On l'appelle Jeeg Robot

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à AB Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « On l’appelle Jeeg Robot » de Gabriele Mainetti.

« Tu en as vraiment rien à foutre de rien ? »

Poursuivi par la police dans les rues de Rome, Enzo plonge dans les eaux du Tibre et entre en contact avec une substance radioactive qui le contamine. Il réalise bientôt qu'il possède des pouvoirs surnaturels : une force et une capacité de régénération surhumaines qu'il décide de mettre au service de ses activités criminelles.  Du moins jusqu’à ce qu'il rencontre Alessia, une jeune fille fragile et perturbée qu’il sauve des griffes de Fabio, dit "Le Gitan", un mafieux déjanté qui a soif de puissance. Témoin des pouvoirs d’Enzo, Alessia est persuadée qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, héros de manga japonais, présent sur Terre pour sauver le monde...

« Toi t’es un super-héros. T’es pas un vulgaire voleur ! Ton destin c’est de sauver l’humanité ! »

Après des études en Histoire du cinéma puis une formation plus technique aux métiers du cinéma, Gabriele Mainetti entame une première carrière d’acteur à la fin des années 90. Il apparait au cinéma (on l’aperçoit notamment chez Noémie Lvovsky dans « La vie ne me fait pas peur »), même si l’essentiel de sa carrière se fait sur les planches et dans des séries télévisées italiennes. En parallèle, le jeune homme a une forte appétence pour la réalisation. Il réalise ainsi plusieurs courts-métrages au cours des années 2000, notamment les très remarqués et multi-primés « Tiger boy » et « Basette », dans lequel il exprime déjà son amour pour la culture manga et la japanime. Une inclinaison que l’on retrouve - en partie du moins - dans son premier long-métrage, « On l’appelle Jeeg Robot », dont le titre renvoie à un célèbre manga signé du japonais Go Nagai, à qui l’on doit également les aventures de « Goldorak ». Succès surprise au box-office italien, le film a été récompensé de sept David di Donatello (l’équivalent italien de nos Césars) ainsi que du Prix du jury au Festival de Gérardmer.

« Les gens c’est pour eux que tu as des superpouvoirs ! »

Qu'il tire sa force d'une piqure d'araignée ou de manipulations génétiques, le super-héros répond toujours a un même schéma moral : défendre la veuve, l'orphelin et rétablir la justice là où celle-ci est en péril. Une sorte de vengeur de l'ombre, incorruptible, qui veille sans ménagement sur la cité. Américain par excellence, le genre n'avait pas jusqu'ici suscité l'intérêt des réalisateurs européens. La démarche de l'italien Gabriele Mainetti est ainsi quasi expérimentale dans son genre. Fan de cette contre culture pop, le cinéaste tente donc de s'en approprier les codes tout en les transposant dans l'Italie actuelle. Ou plus exactement dans une banlieue défavorisée et un brin sordide en marge de Rome où la justice sociale n'existe plus, la misère laissant place a ses corolaires que sont la délinquance et la mafia. Et c'est parce qu'il tentait d'échapper à des policiers qu'Enzo, un petit délinquant sans envergure et légèrement asocial, passionné de yaourts a la vanille et de films porno, se retrouve a prendre un bain prolongé dans une décharge de déchets toxiques qui lui conféreront contre tout attente une force herculéenne. Sauf que pour lui la notion d'altruisme n’ira pas de soi et il faudra attendre qu'il s'éprenne d'une jeune femme un peu dérangée pour qu’il prenne conscience des autres et se décide à se mettre à leur service. Loin des blockbusters hollywoodiens, « On l’appelle Jeeg Robot » est au final un film étrange et hybride, tiraillé entre ses influences américaines (film de super-héros et d’action) et italiennes (drame social réaliste). Mais à la différence de ses modèles américains, le film de Mainetti possède un supplément d’âme, une dimension rédemptrice avec cette idée que n’importe qui peut devenir un héros s’il le décide et même s’il vient de la fange, qui nous touche sincèrement. Une très belle (et inattendue) surprise, portée par un formidable Claudio Santamaria.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale italienne (2.0 et 5.1) ainsi qu’en version française (2.0 et 5.1). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, cette très riche et très belle édition un module consacré au Tournage du film (61 min.), aux Répétitions (19 min.), des Scènes coupées (9 min.) et un Bêtisier (6 min.). Un DVD bonus propose pour sa part le court-métrage « Tiger Boy » (19 min.), un Clip musical (4 min.) et un Storyboard (8 min.).

Edité par AB Vidéo, « On l’appelle Jeeg Robot » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 6 septembre 2017.

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