Rancho Bravo

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Rancho Bravo » de Andrew V. McLaglen.

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« On ne peut pas attraper un taureau sans cornes ! »

Suite au décès de son mari, Martha Price accompagnée se rend aux Etats-Unis afin de vendre aux enchères son taureau de race Hereford. Ce mastodonte est repéré assez rapidement par Alex Bowen, un riche écossais qui l’achète au prix fort. Pour transporter cette vache britannique vers son nouveau propriétaire, Martha engage Sam Burnett, un cow-boy très peu distingué. Voulant faire la route avec son taureau, la jeune veuve l'accompagne à travers le désert texan. Un long chemin qui s'annonce plein de péripéties, de rencontres et surtout d'aventures à travers l'Ouest Américain.

« Vous matez peut-être les taureaux mais vous ne me materez pas moi ! »

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Fils du célèbre comédien Victor McLaglen, qui fut durant les années 30 et 40 un prestigieux second rôle habitué des films de John Ford (il est notamment l’adversaire de John Wayne dans « L’homme tranquille ») et d’Henry Hathaway, Andrew V. McLaglen grandit dans l’ombre des plateaux de cinéma depuis son plus jeune âge. A l’évidence, il était prédestiné à une carrière au sein des studios Hollywoodiens. Dès la fin des années 40 il apprend ainsi le métier à bon école, en devenant l’assistant de grands réalisateurs comme Budd Boetticher, John Ford et surtout William Wellman. Par la suite, il gagnera ses galons à la télévision en réalisant quelques épisodes des séries « Perry Mason » et « Rawhide » avant de signer ses propres films pour le cinéma. A contre-courant des réalisateurs de sa génération qui n’auront de cesse de démythifier le western, Andrew V. McLaglen sera l’un des derniers chantres du classicisme hollywoodien à l’ancienne. D’abord centrée sur le western - dans lesquels il fait tourner les amis de son père à savoir John Wayne et sa bande (« Le grand McLintock », « Chisum », « Bandolero ! », « Les géants de l’ouest », « Les cordes de la potence ») - sa carrière s’orientera davantage vers les films de guerre à la fin des 70’s où il signera quelques succès comme « Les oies sauvages » ou « Le commando de sa majesté ». Tourné en 1966, « Rancho Bravo » n’est que le cinquième long-métrage de sa longue filmographie.

« Cette femme a mis la main sur ma maison. Tout sent la lessive et le savon »

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Alors que ces précédents westerns s’intéressaient à la notion de couple (« Le grand McLintock ») et à celle de la famille (« Les prairies de l’honneur »), McLaglen s’intéresse avec « Rancho Bravo » à la question du bétail. Ou plus exactement à la tentative d’introduction d’une race bovine britannique en territoire américain, à l’initiative de deux anglaises fraichement débarquées sur le continent. Un sujet improbable et a priori absolument pas cinématographique pour un sou. Mais le réalisateur se sert de se postulat pour aborder des thématiques plus vastes, et notamment la question du choc des cultures, avec d’une part les deux anglaises et leur taureau, incarnations de l’élégance et de la tradition séculaire de l’ancien monde, et de l’autre les cow-boys frustres et rustres, symboles d’un nouveau monde encore en devenir. Les seconds ne donnant pas cher de la survie des premiers. Cela servira de point de départ à une aventure à travers l’ouest jusqu’aux plaines du Texas où le taureau doit servir de reproducteur. En chemin, le film alterne les humeurs et les ambiances, passant de la légèreté extrême (l’ouverture du film avec ses bagarres et ces hommes d’affaires qui espèrent acheter les faveurs de l’héroïne en même temps que son taureau) à la comédie (le taureau qui obéit dès lors que l’on siffle le « God save the Queen ») puis à la gravité totale (le combat à mort entre le héros et le personnage de desperado interprété par Jack Elam), sans jamais véritablement trouver sa juste tonalité. A l’image du personnage de Bowen, éleveur fantasque et bourru qui se lance dans un improbable numéro de séduction quasi hors-sujet. Un humour décalé qui ne saurait masquer la note de mélancolie qui traverse le film de part en part. Il en résulte une fable sur l’adaptation - cette faculté qui permet de faire face aux imprévus et à les surmonter - assez bancale et inégale, qui se laisse néanmoins regarder sans déplaisir. Il faut dire que le chouette casting réunit pour l’occasion est des plus séduisants, avec en tête d’affiche le formidable James Stewart, bien entouré par une pléiade de seconds rôles aux accents très fordiens (Maureen O’Hara, Harry Carey Jr., Ben Johnson) et d’habitués des westerns (Brian Keith, Jack Elam). Étonnant plus que convaincant.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master haute-définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Deux anglaises au Far-West », présentation du film par Mathieu Macheret, critique cinéma pour Le Monde (24 min.).

Edité par ESC Editions, « Rancho Bravo » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 29 août 2017.

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