Carbone (2017) de Olivier Marchal

Par Seleniecinema @SelenieCinema

5ème long métrage pour l'ex-flic Olivier Marchal avec un 5ème polar qui, cette fois, sort un peu de sa zone de confort. Alors que ses films précédents oscillaient entre expériences passées et faits divers dans les bas-fonds parisiens cette fois Marchal s'intéresse d'abord à une affaire qui a fait scandale dans les hautes sphères, à savoir l' arnaque à la TVA Carbone en 2008-2009 (tout savoir ICI !)... Si il est annoncé que le film s'inspire de faits réels c'est d'abord une inspiration lointaine que Marchal transpose dans une arnaque plus proche du milieu mafieux de la rue plutôt que celle de cols blancs. On reste donc dans le polar où comment un directeur qui doit déposer le bilan de sa société trouve le moyen d'arnaquer l'état en détournant la taxe Carbone à son profit. Mais c'était sans compter ses associés et un ca¨d auquel il a emprunter la mise de fond.

Le directeur est interprété par Benoit Magimel (qui retrouve Marchal après avoir joués ensemble dans "Truands" en 2007 de Pierre Schoendoerffer) qui retrouve un rôle qu'il connait bien, celui d'un cadre ou patron qui se retrouve hors la loi comme dans "Sans Laisser de Traces" (2010) de Grégoire Vigneron, "L'Avocat" (2011) de Cédric Anger. Sa maitresse est jouée par Laura Smet (qui après quelques temps sans news va bientôt revenir avec sa mère Nathalie Baye dans "Les Gardiennes" de Xavier Beauvois), sa ami et associé est joué par Mickael Youn (seulement son seconds film "sérieux" après "Héros" en 2007 de Bruno Merle), son beau-père par un Gérard Depardieu qui retrouve Marchal après le succès de "36 Quai des Orfèvres" (2004), le caïd est joué par Moussa Maaskri (5 ème film ensemble dont 2 sous la direction de Marchal), une amie associée jouée par la chanteuse Dani et on notera un ami et associé joué par Gringe, inconnu mais chanteur rappeur à succès ayant joué son propre rôle dans "Comment c'est loin" (2015) de Orelsan et Christophe Offenstein...

Olivier Marchal avoue avoir pris comme référence l'excellent film "A Most Violent Year" (2014) de J.C. Chandor dont il dit : "Un pur chef d'oeuvre dont nous avons humblement voulu tenter de nous approcher"... Heureusement qu'il dit "humblement" tant Marchal signe un film à des années-lumières de son film référence ! Marchal dresse des personnages qu'on a déjà vu dans ses films précédents, stéréotypés et/ou éculés ils sont plutôt inintéressants. Le scénario est du même acabit, un simple patron de PME qui n'hésite pas une seconde à franchir la ligne jaune et même à traiter avec des mafieux. Outre l'intrigue principale Marchal s'attarde sur des séquences superflues (la guerre des femmes), et tombe une nouvelle fois dans ses écueils du polar très très noir très très sombre, autant dans la forme que dans le fond, un style Marchal qui cache surtout l'absence totale d'innovation ou de créativité. Mais pour une fois il signe une mise en scène moins tape à l'oeil, offre une histoire moins flics-voyous même si l'arnaque est ici résumé à 3-4 pieds nickelés (ça dépensent, ça flambent... etc...) comparés aux cols blancs originels. La toute fin laisse perplexe, et reste un peu bâclée car peu cohérente avec le passif. Mais si Marchal tente autre chose ça reste très timide voir du trompe-l'oeil. Niveau divertissement policier ça reste honnête mais sans plus, il manque notamment un minimum d'empathie pour les personnages, mais pas un ne sort vraiment du lot. Note obtenue de justesse.