Écrire un scénario : les fondamentaux (3)

Un scénario, ce sont essentiellement trois concepts qu’il faut comprendre : le suspense, le drame et le conflit.

Petit rappel sur nos deux opus précédents :

  1. ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (1)
  2. ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (2)
Le suspense

Le suspense n’est pas lié à un genre spécifique tel que le thriller. Il signifie bien plus que cela. Une des principales tâches du scénariste est de parvenir à ce que son lecteur ne cesse de se demander ce qui va bien pouvoir se passer ensuite.

Eh bien, le suspense, c’est exactement cela.
L’ironie dramatique est un bon outil pour créer du suspense. Par exemple :

scénarioLes convives ignorent qu’une bombe est placée sous leur table. Mais le lecteur le sait, tout comme nous en observant cette image. Une information donnée au lecteur mais ignorée des personnages est une ironie dramatique et cela crée du suspense.
Différentes formules sont possibles : le personnage principal est au fait d’une information que le lecteur et les autres personnages ne savent pas constitue aussi une ironie. Et là aussi, nous avons du suspense.

Du suspense, en fait, nous le pratiquons au quotidien. Lorsqu’on rencontre l’une de ses connaissances, on ne commence pas par lui dire : J’ai fait ceci aujourd’hui.
Non, nous sommes plus dialectique que cela : Devine ce qui m’est arrivé aujourd’hui ?
Cette simple invite à en savoir plus est du suspense. Parce que la curiosité de votre interlocuteur sera interpellée et il voudra en savoir plus.

Même si le lecteur est quelque peu perdu dans la complexité du scénario, s’il ne comprend plus trop ce qui se passe, il devrait néanmoins vouloir en savoir davantage. En fait, en interrogeant la curiosité de votre lecteur, vous l’intéressez à votre histoire. Vous la lui rendez passionnante, en quelque sorte (et ce quel que soit le genre).
Et lorsque vous écrivez une scène, assurez-vous que vous ne pouvez pas mieux préparer le suspense. Relisez-là, réécrivez-là en ayant en tête ce concept de suspense. Même un personnage qui s’épanche et pour lequel vous prenez le risque de le lancer dans un monologue plus long que le bienséant usage voudrait, considérez le lecteur comme votre interlocuteur et tentez d’accrocher et de retenir son attention. Son esprit est prompte à s’égarer.

Drame et Conflit

Il faut étendre le terme de drame bien au-delà de la tragédie qu’il inspire naturellement. Le drame est l’application du suspense. On qualifie une œuvre de dramatique parce que l’on raconte une histoire.
Et raconter une histoire, c’est vouloir aller jusqu’à son dénouement. Mais si vous n’avez plus personne pour l’entendre parce que votre lecteur s’est ennuyé, c’est certainement parce que ce que vous racontez n’est pas suffisamment dramatique.

Comment peut-on définir ce que c’est qu’un drame ?
C’est l’histoire de quelqu’un qui veut absolument quelque chose et qui a des difficultés à l’obtenir. Ces difficultés sont des obstacles, des épreuves, des tests de sa détermination à vouloir cette chose.
La nature de ces difficultés peut être un personnage ou quelque chose de plus abstrait comme une entité (vous pourriez avoir envie de parler de l’aveuglement de la justice, par exemple).

Le drame est dans la logique même de votre histoire. Vous partez d’une situation initiale (qui semble être un équilibre). Puis un événement déclencheur (de l’intrigue) vient perturber cet apparent équilibre. Puis une série d’événements va venir améliorer ou dégrader la situation des personnages de votre histoire jusqu’à aboutir à une situation finale qui met en place un nouvel équilibre (généralement plus conforme à la vérité de votre personnage principal).

Concrètement, comment peut-on illustrer le drame ?
Par exemple, votre personnage sort de chez lui. Il ouvre la porte et se retrouve dans la rue. Il ne s’est rien passé. Le drame n’est pas dans la scène.
Maintenant, votre personnage doit sortir de chez lui parce qu’il a un rendez-vous urgent. Il s’apprête à ouvrir la porte mais de l’autre côté de celle-ci, il y a une menace, un danger qui le force à une alternative.
Où il décide d’affronter cette menace ou bien il décide de la contourner et cherche un autre moyen de sortir de chez lui. Cette fois, vous faites une scène dramatique.

Et le conflit ?

Le conflit, c’est ce qui fait le drame. C’est l’essence du drame. Vous voulez obtenir quelque chose (par exemple vous recherchez vos clefs de voiture) et vous ne les trouvez pas. C’est un conflit.

Le conflit, c’est tout ce qui va constituer une sorte d’obstacle dans l’obtention de ce que veut le personnage. Le héros souhaite inviter cette jeune fille à diner. Mais celle-ci est en panne de voiture. Le héros ne peut obtenir ce qu’il veut.

Gardez en mémoire dans votre écriture que cette triade :

  1. Suspense
  2. Drame
  3. Conflit

est toujours prioritaire sur les dialogues ou les descriptions.

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ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (4)

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