réalisateur avec la bande-annonce de L'étrange noël de Mr Jack (Henry Selick, 1994) qu'il a produit et qui était présente sur la VHS du Roi Lion (pensées pour David). Une affiche assez étrange avec cette femme à la drôle de chevelure, son martien inquisiteur et le chien à tête humaine. Cela ne m'avait pas fait peur, mais il est vrai qu'avec le recul c'était vraiment frappadingue. Je n'ai découvert le film que des années après en VHS et c'est un de mes films préférés de son réalisateur.
Ce qui nous amène au sujet même de cette chronique. Ce poster où l'on voit un certain Tom Cruise le sourire aux lèvres et tête baissée. Une affiche où l'on ne peut honnêtement pas dire de quoi parle le film. L'accroche "Adoré par tous, puis ignoré. Il revient pour gagner" laisse juste supposer que c'est un personnage qui a eu une ascension, s'est cassé la gueule et va essayer de revenir en force. Mais allez faire comprendre cela à un enfant de 2-3 ans ! Pour moi, ce n'était qu'un mec qui sourit ! Je ne savais même pas qui était Tom Cruise et je crois n'avoir fait attention à cet acteur qu'à l'époque de Vanilla Sky (2001), un autre film de Cameron Crowe que je n'ai toujours pas vu d'ailleurs (j'ai préféré voir l'original, mais cela est une autre histoire).


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Pendant longtemps je n'ai vu de Jerry Maguire que sa deuxième heure, souvent parce que je ratais le début lorsqu'il passait à la télévision les jours fériés. Une fois je me suis dit qu'il fallait le voir en entier une bonne fois pour toutes (logique vous me direz). Jerry Maguire est en apparrence un film terriblement classique. C'est le rise and fall... and rise again par excellence (d'où l'accroche) avec un héros qui se relève de ses problèmes. On peut même dire qu'il anticipe avec dix d'avance ce qui va arriver à son acteur-star après avoir sauté sur un divan. Inutile de dire également que Tom Cruise porte quasiment le film sur ses épaules.
On dit souvent que l'acteur joue un peu toujours la même chose, s'improvisant cascadeur de choc et possédant un égo spectaculaire. Pourtant il n'est jamais meilleur que quand il se donne à fond dans un rôle, y compris quand il s'agit d'un contre-emploi. Si ce n'est pas exactement le cas dans Jerry Maguire, il apparaît toutefois sous un air plus sensible, moins fort en gueule et finalement plus proche du public. Ici il n'y a pas de scènes d'action et il se prend même quelques coups de la part de Kelly Preston. Il y apparaît émouvant en homme qui n'a plus rien à perdre et voit en son dernier client l'occasion de se refaire une beauté. L'homme seul contre tous, mais pas que.
C'est là où les second-rôles excellent. Renée Zellweger trouve un de ses premiers rôles marquants en assistante, puis amoureuse dévouée à la cause de son Jules. Crowe aurait pu faire de la romance un aspect totalement guimauve, mais il réussit à en faire là aussi un aspect intime fort. A l'image de la relation qu'entretient Jerry avec celui qui deviendra son beau-fils (Jonathan Lipnicki). Cuba Gooding Jr donne lieu à une séquence de cabotinage au téléphone qui reste encore dans les mémoires. Un personnage lui aussi gangréné par un système qui ne veut pas de lui. Les outsiders face aux requins.

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Crowe s'amuse justement de l'univers carnassier qu'est celui des agents. Ce monde où si vous n'entrez pas dans le rang ou osez le critiquer, il vous cassera jusqu'à ce que vous ne puissiez plus vous relever. En soi, le réalisateur aurait pu s'attaquer à un autre milieu comme les studios hollywoodiens et plus généralement le monde de l'entreprise, tant les conditions sont identiques et tout aussi fracassantes. A cela se rajoute le cadre de la NFL où les joueurs doivent se faire remarquer pour attirer les sponsors, y compris pour des publicités foireuses avec des chameaux ! D'autant plus pour ceux qui ne sortent pas de l'université.
Enfin, si je dois garder une scène de Jerry Maguire, ce ne serait pas celle du mythique "show me the money". Ce serait celle dans la voiture. Ce moment de décompression où Jerry commence à entrevoir la lumière au bout du tunnel (cela tombe bien, il fait soleil). Jerry navigue entre les différentes radios et essaye de trouver LA chanson pour savourer ce moment. Cette chanson c'est Free Fallin de Tom Petty (1989).
Cette chanson résonne d'autant plus en moi depuis que le chanteur nous a quitté le mois dernier et c'est probablement ma préférée de cet artiste. Ce choix musical tonitruant (Bruce Springsteen lui a offert une autre superbe chanson pour ce film avec Secret garden) n'a rien d'étonnant. Cameron Crowe a toujours su utiliser des chansons pertinentes au bon moment. De la même manière, il m'avait fait adorer Led Zeppelin en utilisant Tangerine (1970) dans Presque célèbre (2000) que le patron a évoqué récemment. "

Borat8
Blogueur depuis juin 2008 ayant promené sa frimousse d'Allociné à Canalblog (bientôt huit ans !). Cinéphile carnivore accumulant les visionnages à droite et à gauche, au point de ne parfois plus où donner de la tête. Mon quinté de films de chevet est Across the universe (Julie Taymor, 2007), Fight club (David Fincher, 1999), Ace Ventura (Tom Shadyac, 1994), Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010) et The land before time (Don Bluth, 1988). Mes réalisateurs préférés sont Steven Spielberg, Hayao Miyazaki, David Fincher, James Cameron, Guillermo del Toro et Clint Eastwood.
Blog : Ciné Borat
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