Histoire : les 10 premières minutes

Par William Potillion @scenarmag

Les 10 premières pages du scénario détermine ce que le lecteur s’attend à lire ou à voir dans la suite de l’histoire. Ces dix premières pages donnent aussi une idée du comment l’histoire va se dérouler.
Quelles sont les choses qui devraient apparaître au cours de ces 10 premières minutes ?

  • Le personnage principal doit être introduit. S’il existe un prologue (une séquence d’ouverture), il n’en fait pas partie. Mais, dès la première scène ou séquence (donc après une éventuelle séquence d’ouverture), il doit absolument se manifester à ce moment-là.
  • Le lecteur devrait être introduit à la vie ordinaire du héros. On va à sa rencontre à travers son quotidien. Ce monde ordinaire est important parce que c’est précisément ce qui sera ébranlé dans l’histoire. Le personnage principal n’aspire qu’à retrouver l’équilibre (ou l’apparent confort de sa vie d’antan). C’est ce qu’il fera (la plupart du temps) mais il ne reviendra pas indemne de son aventure.
    Celle-ci va profondément le changer.
  • Les 10 premières pages de l’acte Un doivent aussi suggérer un conflit à venir. Le principe est que le héros de l’histoire n’est pas aussi heureux qu’il le paraît dans sa vie. On devine que le quotidien du héros doit changer.
    Cette transformation ne se fera pas sans heurts.
    A propos de conflits, il existe au moins quatre grands types de débats que l’on rencontre dans les histoires :
Un personnage contre un autre personnage.

C’est généralement un antagonisme quelconque (incarné) qui vient s’opposer au plan du héros. Il ne veut pas que le protagoniste réussisse son objectif. Et il n’agit pas par pure méchanceté. C’est seulement qu’il a un point de vue différent de celui du protagoniste.

Et comme il jette des obstacles sur le chemin du héros (en somme, qu’il le soumet à des épreuves comme pour tester sa détermination à obtenir ce qu’il veut), le héros doit donc tenter de surmonter les difficultés.

L’homme contre la nature

L’homme agit sur son environnement. Il le transforme, le défriche pour s’y adapter. Il est supposé que ses productions vont à l’encontre de forces de la nature. Pour réussir son objectif, il doit donc vaincre ces dernières.
La nature se manifeste soit par ses éléments naturels comme un tremblement de terre par exemple ou une tempête, soit être incarnée par un animal.

Dans cette lutte entre l’homme et la nature, il arrive souvent que le prix à payer pour avoir réussi son objectif fait que l’homme est vaincu.

L’homme contre la société

La société est souvent une entité comme une justice aveugle. Et cette entité est souvent représentée par un personnage (l’antagoniste).
Comme le héros s’élève contre la communauté, cela signifie qu’il porte un regard différent sur quelque chose qui est généralement admis. Il se met en porte-à-faux vis-à-vis d’un préjugé par exemple.

Comme son point de vue diverge de la tradition ou des règles de sa communauté, celle-ci réagit en le frappant d’ostracisme ou en le menaçant plus ou moins directement.
Le héros n’a pas d’autre choix que d’agir. Il doit convaincre les autres du bien-fondé de ses raisons.

Le personnage contre lui-même

Un protagoniste a deux nécessités dans une fiction. D’abord, il doit réussir son objectif car il a un désir dans l’histoire et il veut absolument accomplir cette ambition.
Et il possède aussi un véritable besoin. Quelque chose en lui doit changer. D’ailleurs, s’il ne prend pas conscience qu’il doit corriger en lui un défaut qui le mine de l’intérieur, il ne pourra jamais réaliser son souhait.

La véritable lutte du héros se passe dans son esprit. C’est lui-même qu’il doit combattre. L’accent est davantage mis sur cette lutte bien que ce type de combat intime se retrouve dans toutes les fictions et dans tous les types de conflit.

  • Une fiction a souvent besoin d’intrigues secondaires qui viennent seconder l’intrigue principale. Afin de préparer le lecteur à ces intrigues mineures (afin qu’elles excitent sa curiosité), il est bon de les amorcer dès ces 10 premières pages.
    Si elles parviennent trop tard dans l’histoire, elles rendront confus le lecteur qui ne comprendra pas vraiment ce qu’elles font là.
  • L’histoire, les personnages, le thème sont à même de retenir l’attention d’un lecteur. Il est pourtant vital de se souvenir que ce qui nous attire et nous retient dans une histoire est souvent le monde décrit et l’atmosphère qui s’en dégage. C’est ce que l’on nomme le ton de l’histoire.
  • Si elle n’est pas déjà mentionnée dans la séquence d’ouverture (s’il y en a une), la force antagoniste devrait être suggérée au cours de ces 10 premières minutes. Il est bon de donner quelques indices sur l’opposition que va rencontrer le héros.
  • Et dans le même mouvement, pointer sur les enjeux. Le héros doit risquer quelque chose d’important. Ce ne peut être quelque chose de mineure parce que cela ne serait pas crédible. Cela n’a pas non plus à être nécessairement une question de vie ou de mort.
    Il faut seulement que cela soit important pour le personnage. Comme quelque chose qu’il risque de perdre et qui ruinerait sa vie.
  • Et bien sûr, ces dix premières pages du scénario doivent soulever une question dramatique. En d’autres mots, elles doivent donner un indice sur ce que sera l’objectif du héros car la question dramatique la plus évidente est : Est-ce que le héros réussira ?