Bien écrire son climax

Par William Potillion @scenarmag

Le climax est le début du dénouement. La progression de l’histoire a mené logiquement à ce moment crucial pour le protagoniste. Tout au long de l’intrigue, vous avez préparé votre lecteur à cet événement. Il s’y attend et le climax est là pour répondre à ses expectations.

Voyons ce que requiert le climax pour être efficace.
En importance tant dans la portée de ses conséquences et dans l’action, toutes les scènes antérieures ont conduit à ce moment. Il vaut mieux éviter de frustrer le lecteur en écrémant cet événement.

Le genre règle le climax

S’il s’agit d’une comédie romantique, la romance sera consommée ou bien consumée. S’il s’agit d’une aventure, ce sera le moment de l’ultime bataille (la plus terrible, la plus passionnante).

Si votre scénario s’oriente vers la tragédie, le climax représentera alors une perte qui ruinera la vie de votre héros.
Un climax, c’est une action que le protagoniste doit prendre. Il a retardé le plus possible ce moment. Maintenant, il est temps qu’il fasse face à ses responsabilités. Il ne peut plus les fuir.
Le climax est l’ultime décision.

Et lorsqu’on mentionne une prise de décision, cela signifie aussi qu’il y a un dilemme à résoudre. L’arc dramatique d’un personnage, c’est-à-dire son évolution intellectuelle ou spirituelle, a forcément une raison. Son aventure lui a permis d’acquérir une habileté à faire les choses. Il est maintenant dépositaire d’une nouvelle connaissance.

Tout ceci doit lui servir au moment du climax. Cela lui servira à valider ce nouveau savoir. Mais il n’abordera pas cette ultime confrontation comme si c’était gagné d’avance. Le personnage doit douter. Il doit choisir entre deux actions.
Et c’est par cette connaissance nouvellement acquise qu’il décidera quoi faire.

Le lecteur ne peut savoir si le personnage est suffisamment fort pour résoudre son problème. Il ne peut réussir par un geste heureux de la providence. Dans ce cas, c’est la frustration assurée.
Il faut démontrer au lecteur que les choses arrivent par le personnage.

Une crise majeure

Un terrible moment de désespérance doit étreindre le protagoniste avant le climax. Ce n’est cependant pas ce désespoir profond qui justifie le climax. Classiquement, le personnage va se ressourcer. Il trouvera en lui des raisons de se relever. Il n’abandonnera pas. Une sorte d’espoir naîtra des ténèbres.

Le héros se lancera dans le climax dans un état d’anxieuse incertitude. En fait, il ne peut pas descendre plus bas. Généralement, quelque chose s’est produit qui l’a convaincu de relever la tête. Il affrontera son ennemi si ce n’est revigoré du moins, déterminé.
Et si c’est un échec que l’auteur a prévu pour son héros, alors il amènera celui-ci dans le climax plein d’un espoir bien erroné.

Par ailleurs, résoudre le problème du héros dans le climax n’implique pas qu’il ait atteint son objectif. De plus, échouer sur l’objectif peut être le moyen de résoudre le problème. Scarlett O’Hara  échoue à trouver l’amour romantique dont elle rêvait. Cette incapacité cependant met fin à un mariage impossible et lui permet peut-être de trouver un mode de vie plus conforme à sa véritable nature.
De même Luke Skywalker ne parvient pas à vaincre Darth Vader avant l’épisode VI : Le Retour du Jedi. Mais il résout néanmoins les problèmes des deux opus précédents.

Un double combat

Le climax est souvent cité comme l’ultime combat entre le protagoniste et l’antagoniste. C’est une lutte externe. Il faut comprendre aussi que l’antagoniste n’est pas resté indifférent tout au long de l’intrigue. Tout comme le héros de l’histoire, il a appris des choses sur lui-même ce qui l’a rendu encore plus fort.
Lorsqu’il se présente face au héros lors du climax, le méchant de l’histoire n’est en tous points affaiblis. Bien au contraire.

L’antagoniste est là pour triompher. Tout comme le protagoniste, d’ailleurs. La seule véritable différence entre eux deux est que le héros ne considère pas le combat comme une victoire acquise.
Contrairement au méchant et c’est peut-être ce qui cause la perte de ce dernier.
Il faut donc retenir dans l’élaboration du climax que le protagoniste et l’antagoniste sont probablement pour la première fois depuis le début de l’histoire de forces égales.

Le héros cependant livre un autre combat. C’est une lutte interne. Depuis le début de l’histoire, il y a quelque chose dans sa personnalité qui barre le personnage d’un éventuel succès. Il lui faut donc surmonter cette faiblesse majeure qui le caractérise ou bien s’en servir comme un avantage (cela dépend de l’histoire).
Généralement, surmonter cette faille dans sa personnalité est le motif de son arc dramatique.