A Beautiful Day (2017) d e Lynne Ramsay

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après son chef d'oeuvre "We Need To Talk About Kevin" (2011) la réalisatrice Lynne Ramsay change de registre avec un film plus musclé et plus viril en adaptant le roman "You Were Never Really Here" (2013) de Jonathan Ames. Si la cinéaste a gardé le titre pour sa Version Originale on peut encore se demander de la pertinence du titre en VF modifié pour rester en anglais avec "A Beautiful Day" (!?)... Le film a été particulièrement bien reçu, notamment au Festival de Cannes où la réalisatrice-scénariste a remporté le Prix du Scénario et, surtout, où Joaquin Phoenix a gagné le Prix d'Interprétation. Un accueil majoritairement dithyrambique dont la production s'est magnifiquement emparé en placardant sur l'affiche un peu subtil "Le Taxi Driver du 21ème siècle" (The Times), rien de moins !...

Il est évident que le rapprochement entre les deux films se fassent, "Taxi Driver" (1976) de Martin Scorcese raconte le sauvetage d'une jeune prostituée par un vétéran du Viêtnam, tandis qu'ici un suit un vétéran brisé qui se fait tueur à gage et se retrouve à sauver une ado d'un réseau pédophile... Tant qu'on y est on pense aussi à (2008) de Pierre Morel, quand papa agant de la CIA part sauver sa fille d'un réseau de prostitution. Soyons sérieux, la thématique est similaire mais ça s'arrête là. Ici, le vétéran est incarné par Joaquin Phoenix, un homme particulièrement torturé, et si on apprend qu'il est vétéran on apprend aussi un autre traumatisme pour bien insister sur le fait que cet homme est brisé, psychologiquement plus fragile que pourrait le laisser supposer un physique bestial. Son passé nous est plus ou moins suggéré par des flash-backs, pas si judicieux que ça par ailleurs (utiles ?!) mais on reste perplexe à partir du moment où ils disparaissent, à priori une dent douloureuse serait un déclic (?!)...

Il reste un homme à la fois fragile, brutal et borderline mais dans le même temps il est parfois un peu facile d'appuyer sur un passé terrible comme pour excuser les faits de cet homme. A la manière d'un drame trop larmoyant en usant de facilités, ici Ramsay appuie un peu trop via ses flash-backs. Ca reste le point le plus discutable car pour le reste Lynne Ramsay signe un thriller sombre et violent où un homme qui l'est tout autant se perd dans une quête de rédemption qu'il ne voit même pas venir. D'ailleurs la scène où il entre dans l'ultime chambre pour sauver la gamine est particulièrement touchante. On notera que la fin est un peu décevante, on aurait aimé qu'elle finisse 2mn plus tôt sur une séquence plus en adéquation avec la détresse du tueur à gage. La fin choisie ouvre la boite de Pandore d'un épilogue invraisemblable. Néanmoins le film est puissant et efficace, avec un Joaquin Phoenix dément en tueur au marteau qui ne peut que renvoyer à un autre chef d'oeuvre, "Old Boy" (2005) de Park Chan-Wook. Pas à la hauteur du potentiel ni de "Taxi Driver" donc mais un excellent thriller tout de même, ne gâchons pas notre plaisir.

Note :